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On était au match du Variétés contre les parlementaires
Hier, l'équipe du Variétés Club de France emmenée par Laurent Blanc affrontait celle des députés dirigée par Guy Roux. Retour sur un match pas comme les autres, entre ballon et saumon.
La vie est faite de petits plaisirs et de douces madeleines ; voir Fabien Barthez et Laurent Blanc jouer sur un même terrain réunit bonheur et saveur. 17 ans après, rien n’a changé : le Président joue chaussettes baissées, le Divin Chauve remonte son short bien haut. Et Paris a remplacé Saint-Denis, le seul enjeu se trouve dans le plaisir – salut, Pierre de Coubertin et tous les libertins. Aujourd’hui, la prime du match engagé au pied de la tour Eiffel sera reversée à une action caritative, le service d’addictologie de l’hôpital Sainte Anne. Bienvenue au match de gala entre le Variétés Club de France et l’équipe des parlementaires. Sortez les costards.
Quand Guy Roux rencontre Marie-Ange Nardi
Guy Roux en coach du côté des députés. Sneakers rouges sous smoking noir, il a trahi le clan Cristalline pour rejoindre la tente Powerade, mais reste fidèle à sa vocation d’entraîneur : « Tout le monde est là ? Oh, Edouardo, on se dépêche ! » tonne-t-il. Les consignes sont claires : « On joue avec un gardien et dix défenseurs. Simplement, les dix seront étagés sur trois niveaux. » L’assemblée est secouée d’un rire gamin, presque touchant. « Les arrières, vous montez pas ! Au dernier match, on s’est pris 12-1, le challenge est à 11, OK ? » ajoute l’entraîneur goguenard. Eric Woerth, François Baroin et tous les autres sont attentifs. François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, plus encore : « Moi, je sais pas jouer. D’ailleurs, ils m’ont mis aux buts ! » Alors, comme tous les nuls, pour se faire accepter, il a ramené un beau ballon. Vintage, il sera signé par Karembeu, Giresse, Bruel ou Anderson du Variétés, avant d’être offert à un club de sa circonscription.
Au coup d’envoi, il y a plus de 600 sélections sur le terrain, quand même. Alexandre Ruiz a remplacé l’électro tropézienne aux platines, il la joue Marie-Ange Nardi auprès des enfants : « Et devant nous avons… ? » « Matt Pokora ! » Qui a plus de succès qu’Alain Giresse. Les joueurs du Variétés sont peinards, la différence est flagrante entre une équipe en mode trottinette et les députés débordés. Les trois joueurs du Paris FC intégrés pour l’occasion à l’équipe parlementaire, s’ils détonnent, ne font pas illusion. À l’inverse, on y croit lorsque les anciens accélèrent : interception de Giresse, qui accélère, transmet à Sony Anderson lancé, le Brésilien contrôle, arme, frappe… sur le gardien sudiste. Ce n’est que partie remise – un grand attaquant ne se rate jamais deux fois, même à 44 ans. D’un joli piqué, il plante le 3e but du Variétés. La mi-temps est sifflée, Guy Roux satisfait : « C’est bien, on est en place. Bon, faut quand même faire attention au petit ailier chauve, là ! » En 2015, Barthez est toujours fabuleux sur sa ligne.
Vin bio avec Valdo, barbecue avec Karembeu
Laurent Blanc, en charge de la composition de son équipe, ne se fait plus d’illusions : « Personne ne respecte rien. On est là pour s’amuser ! » L’habitude de la Ligue 1, sans doute. Seul Claude Puel devant la défense semble tenir son rôle, au contraire d’Hervé Renard, central que l’on retrouve souvent à droite. Les quelque 300 spectateurs présents ne lui en tiendront pas rigueur : depuis l’ouverture du cocktail à la mi-temps, ils sont une bonne partie à avoir déserté le bord du terrain pour les petits verres de vin blanc bio. Pendant que, sur le terrain, les mecs se font chambrer par un Claude Makelele en visite de courtoisie, les convives savourent les petits fours au saumon. Dont Sébastien, invité par sa société de lutte contre la fraude et partenaire de l’organisation. Pour débusquer d’éventuels tricheurs ? « Voilà, c’est ça ! » rigole-t-il. Mehdi a d’autres souvenirs : « L’année dernière, je buvais du vin avec Valdo ici-même ! Une autre fois, j’ai fait un barbecue avec Karembeu, Roux ou Rocheteau. En fait, je connais Pierre-Yves André, alors je viens quand je peux, c’est sympa, ça permet de voir du monde. » Et du beau : entre bronzages parfaits et parfums distingués, Jacques Vendroux, le manager du Variétés, rappelle que plus de 80 000 euros ont été récoltés au profit du service d’addictologie. Sur le terrain, la fin du match se termine sur un 6-1 honorable pour les élus.
Au coup de sifflet final, les invités – le match n’était pas ouvert au public – se précipitent sur les joueurs. Ceux du Variétés qui n’ont pas filé aux vestiaires sont copieusement alpagués, pendant que les parlementaires rentrent incognito. Ultimes signatures, dernières photos, fin du serrage de pinces. Une partie presque classique, ne serait-ce le nombre anormalement élevé de stars sur le terrain et de discussions business le long de la main courante. Surtout, le match aura permis de réunir une somme certaine pour Saint-Anne. Le dernier mot est parlementaire et traditionnel : « Bon, on va boire un coup ? » D’accord, mais qui paye la tournée ?
Par Eric Carpentier