- MLS
- 34e journée
- Impact Montreal/New England (0-1)
On était au stade Saputo pour Impact de Montreal-New England
Pour le dernier match de la saison en MLS, on est venus voir ce que donnait l'Impact de Montreal, maintenant qu'y évoluent des joueurs du calibre de Nesta, Di Vaio ou Ferrari. Retour sur un match « frustrant » pour les supporters locaux.
Loterie québécoise. Jeudi, un tout petit 10°C. Vendredi, un bon 22°C. Du coup, pour le match du samedi, c’est un peu l’interrogation. Ce sera l’intermédiaire, un honnête 14-15. Il est midi, au stade Saputo de Montréal. Les premiers supporters sont déjà postés dans le virage, en train d’installer une grande banderole. « Les ultras, ce sont des ultras organisés à l’européenne, d’ailleurs, tu vas voir, ils chantent pendant 90 minutes » assure l’un des membres du staff de l’Impact. « Lui, le mec avec les cheveux longs, c’est le leader, c’est un ancien du Standard de Liège » . Le décor est planté. Le stade, lui, se remplit peu à peu. Dans sa conception, le Saputo a quelque chose d’assez spécial. Les trois-quarts des tribunes sont fermés, mais pas la dernière, afin de laisser libre la perspective du stade Olympique, situé juste à côté. Logique québécoise. En tout cas, perspective ou non, ça sent bon le pain chaud à l’intérieur du stade. « C’est normal, il y a une usine de pain juste à côté. » Bah ouais, normal. Avant le début du match, c’est clairement une ambiance « à l’américaine » dans le stade. Un écran géant diffuse des clips des joueurs sur fond de musique de Pirates des Caraïbes, et le speaker, grand seigneur, annonce même le nom des quatre arbitres. Enfin, des quatre « referees ». L’un des quatre s’appelle d’ailleurs Steven Taylor. Pourquoi pas John O’Shea tant qu’on y est ? Après un petit Highway to Hell repris gaiement par le public, les joueurs entrent sur la pelouse.
Tifo, élégance et « Aux Armes »
Instants patriotiques. D’abord, chaque joueur reçoit une ovation du public lorsque son nom est scandé. Ensuite, le milieu de terrain Patrice Bernier reçoit le prix de « joueur le plus utile de la saison à l’Impact » . En vf, meilleur joueur. Enfin, une jeune fille vient interpréter a cappella l’hymne américain, puis l’hymne canadien. Tout cela pendant que le virage des supporters déploie sa grande banderole et lance un magnifique tifo bleu et blanc. OK, les mecs font ça bien, rien à redire. Dès le coup d’envoi, l’Impact de Montréal essaie d’emballer la rencontre. Di Vaio a bien une première occasion, mais rien de bien frémissant. Ce qui fait plutôt vibrer les spectateurs, au nombre de 19 988 (très précisément), c’est la première intervention tout en classe de Nesta. L’élégance n’a pas d’âge, bordel. Comme le match tarde à devenir palpitant, les ultras montréalais tentent de lancer un « Aux Armes » que le Vélodrome aurait apprécié. Dommage, personne ne répond dans le virage opposé. Pas grave, les mecs vont jusqu’au bout, sans se démonter. Sur la pelouse, en revanche, c’est l’ennui. Les seuls frissons arrivent des quelques débordements de Brovsky sur l’aile gauche, clairement le joueur le plus remuant de cette première période. 0-0 à la pause, cela sent le match de fin de saison, où les deux équipes n’ont plus rien à gagner. Enfin, pas tout à fait. En s’imposant, Montréal serait assuré d’être la meilleure équipe canadienne de MLS, en termes de points, coiffant au poteau Vancouver.
Mais pour s’imposer, il faut marquer. Et c’est là que cela devient compliqué. Si les potes du Français Hassoun Camara ne se sont procurés quasiment aucune occasion en première mi-temps, en seconde, c’est une autre affaire. Poussée par le public, qui aimerait bien voir un but pour la dernière de l’année, la formation de Jesse Marsch passe la seconde. Di Vaio croque la feuille – même s’il est acclamé à chaque fois qu’il va tirer un corner – et, parfois, le ballon est capricieux, dansant à deux reprises avec la ligne de but sans vouloir entrer. Tiens, à l’heure de jeu, les ultras arrivent enfin à trouver du répondant sur l’un de leurs chants. La tribune latérale répond. Soulagement. Quelques minutes plus tard, c’est carrément tout le stade qui s’embrase pour l’entrée en jeu d’Eduardo Sebrango, 39 ans, et qui disputait très vraisemblablement là le dernier match de sa carrière. La fête aurait pu se terminer ainsi, mais à deux minutes du terme, c’est New England, qui n’avait rien foutu pendant toute la rencontre, qui marque sur coup de pied arrêté. Les 40 supporters du club de Boston, qui font beaucoup de bruit avec leurs tambourins, sont aux anges. Une dernière occasion incroyable pour Di Vaio (à Bologne, il l’aurait mise au fond, le bougre) et le match s’achève, en même temps que la saison.
Déjà tournés vers 2013
Quelques minutes après le coup de sifflet final, les journalistes sont, comme à chaque rencontre, invités à descendre dans les vestiaires des joueurs de l’Impact. « Tu imagines un truc comme ça en Italie ? Totalement impensable » lance Nesta, assis sur son banc dans les vestiaires, et déjà pressé de connaître le score du Milan AC, qui jouait quasiment en même temps. « 1-0 ? Heureusement, sinon ils auraient chassé Allegri » . Certains joueurs débarquent à poil en sortant de la douche, d’autres se font interviewer par un groupe de journalistes. Hassoun Camara, lui, est dépité par ce dernier revers. « Franchement, ça nous arrive trop souvent. On domine, mais on n’arrive pas à marquer. Là, ça va parce qu’il n’y avait pas vraiment d’enjeu, mais cela doit nous servir de leçon pour la saison prochaine » . La saison prochaine. L’Impact de Montréal est déjà tourné vers l’avenir. Dans le stade qui se vide peu à peu, on lance sur l’écran géant des images de la campagne d’abonnement pour la saison 2013, tout ça pendant que les supporters (c’était le « Supporters Day » ) se font photographier sur la pelouse. En passant les grilles du stade, on croise, tour à tour, un mec avec un masque de loup, un gamin en train de se faire prendre en photo avec Sebrango, déjà en costard (l’homme qui prend sa douche plus vite que son ombre) et un couple en train de s’embrasser autour d’un combo hot-dog / part de pizza. Que de bonnes raisons de revenir l’année prochaine, tiens.
Par Eric Maggiori, à Montréal