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On était au sacre raté de San Lorenzo

Par Léo Ruiz, à Buenos Aires
On était au sacre raté de San Lorenzo

Tout était réuni pour que la fête soit totale : des concurrents qui se ratent, un stade plein à craquer composé uniquement de fans locaux, un adversaire qui ne joue rien. Ce dimanche, sous le soleil de Buenos Aires, San Lorenzo aurait dû être sacré champion d'Argentine et fêter toute la nuit avec ses supporters. Mais après 90 minutes de tensions et de frustrations, les supporters sont rentrés chez eux en silence, avec un triste 0-0 dans la besace.

Pour les fans de San Lorenzo, c’est le grand jour. Celui du titre. Il est 13h, et les bus blindés de supporters cuervos défilent sur l’autoroute qui mène au centre ville. La barre des 30 degrés est aisément franchie, le match n’est qu’à 17h30, mais les défaites d’Arsenal de Sarandi et du Newell’s de Trezegoal la veille offrent un boulevard au club de Boedo. Les données sont simples : une victoire à la maison contre Estudiantes, conjuguée à une non-victoire des remplaçants de Lanus (qui dispute ce mercredi la manche aller de la finale de la Copa Sudamericana, l’Europa League locale) face à Boca, et San Lorenzo fêtera devant ses supporters le 12e titre de champion de son histoire. Voilà pourquoi à plus d’une heure du coup d’envoi, l’avenue General Fernandez de la Cruz qui mène au Nuevo Gasometro est d’un calme religieux. Tous sont déjà en train de cuire dans l’enceinte de 45 000 places.

Un bidonville, un ancien du Barça et Juan Sebastián Verón

Pour éviter insolations et évanouissements, des canons à eaux arrosent les milliers de supporters entassés dans les deux populares, les kops locaux. Il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin et s’installer au-dessus des grilles pleines de banderoles qui cachent la vue. Il est rare de voir ce stade aussi rempli. Debout, dans les escaliers, à cheval sur les grillages. Les fans occupent tout l’espace disponible, et même plus. Comme le veut l’AFA depuis que les deux factions de la barrabrava de Boca se sont tirés dessus dans les alentours de ce même stade au mois de juillet dernier, les supporters adverses sont interdits jusqu’à nouvel ordre. Mais à l’extérieur comme à l’intérieur du Pedro Bidegain, le dispositif de sécurité a été renforcé : les flics sont partout, l’entrée se fait dans la tribune qui correspond et non comme bon leur semble. Le paysage est contrasté : d’un côté de l’avenue Perito Moreno, une arène prête à exploser, de l’autre, l’un des plus grands bidonvilles de Buenos Aires, la villa 11-14, qui bout sous les toits en tôle.

Ballons gonflables, papelitos, chants : l’entrée des joueurs est, comme d’habitude, spectaculaire. Mais le sentiment qui domine la tribune est bel et bien empreint de tension. « Esta tarde, tenemos que ganar » , (cet après-midi, il faut gagner) chante les locaux. Un stress que les joueurs semblent partager avec les fans : premier ballon de Buffarini, qui lui aussi était du fameux essai de Pastore à l’ASSE en 2004, dégagé en panique directement en touche. Après s’être maintenu miraculeusement en première division l’année dernière, San Lorenzo a remonté la pente grâce à quelques transferts intelligents et l’éclosion d’un paquet de petits jeunes prometteurs. L’homme qui gère tout ça n’est autre que Juan Antonio Pizzi, l’ancien goleador de Tenerife et du Barça. Comme toujours depuis le début de saison, l’Espagno-Argentin, très critiqué à ses débuts parce qu’il laissait l’idole locale – Romagnoli – sur le banc, présente une équipe offensive : un 4-1-3-2 qui fonctionne bien ces derniers temps. En face, Estudiantes La Plata, redevenue une équipe normale après ses glorieuses années, est dirigé par le duo Mauricio Pellegrino-Juan Sebastián Verón. Le premier est l’entraîneur, le second capitaine.

Veron en patron et la « puta madre »

Habitué à mettre le feu à la maison, San Lorenzo est éteint. Comme tétanisé par l’enjeu. Les trois créateurs ne voient pas le ballon, ça commence à balancer des longs ballons, sauf que les deux attaquants, Villalba et Correa (révélation de ce championnat et suivi de très près par les Gunners d’Arsenal), ont plus des profils à la Agüero qu’à la Palermo. Petits, vifs et techniques, mais pas spécialistes des duels aériens. Résultat, il ne se passe rien. Avec un Veron tranquille et patron du milieu de terrain, Estudiantes se permet même quelques attaques placées pas loin de faire mouche, mais la barre transversale sauve les locaux. Tendus, les fans du Ciclón chantent peu. Un chef, la soixantaine, chemise ouverte, bob de San Lorenzo et lunettes de soleil, insulte tout ce qui bouge. Y compris le soleil. Les yeux rivés sur le pré, les oreilles concentrées sur Lanus-Boca : « But de Lanus, putain ça tourne mal. »

Après la pause, la Butteler, la barrabrava locale, tente bien d’enflammer la partie, mais le stade ne suit pas. Ni les supporters, ni les joueurs. Le stade est prêt à exploser, à s’enflammer, mais il attend impatiemment que la mèche prenne : ce but qui ne vient pas. On aperçoit Mauro Cetto s’échauffer, mais Pizzi préfère lancer du sang-neuf devant, sans résultat. Le seul qui est au rendez-vous, c’est le soldat Mercier, l’excellent récupérateur du Ciclón, champion en 2010 avec Argentinos Juniors. Le bonhomme récupère ballon sur ballon, relance proprement, motive ses troupes et reçoit les acclamations du public. « C’est un animal ! » , hurle le vieux à la chemise ouverte. Le titre est là, à portée de main, mais les joueurs, brouillons, maladroits, se font dessus. L’arbitre accorde un deuxième break aux joueurs pour aller s’hydrater, et ça agace tout le monde : « Mais pourquoi il arrête encore le jeu, ce con, c’est pas un désert non plus ici, la puta madre ! »

20 stadiers contre un streaker

Il reste cinq minutes, et d’un coup le stade chante comme un seul homme, hurle, pousse enfin ses joueurs. Boca a égalisé, un petit but et San Lorenzo est champion. Crocheté, Cavallaro s’écroule dans la surface d’Estudiantes. L’arbitre ne bronche pas et en prend pour son grade. C’était la dernière chance de San Lorenzo. Un supporter réussit à entrer sur la pelouse et s’offre une accolade avec une de ses idoles. Il ne faut pas moins de 20 stadiers pour le faire dégager. C’est fini, la fête est gâchée. Les fans locaux avaient pourtant tout prévu, ressortant les maillots de Lavezzi époque 2007, date du dernier titre de champion. À une journée de la fin, quatre équipes peuvent encore remporter le sésame. Pour San Lorenzo, tout se jouera le week-end prochain, sur le terrain hostile de Vélez Sársfield. Boca, lui, a fait match nul deux partout contre la réserve de Lanus. À onze contre neuf.

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