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On était au match des légendes…à Bagnolet

Par Christophe Gleizes, à Bagnolet
On était au match des légendes…à Bagnolet

Le stade des Rigondes de Bagnolet a rarement connu pareil spectacle. À l'occasion des 20 ans de l'association Ziri, plusieurs légendes maghrébines ont accepté de rechausser les crampons. Au menu : dribbles chaloupés, amitié maroco-algérienne et Lakdhar Belloumi, un type qui fait des trucs, « même Messi il le fait pas ».

Un abri-bus à Montreuil. 14 mn d’attente pour le n°115, destination Bagnolet. Le ciel est aussi fade que les HLM grisonnants. Quelques détours dans la ville et se dessine enfin la silhouette décharnée du stade des Rigondes, où se tenait samedi après-midi le « match des légendes » , au qualificatif non usurpé. Autour de la pelouse synthétique, une baraque à frites et un public au diapason, venu en nombre supporter les anciennes gloires maghrébines du ballon rond. Ces derniers ont répondu à l’appel de l’association Ziri, dont Merzaq Lofti est le vice-président : « On est une association à vocation culturelle, sportive et sociale, dont le but est d’aider les enfants abandonnés au Maroc. Ce sont les 20 ans de l’association cette année, donc il fallait marquer le coup, d’autant plus qu’il s’agit de réanimer le sport à Bagnolet. C’est magnifique, beaucoup de bénévoles et de grands joueurs ont répondu présents. »

Après un discours du speaker, bien entouré de Lakdhar Belloumi et Mustapha Dahleb, les deux stars de la journée, les hostilités démarrent sur la pelouse râpée. En tribunes, les chants s’organisent rapidement, rendant le début de rencontre électrique. « Bien sûr que c’est important de mettre l’ambiance pour soutenir les joueurs » , commente Malika Ait-Noury, la responsable de la chorale berbère, aux costumes bariolés. Excitée comme jamais, elle multiplie les allers et retours dans les gradins et sur le bord du terrain, avant de se lamenter à chaque occasion manquée : « Franchement, mon cœur va exploser, c’est insoutenable. » Malgré son stress évident, elle confesse être confiante quant au résultat final, d’un sourire entendu : « J’ai acheté l’arbitre, je lui ai dit de nous donner un pénalty. »

Le pénalty sera bien sifflé, mais plus tard dans la soirée. Selon des sources proches du dossier, il serait justifié. En attendant, sur le terrain, le premier quart d’heure n’est qu’un déluge de grigris, de gestes techniques et de petits ponts. Le public est venu pour ça, et surtout pour l’admirer, lui : Lakdhar Belloumi, le célèbre inventeur de la passe à l’aveugle, « bien avant Ronaldinho » . À 54 printemps, le geste n’est plus aussi fluide, mais l’influence sur le jeu toujours décisive. « T’as vu Belloumi ? Belloumi, c’est un monsieur. Non mais franchement, ce qu’il fait, même Messi il le fait pas, il a pas voulu jouer en Europe, mais c’est le meilleur joueur technique de tous les temps. Tu l’aurais connu avant, laisse tomber » , commente Khaled, 51 ans, pas avare en compliments, avant de hurler quand son héros touche le ballon : « Fais ta passe habibi ! »

« Ils se font taper l’affiche, les Roc-Ma »

Poussés par leur public chaud bouillant, les Algériens montrent vite qu’ils ne sont pas venus là pour offrir du suspense au public. En face, les jambes sont lourdes et la défense rapidement dépassée. « Ils se font taper l’affiche, les Roc-Ma » , commente sobrement Abdel, 20 ans. L’inéluctable arrive enfin. Parti dans une série de dribbles chaloupés, l’intenable Hadj Alane, numéro 11 sur les épaules, ouvre le score pour les Verts. Les traditionnels « 1-2-3 Viva l’Algérie » commencent à fuser de manière répétée. Un peu chambré, Saïd, le Marocain, relativise timidement : « Il faut pas le dire, mais c’est vrai qu’ils sont un peu vieux, c’est dur physiquement. Le début de match est difficile, mais bon ça va, ce n’est qu’un match amical, c’est juste histoire de jouer. Les vraies stars aujourd’hui, ce sont les Algériens, qui ont fait la Coupe du monde 1986 à Mexico. En face, ce n’est qu’une sélection d’amateurs, même s’il y a quatre anciens internationaux. » Il s’interrompt quelques instants. Un petit attroupement s’est en effet formé dans le rond central, suite à une faute plutôt maladroite : « Haha, ils s’énervent déjà, ils sont comme ça, ils ont le sang chaud. Mais c’est bien, vraiment, cette rencontre, ça permet de rapprocher les deux communautés, même si nos pays sont amis depuis longtemps. »

Tandis que les buts s’enfilent comme des perles, la mi-temps est enfin sifflée, écourtant le calvaire de joueurs fatigués. Plus proche de la corrida que du match de football, le score est de 8-1 pour les Algériens, supérieurs à tous les niveaux. Les yeux hagards, Sofiane Khelfaoui erre dans sa surface de réparation. Le gardien amateur, qui a pris sa dose en première mi-temps, se confie avec le sourire : « Je suis complètement abandonné par ma défense, c’est ça le problème ! » rigole-t-il avant d’ajouter, plus sérieusement : « On a du mal à les mettre hors-jeu, mais j’ose pas demander trop d’efforts à ma charnière. Après, techniquement, il n’y a pas photo : on voit la différence avec les pros. » Le portier, transformé en passoire malgré quelques beaux arrêts, ne veut cependant pas s’arrêter à ce constat : « Pour moi, c’est un rêve d’avoir l’opportunité de jouer avec de telles vedettes, que je regardais à la télé étant petit. » Il promet pour conclure une belle réaction en seconde mi-temps, « sinon ça va faire 16-1, ce n’est pas possible » .

« C’est une très belle journée, le score est anecdotique » , explique Lakdhar Belloumi, entouré pendant la pause de journalistes assoiffés, avant de préciser : « L’important pour moi, vraiment, c’est de faire plaisir aux gamins. » En pleine discussion un peu plus loin, Mustapha Dahleb est toujours élégant dans son costume gris. « Moi, je joue plus au foot, c’est fini » , abrège-t-il sans pitié, avant de se justifier le sourire en coin : « Et puis surtout, j’ai trouvé qu’il y avait déjà trop de vieux sur le terrain. » S’il est toujours aussi affûté, l’ancien milieu offensif parisien n’a rien raté d’une première période animée : « C’est pas mal du tout, il y a encore de bons joueurs. » Et son talentueux compère algérien de poursuivre : « Pour l’instant, il y a du spectacle, un jeu technique, de quoi faire plaisir au public. C’est beau, ce mélange de couleurs, et surtout de pouvoir se retrouver entre anciens coéquipiers. » Il se dirige ensuite sur le banc, le souffle haletant, pour mieux récupérer : « Vous savez, à notre âge, c’est difficile, on joue sur des souvenirs. »

« Le meilleur joueur, il a quand même 60 balais »

Après une pause salvatrice, le deuxième acte est lancé. Les spectateurs ont eu le temps de se charger de cornets de frites et d’approcher les joueurs pour quelques photos. « Je pense qu’on va réussir à marquer un autre but, mais bon un retour concrètement, je n’y crois plus, c’est impossible » , estime Mohammed, originaire d’Oujda et habitant de Bagnolet. « Les Marocains sont un peu fatigués, notre meilleur joueur, le numéro 11, il a quand même 60 balais, il joue cinq minutes et il va se reposer. » Sur le terrain pourtant, l’impensable se produit. Plus motivés que jamais, les adversaires malheureux reviennent sur la pelouse avec de bien meilleures intentions, rapidement concrétisées par les nouveaux entrants. Quatre buts d’affilée viendront sauver l’honneur et donner au résultat final (8-5) un score plus conforme à ce match de gala.

« Ouais, moi, je crois surtout qu’ils ont gentiment levé le pied, ils ont géré sans problèmes » , commente cruellement Karim, accompagné de son pote François, dit « le Marocain » . Tranquillement accoudé aux barrières, son ami poursuit : « On devrait organiser plus d’évènements comme cela. La prochaine fois, il faudrait aussi ramener les Maliens, les Égyptiens et les Tuns. » Le mot de la fin est pour le journaliste Mimoun Mehrouj, venu couvrir l’événement pour le quotidien arabe Al Mountakhab : « C’était un vrai plaisir de revoir les anciens. Ils n’ont pas mis de barrière avec le public, on a pu sentir la chaleur et venir les admirer de près. » Il poursuit, les étoiles dans les yeux : « J’ai surtout aimé ces retrouvailles entre anciennes gloires. Cela faisait des années qu’ils ne s’étaient pas vus. Moi, j’ai pu assister à leur déjeuner, où chacun a raconté son anecdote, c’était très sympa. Et j’ai vu une vraie amitié. » Au final, rien n’a changé, sauf le moyen de transport pour rentrer.

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