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On était au match de charité de Steve Nash

Par Simon Capelli-Welter, à New York
On était au match de charité de Steve Nash

Des goodies, un terrain synthétique, des joueurs NBA, Landon Donovan, les dribbles de Salomon Kalou : le match de charité de Steve Nash fut un parfait condensé de l’été new-yorkais.

Des animations diverses et variées : un panier de basket pour shooter, une roue à faire tourner pour gagner des goodies des New-York Liberty (l’équipe de WNBA locale, la ligue de basket féminine), un château gonflable aux couleurs de New York City. Sur le terrain synthétique nickel dédié à l’événement, des kids se disputent un match sous le soleil écrasant. Le Steve Nash Showdown est un match caritatif organisé par le meneur double MVP fan de foot en général et de Tottenham en particulier depuis 9 ans maintenant. Il a lieu en plein milieu du Lower East Side de la ville qui ne dort jamais, dans le parc Sara D. Roosevelt (mère de), que l’on traverse en arrivant. Pick-up games, touristes qui se baladent et locaux qui digèrent leurs salade césar de chez Whole Food ; l’été new-yorkais dans toute sa splendeur.

Kevin Durant, Giuseppe Rossi et un sosie de Will Ferrell

Deux heures avant le coup d’envoi et déjà pas mal de monde. Dont des policiers chargés d’assurer la sécurité. Il faut dire que de la star est annoncée, Kevin Durant notamment. Une cinquantaine de journalistes se font présents, au fur et à mesure qu’approche le coup d’envoi, prévu à 18h. L’excitation est palpable, d’autant que l’arrivée de Derrick Rose aux Knicks vient d’être officialisée. Le club de la ville n’avait pas eu de bon meneur de jeu depuis que Gourcuff fils était encore enfant. Dans les gradins de 300 places environ, le DJ envoie déjà du gros son. On peut apercevoir un maillot de la Juve, plusieurs de Steve Nash, sous les couleurs des Dallas Mavericks ou plus souvent des Suns de Phoenix, là où le meneur de jeu a gagné ses deux titres de MVP, ainsi que des comparaisons avec Iniesta ou Xavi. Beaucoup de kids, pas mal de mamans et de filles, et soudain, un maillot du Benfica. Son propriétaire jongle devant des enfants et touche plutôt bien sa bille. Il fait le tour du monde facilement, il est ici à NY City pour sa société suisse qui fait dans le vote électronique ; en somme, et comme tout le monde, il fait du business ici. Les journalistes sont maintenant tous installés le long des lignes du terrain, ça cause de la draft, de l’Euro, du match des Portugais et drôle de tableau. Bref, ça râle pas mal en italien.

Arrivée des joueurs, sous les applaudissements. D’abord Bismack Biyombo, pivot de Toronto. Puis c’est au tour de Steve Nash. Tout le monde y va de sa photo. C’est un peu le bordel, gentiment mais quand même, d’autant que cette année, contrairement à d’habitude et sans aucune explication, aucune conférence de presse n’a été tenue. Journalistes comme fans et collectionneurs de selfies s’en donnent donc à pleine batterie. En vrac, on reconnaît Massimo Gobbi, le joueur parmesan, Asmir Begović de Chelsea, Salomon Kalou, Landon Donovan, Giuseppe Rossi, Georgios Samaras ou encore Chris Mullin, l’ancien shooter gaucher de la Dream Team. Le match opposera les Rouges contre les Blancs, entraînés par « Coach Lasso » , aka Jason Sudeikis. Le coach a des airs de Will Ferrell, en tout cas de Will Ferrell s’il jouait un coach de foot. Un petit speech du boss de Tag Heuer, le sponsor de l’événement, et enfin le moment que tout le monde attendait. Du long de ses 2,06 mètres, KD traverse le terrain. En vrai, il est encore plus grand qu’on ne peut l’imaginer. Un petit salut à la foule, deux trois photos, et ça ira pour cette fois. La rumeur d’une signature à New York de la star de la ligue peut arpenter la ville pour la journée.

Bismack Biyombo, buteur en série

KD assis, tout le monde bien aligné en rang, serré mais content, le match peut commencer. Assez vite, il se résume à une opposition entre Donovan (qui ressemble de plus en plus à Iniesta, le temps et la calvitie avançant) et Giuseppe Rossi d’un côté, Nash et Kalou de l’autre. Rossi donne caviar sur caviar, mais les joueurs NBA sont encore pire que ses coéquipiers de Levante. Largement. Marc Stein (journaliste soccer d’ESPN bedonnant) fait penser à François Hollande quand il joue. Il est déjà tout rouge au bout de deux actions. Viva, le premier but de la rencontre est pour Rossi. En face, Kalou chauffe un peu et s’amuse à dribbler tout le monde. L’Ivoirien régale franchement, alors le speaker monte d’un cran : « Ka-lou » , « Ka-louuuuuuu » . D’une ouverture bien pensée, il permet à Biyombo d’égaliser, sur une passe dé de Steve Nash, évidemment. Lui sait comment faire marquer les joueurs NBA. Bismarck donc, même s’il joue en Jordan. Le match est enjoué, limite plaisant. Chacun se débrouille comme il peut. Long ballon parfait pour Ronde Hollis-Jefferson, l’ailier des Brooklynn Nets, qui, réflexe, se protège le visage avec les mains. 2-1 pour les Rouges sur un contre conclu par Donovan. Puis 2-2 direct sur l’engagement, le coach des Blancs en profite pour chambrer gentiment. Il est branché sur micro, tout est pensé pour assurer le show. L’ambiance monte d’un cran, le speaker demande au DJ d’en faire autant. Pendant ce temps, Kalou démontre qu’il peut marquer quand il veut, histoire de.

C’est la mi-temps. Des interviews se font sur la pelouse directement, entre deux gouttes de sueur ou de rafraîchissement. On fait les comptes des recettes via les tickets, le pognon ira à un programme d’éducation pour enfants : Educare. En attendant, la reprise à peine sifflée, Steve Nash dégomme un gamin d’une jolie reprise de volée. Il faut dire que les enfants sont installés très près des filets. Dix secondes d’inquiétude, le gamin en rigole, ok, on peut y retourner. Dans les gradins, une partie de la foule est déjà partie, ils étaient surtout venus voir la présentation des joueurs, KD, et gratter leur selfie. Et puis bon, 19h c’est l’heure du dîner. Les Américains aiment bien bouffer avant que la nuit ne soit tombée. Bismack marque encore sur un caviar de Nash. Il chest-bump alors un coéquipier qui lui arrive justement à la poitrine. Forcément, le mec manque de tomber. Encore un but, on ne sait plus trop où on en est au niveau du score, mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’un hat-trick pour le pivot. Applaudissements nourris pour lui. Le Congolais est clairement le joueur NBA le plus doué de l’assemblée, ou le moins emmerdé, question de point de vue. Rondae Hollis-Jefferson, lui, a l’air de jouer au foot pour la première fois tellement le foot se joue de lui. Les Blancs déroulent gentiment. Steve Nash sait vraiment jouer, il est même assez impressionnant. 10-4 puis 11. Bismarck encore. 11-5, miracle de Rondae, tout content d’avoir marqué. Le coach des Blancs prévient ses troupes : « 50 seconds of hell, no come back guys. » Il reste moins d’une minute effectivement. 10, 9, 8 compte à rebours, la partie de plaisir est finie. La question du MVP commence à se poser. Comme tout jeu ici, il est pris très au sérieux. Ce sera Begović, le gardien des Blancs, auteur de nombreux arrêts effectivement.

Sur la pelouse, tout le monde vient prendre un dernier selfie, filer sa carte de visite ou simplement saluer les stars. Ça s’éternise pas mal, demande des dédicaces et des selfies, distribue des sourires et des hugs. Steve Nash joue clairement la prolongation, et emmerde la sécu qui le presse de rentrer, un bus l’attend. La classe, il enchaîne autographes, clins d’œil et remerciements. « Non vraiment, c’est moi, merci vraiment. » Giuseppe Rossi, lui, claque des selfies en rital et souriant. Nash régale encore, au grand dam de la sécu visiblement bien saoulée. Une grande femme en robe à fleurs vient donner de la voix pour que le cirque s’arrête, mais en vain. C’est finalement Nash lui-même qui donnera le coup de sifflet final d’un « let’s go kids » bien tranchant. Lui, sa compagne et ses enfants partent enfin vers le bus. Sauf que non, « attendez, attendez » , la dame de la sécu a oublié son sac sur le terrain. Décidément. Steve Nash lui sourit, le bus peut bien l’attendre.

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