- CFA
- Lille B-Lens B (4-1)
On était au derby des réserves du Nord
Un derby à Madrid samedi, un autre à Milan dimanche. Mais le seul qui valait le coup d'œil se déroulait samedi dans le 59 et sentait le CFA, la verdure et la main courante : Lille B-Lens B.
Lille-Lens, un match que l’on a l’habitude de voir à Bollaert, Pierre-Mauroy ou au Stadium Nord. Ce n’est pas le cas ce week-end. Le match se tient dans un cadre bien plus verdoyant, option autoroute à l’horizon : le Domaine de Luchin. Le centre d’entraînement du LOSC accueille tous les matchs de la CFA. Déjà, une heure avant le coup d’envoi, les premières places du parking trouvent preneur. Le froid dissuade les courageux de sortir de leur véhicule immédiatement. À quelques mètres de là, les plus téméraires sont à la billetterie et subissent l’habituelle fouille de sécurité. Première inquiétude pour un spectateur. « J’ai quatre collègues qui vont arriver de Belgique, il restera des places ? » La douzaine de stadiers en place accueille les spectateurs en essayant de séparer Lillois et Lensois. L’odeur de la rivalité arrive au nez de ceux qui n’ont pas encore attrapé le rhume. Plus que la suprématie régionale, une place sur le podium du groupe B de CFA est en jeu. Quatre cents personnes viennent garnir l’unique tribune du stade, un peu plus que d’habitude selon les organisateurs. La tribune, récente, rappelle que la rencontre se déroule dans les infrastructures d’un club pro. Même la feuille de match est informatisée, au grand dam d’un observateur anglais.
Loc. contre Visit.
Heureusement, pour rappeler le folklore du monde amateur, on retrouve un tableau d’affichage à l’ancienne, sans chrono. Ce soir, pas de chichi, c’est « Loc. » contre « Visit. » Les deux équipes viennent s’échauffer quand un drame vient entacher la belle soirée de foot qui s’annonce : la buvette est fermée. Du coup, le Lille-Lyon de la veille est débriefé en tribunes. « Il faudrait faire jouer la CFA en Ligue 1, au moins ils se battraient » , est l’analyse la plus fréquente. C’est finalement l’inverse qui sera proposé. Benzia et Mendes sont présents, et le public familial s’enflamme pour la première fois. Il fait un froid sibérien, et pas de corons en vue pour réchauffer l’atmosphère. L’ambiance calme permet d’entendre tous les bruits du foot. Le pied qui traverse le ballon, les chocs genou contre genou ou le « Meeeeeerde » de l’entraîneur quand une passe finit en touche. Sur le terrain, pas de nom sur les maillots et des numéros de 1 à 11 qui ravissent les puristes. Pour reconnaître les joueurs, les spectateurs occasionnels démarrent un « Qui est-ce ? » géant. Sauf que sans lunettes, sans chapeaux et sans moustache jaune improbable, pas toujours facile de savoir qui est qui.
Ballon dans l’arbre et Mannequin Challenge
Le derby est très vite lancé, avec une première faute avant la 30e seconde. On ne saura jamais si c’est l’enjeu du match ou la présence de nombreux superviseurs, mais les vingt-deux acteurs offrent des duels épiques. Au quart d’heure de jeu, Zedadka trouve la transversale pour Lens. Une frappe de vingt-cinq mètres de Benzia est détournée sur l’équerre moins de deux minutes plus tard. Les deux équipes ne se font pas de cadeaux. Hamza Mendyl ouvre le score avant la demi-heure de jeu pour les Dogues. Debordeaux double la mise dix minutes plus tard. Sa frappe de trente mètres est bien plus inspirée que sa célébration en Mannequin Challenge, ses coéquipiers ne comprenant pas la subtilité de la chose. Simon Banza a beau réduire le score juste avant la pause, les Lillois dominent, le stade ne s’enflamme pas et il fait toujours plus froid. Les couvertures remplacent les écharpes dans le matériel du spectateur. Très vite, Habbas marque pour mettre l’équipe de Rachid Chihab à l’abri. L’engagement est toujours plus important. Les Sang et Or, pas avares de tacles, sont sanctionnés. Une pluie de cartons s’abat sur Luchin, menant à l’expulsion de Diani. Menés de deux buts et en infériorité numérique, les hommes d’Éric Sikora font le dos rond et procèdent en contre. Insuffisant pour revenir au score. Martin Terrier marque même dans le temps additionnel (4-1). C’est sévère, mais l’addition aurait pu être plus lourde si, sur une contre-attaque, le ballon n’avait pas fini dans un arbre derrière les buts. Le LOSC est troisième, Lens sixième. Si la buvette avait été ouverte, la soirée aurait été parfaite pour les Lillois.
Par Nicolas Kohlhuber