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On était au concert d’Alpoko Don chez Simon Pouplin

Par Romain Lejeune, à Sochaux
On était au concert d’Alpoko Don chez Simon Pouplin

Dans le cadre du festival GéNéRiQ, le gardien sochalien a reçu chez lui un rappeur américain pour la première fois en France. Récit.

Imposant, massif, ténébreux. Quand Alpoko Don, rappeur d’Atlanta venu participer au festival GéNéRiQ – un rendez-vous à part, un festival itinérant, qui se tient dans toute la région du Grand Est, et même en Suisse, à Bâle – franchit le seuil de l’appartement de Simon Pouplin, le gardien sochalien, qui vit en plein cœur de Belfort, à quelques kilomètres du centre d’entraînement du club, on comprend que l’Américain est là pour en découdre, pour clôturer avec brio une série de 9 concerts tenus en l’espace de 10 jours, dans plusieurs villes – de Belfort à Dijon –, dans plusieurs lieux, d’appartement en bibliothèque, de salle de concert en petit bar du coin. « Je suis fatigué » , glisse-t-il timidement. On peut le comprendre. Sur scène, Alpoko se donne, justement, derrière une table en bois sur laquelle il bat la mesure, avec une pièce de monnaie – un rythme amplifié par un dispositif de son ingénieux, collé à même la planche –, glissant avec force des lyrics écrits ici et là, au bon vouloir d’un parcours artistique repris sur le tard. Avec son manager, un acolyte qui ne le quitte jamais – et qui, ce soir-là, filmera l’intégralité du concert –, le freestyler repère les lieux, pose ses affaires dans un bureau qui fera office de loges, aménagées pour l’occasion, juste à côté de la salle de bain. Ici, les deux compères s’isolent un moment, pour reprendre des forces, puis font leur apparition dans le salon, bondé, une poignée de minutes plus tard.

« Question d’équilibre »

Simon Pouplin, lui, est aux aguets, jouant le jeu à fond, avec beaucoup de sympathie, de bienveillance à l’égard du rappeur, lui proposant de quoi manger, de quoi se rafraichir. « D’habitude, c’est moi qui suis dans la lumière » , plaisante-t-il, sans se prendre la tête. Pendant tout l’après-midi, déjà, il a pris soin, aidé par ses amis, d’improviser une mini-scène dans un coin du salon. Seule obligation : mettre une table en bois à disposition de l’artiste. Elle sera installée juste à côté de la bibliothèque du gardien de but, riche de plusieurs dizaines de livres. Parmi eux, la vie et l’œuvre du peintre Jean-Michel Basquiat, la pièce de théâtre Huis Clos de Jean-Paul Sartre, ou encore la biographie de Zlatan. « J’aime lire, tout comme j’aime recevoir des gens chez moi, confie-t-il. Pour France-Ukraine, nous étions ici, avec quelques potes. J’ai besoin d’être entouré, et parfois de me retrouver seul. C’est une question d’équilibre. » Peu de temps avant le concert, l’appartement est plein. Le rappeur, bien installé dans le canapé du salon, attend le coup d’envoi des festivités. Dans la cuisine, un apéro s’organise ; les dizaines de convives discutent, patientent en attendant de voir l’artiste entrer en scène, après avoir eu la possibilité de parcourir les salles de la région, de la Vapeur (Dijon) à La Rodia (Besançon), de La Poudrière (Belfort) au Moloco (Audincourt), en passant par le Noumatrouff (Mulhouse).

Un flow magistral

Parmi les invités, Kem Lalot, programmateur de GéNéRiQ et des Eurockéennes de Belfort, Jean-Paul Roland, directeur des deux festivals, mais aussi Cédric Bakambu – très attentif à la prestation du rappeur –, attaquant sochalien, invité par son gardien de but, titulaire depuis la saison dernière, après la blessure de Pierrick Cros. Bien sûr, quand l’appel est lancé, que le rappeur, qui devrait sortir un album en début d’année prochaine – sur lequel figurera un duo avec Scarface, de Houston, Texas – s’installe derrière son instrument de prédilection – cette fameuse table –, le public est scotché. Par la proximité avec le musicien, déjà. Deux mètres séparent l’artiste des spectateurs. Par l’intensité du show, surtout, qui interpelle l’audience toute entière. Après avoir livré quatre morceaux a cappella, l’Américain se lève et embrase l’assistance, conquise. Pendant près d’une heure, Alpoko Don livre une performance originale, décalée, sensible et sans artifices. Emballées, cinquante personnes se laissent porter par le flow magistral du rappeur, entre applaudissements, photos prises sur le vif et sourires complices avec l’Américain. À la fin du live, le rappeur salue sobrement la foule, puis se retire à nouveau dans sa « loge » , après avoir franchi le couloir qui sépare le bureau du salon. Le lendemain, Alpoko Don et son double repartent vers les États-Unis. Avec une seule idée en tête : revenir en France, et pourquoi pas chez Simon Pouplin, livrer un nouveau concert hors normes.

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