S’abonner au mag
  • Autres championnats
  • Serbie
  • D1
  • J24
  • Partizan/Étoile rouge (0-0)

On était au derby de Belgrade, au printemps 2015

Par Loïc Tregoures, à Belgrade
5 minutes
On était au derby de Belgrade, au printemps 2015

Un match de vilains, de la passion et de la fumée en tribunes, des boucliers anti-émeutes, une Zaz, un Bogdanov et même Mateja Kežman. On était évidemment au derby de Belgrade.

Quoi de plus beau que Belgrade un samedi de printemps ? Les terrasses sont bondées, les familles se promènent au Kalemagdan, les filles aussi, à la fois spectaculaires mais manquant de charme. Les échoppes savent satisfaire le touriste avec leurs produits folkloriques nationalistes, dont le hit du moment : le T-shirt Vladimir Poutine. À deux heures du coup d’envoi du 148e derby de Belgrade, le bus bondé partant de Terazije pour le grand rond-point de Slavija s’accommode d’un autre hit : Je veux, de Zaz, sonnerie d’un téléphone portable, rappelle l’inexplicable succès d’estime de la chanteuse dans les Balkans.

Coup d’envoi retardé d’une heure

Les jours de gros match, Slavija et la remontée du très long boulevard Oslobodjenje marquent une frontière sexuée très nette. Avant : des gens lambda, des jeunes, des vieux, des filles. Après : des mecs en très grande majorité, et des tortues, par équipe de dix, qui scrutent, impassibles, les grappes de types costauds remonter le boulevard. La marche est plus longue pour les Grobari du Partizan, qui ont tout le stade Marakana à remonter pour trouver l’entrée sud, hermétiquement bloquée par une armée de gendarmes mobiles ayant déjà eu besoin de s’employer, croit-on savoir. Sur le trottoir, tandis que les Grobari montent, quelques autres, supporters de l’Étoile rouge, descendent. L’occasion est trop belle pour quelques collectionneurs d’écharpes, au risque de prendre quelques coups de matraque.

Avec une entrée sous pression façon entonnoir et une fouille très minimaliste, voici le Sud, d’où les sièges ont été retirés pour éviter qu’ils finissent en flamme ou en projectile. Descendre une tribune pour retrouver sa place habituelle est tout un spectacle avec ses hiérarchies et ses codes. On croise des visages déjà vus au derby de basket la semaine précédente, aperçoit les banderoles encore à terre, les mégaphones, les types en train d’installer leur bâches minutieusement, les fumis, et les tronches patibulaires de ceux s’apprêtant à organiser l’explosion générale le moment venu. De l’autre côté du stade, ça chauffe déjà. Comme au dernier derby, les Delije de la tribune Nord s’en prennent à des mecs, probablement Grobari, installés à leur frontière, en tribune Est. Fumigènes, sièges et mandales, tout y passe. L’appel au calme du speaker fait marrer tout le stade.

Bogdanov, auxiliaire de police ?

La police un peu moins. Fait rarissime en soi, les forces de l’ordre font dans un premier temps leur entrée en virage, mais sont repoussées. Grâce aux renforts, elles finissent dans un second temps par enfoncer toute une partie de la tribune. Aperçu sur les photos et vidéos, le désormais célèbre Ivan Bogdanov tente de ramener le calme. Une habitude chez lui, semble-t-il, qui lui a déjà valu les remerciements de la police lors de Serbie-Albanie. True story. Avec tout ça, l’excellent arbitre serbe Milorad Mažić donne finalement le coup d’envoi avec près d’une heure de retard. Installé en bas à gauche, l’Historique a un point de vue imprenable sur cette tribune Sud qu’il a contribué à créer voici plus de trente ans. Quelques Russes du CSKA Moscou sont là, très appréciés des plus jeunes qui viennent leur taper des stickers que les mecs lâchent le sourire en coin comme De Niro distribuait les billets de 50 dollars dans Les Affranchis.

En face, on prépare la première chorégraphie : drapeaux rouge et blanc, et une grande bâche à l’effigie de Rajko Mitić, nom officiel du stade, et légende du club. Ensuite, le tout est recouvert d’une épaisse fumée rouge et quelques fumigènes, ce qui donne un rendu loin d’être dégueulasse. À tel point qu’un mec déguisé en jeune militant UMP, à savoir bermuda, chemise, mèche rebelle et pull noué sur les épaules (logo Stone Island en évidence), dégaine son smartphone pour immortaliser la scène avant de se faire rappeler sèchement par la patrouille. Filmer la choré des rivaux avec l’œil admiratif… « Putain de touriste » . Côté Partizan, les mecs au mégaphone s’époumonent en guise de riposte. On invite les fans de l’Étoile rouge à la pratique du sexe oral également. Dejana, une demoiselle russe, n’est pas dans le délire et se demande ce qu’elle fout là. Aussi adroite avec son fond de teint que Lavezzi devant le but, elle accompagne son mec qui n’a déjà plus de voix après 20 minutes, un sacrifice qui mérite d’être souligné et apprécié à sa juste valeur. Juste avant la mi-temps, ça chante à la gloire de l’un des bourreaux les plus acharnés de l’Étoile rouge du temps de sa splendeur : Mateja Kežman. Himself.

Pompiers et cleansheets

« Tu feras attention vers la 65e, il y aura un craquage général. » Merci de prévenir. Des fumées jaunes et rouges s’allument dans tous les sens, sous le regard émerveillé d’Anastasia, 5 ans, déjà aperçue au basket avec sa mère, qui chante déjà tout le répertoire de douceurs, tendance porno, à l’égard des Delije. Un cas sur mesure pour Allô Rufo. Dans le reste du stade, les smartphones immortalisent la scène, pendant qu’un mec lance sa torche, venue se fracasser contre le bouclier d’un flic qui ne bronche pas. Le ballet des pompiers armés de leurs pinces est une symphonie savamment orchestrée, avant de faire un tour de piste pour aller s’occuper du craquage adverse.

L’Historique fait un salut de la tête, puis remonte la tribune, suivi par quelques types qui n’attendent pas les joueurs venant profiter des applaudissements et lançant quelques chants. Dehors, il fait encore doux, mais aucun bus ne circule. Le quartier est encore bouclé, il faut tout remonter à pied, s’arrêter aussi quelques instants pour contempler la monumentale église Saint Sava illuminée de nuit, un moment de sérénité après un derby mouvementé. Et avant le suivant. Quoi le match ? Quel match ? Ah oui le match ! Match nul et vierge malgré une belle occasion pour le Partizan à la 92e, paraît-il. Sérieusement, qui va au derby de Belgrade pour regarder un match ?

Pourquoi Viktor Gyökeres est une fraude

Par Loïc Tregoures, à Belgrade

À lire aussi
Articles en tendances
Logo de l'équipe France
Les notes des Bleus
  • Ligue des nations
  • J6
  • Italie-France (1-3)
Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Les notes des Bleus
13
Revivez Italie-France (1-3)
  • Ligue des Nations
  • J6
  • Italie-France
Revivez Italie-France (1-3)

Revivez Italie-France (1-3)

Revivez Italie-France (1-3)
Logo de l'équipe France
Les notes des Bleus
  • Ligue des nations
  • J5
  • France-Israël (0-0)
Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Les notes des Bleus
00
En direct : France-Israël (0-0)
  • Ligue des nations
  • J5
  • France-Israël
En direct : France-Israël (0-0)

En direct : France-Israël (0-0)

En direct : France-Israël (0-0)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine