ACTU MERCATO
On était à Villarreal pour la présentation de Pato
À la recherche de son football, Alexandre Pato a choisi de se relancer à Villarreal. Souriant et détendu, il a été présenté aux supporters à l'ombre des pins.
Pour le profane qui met les pieds pour la première fois de sa vie à Villarreal, l’Ermita de la Mare de Déu de Gràcia est très facile à trouver en sortant de la gare : c’est tout droit. Mais vraiment tout droit. Ah oui, petite précision si vous avez omis de calculer l’itinéraire, c’est surtout à 45 minutes de marche. Et avec les 35 degrés et l’air chaud suffocant, traverser la ville de part en part n’est pas la chose la plus exaltante du monde. Après tout, la présentation de Pato aurait pu se faire sur la Plaça Llaurador, à l’ombre du Madrigal en plein centre-ville, là où s’érige le monument au laboureur de Vicent Llorens Poy. Pour accéder au parvis de l’ermitage, il faut poursuivre son chemin une bonne demi-heure, avec l’impression qu’on est un échappé devenu le point du mire du peloton du Tour de France lors d’une étape de plat. Le long de la Carrer Ermita se succèdent les pavillons aux jardins impeccables et aux grilles masquées par des lauriers rose et blanc. De temps à autre, des terrains vagues brisent cette monotonie rappelant que la crise a sévi à Wisteria Lane. En vérité, on a l’impression d’être en vacances dans les Alpilles, entre les odeurs de grillades et de résine, le chant des cigales, les voitures garées sur le bas-côté, les couples qui font leur jogging, ces familles qui descendent le chemin à l’ombre de la pinède. Ceux qui ont fait leur voyage de fin d’année de CM1 au Moulin de Daudet (sic) savent…
Montage YouTube et Range Rover
Au loin, la sono envoie les derniers tubes à la mode, l’Ermita se rapproche à mesure que surgissent les maillots jaunes. Un grand écran a été dressé et diffuse en boucle un montage YouTube des « goals and skills » d’Alexandre Pato, notamment son but à la 25e seconde contre le Barça en 2011. Le bon vieux temps où le Brésilien brillait au Milan et suscitait les faveurs de Barbara Berlusconi. Clairement une autre époque. Depuis, de blessures en bides, Pato a perdu la confiance. Il a loupé la Coupe du monde alors que la Seleção se cherchait désespérément un 9. Après deux saisons quasi-blanches en rossonero, le buteur est retourné au pays, d’abord au Corinthians, puis à São Paulo. Mais 19 buts en 3 ans de Brasileirão, c’est peu pour un joueur de son acabit. Son retour en Europe, à Chelsea, a été un foirage dans les grandes largeurs. À 26 ans, ce contrat de 4 ans constitue peut-être sa dernière chance de retrouver son niveau. À 20h30, il débarque dans un Range Rover gris métal au bras de Madame qui ne perd pas une miette de la présentation armée de son smartphone et de son appareil photo. Elle récupère les trois petits canards en plastique offerts à son fiancé quelques instants auparavant et qu’elle s’empresse de poster sur les réseaux sociaux. Acclamé par des minots qui ne devaient pas être nés quand il est passé professionnel en 2006 (eh oui, déjà !) à l’Internacional Porto Alegre et qui, selon toute probabilité, ne l’ont jamais vu au sommet de son art, Pato grimpe sur l’estrade, le sourire jusqu’aux oreilles.
Joie communicative
Manifestement, l’Auriverde est heureux d’être là. Après un long abrazo digne d’une étreinte père-fils avec le président Fernando Roig, Pato tombe le polo sous les vivats pour enfiler sa nouvelle tenue, dépourvue de numéro pour le moment. Les 2 000 aficionados sont ravis et applaudissent à tout rompre. Détendu, le Brésilien prie le public de pardonner son espagnol, lâche quelques blagues, embrasse l’écusson et sort les formules d’usage : sa joie d’être ici, sa volonté de revenir à son meilleur niveau pour donner des émotions aux supporters, bien jouer en Champions et en Liga. Une fois n’est pas coutume, on a l’impression que ces mots banals ont une vraie résonance. Pato enchaîne les selfies, les autographes, envoie des goodies dans la foule au son de l’hymne du club et de la libre adaptation de Yellow Submarine. La présentation a été rapide mais c’est un succès incontestable. À première vue, Villarreal est un club fait pour lui. Le garçon a besoin de se reconstruire et le maillot groguet est fait pour lui. Si Pato redevient un joueur frisson, ça ne peut être qu’à Villarreal. Et en le voyant aussi radieux, on se dit que c’est tout à fait possible.
Par FM Boudet