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On était à Séville pour le Grand Derby

Par Antoine Donnarieix, à Séville
On était à Séville pour le Grand Derby

Un dimanche après-midi ensoleillé, deux rivaux candidats à la qualification en Ligue des champions et Nabil Fekir prêt à faire du sale sur la pelouse du stade Ramón Sánchez Pizjuán. Ce week-end, El Gran Derbi entre le FC Séville et le Real Betis Balompié était à ne rater sous aucun prétexte. Ça tombe bien : on y était.

En Andalousie, les mieux chaussés sont les moins heureux à l’heure d’évoquer comment doit se vivre un derby de Séville. José María del Nido Carrasco fait partie de cette catégorie-là. « Un derby vécu depuis le balcon présidentiel, c’est assez terrible à vivre, évoque le vice-président du FC Séville. Il faut rester calme, courtois et surtout ne pas s’enflammer. En clair, on ne peut pas vraiment vivre l’instant à fond alors que l’on souhaite célébrer sans retenue les buts de son équipe… Quoi qu’il en soit, j’espère que vous profiterez beaucoup du match et que les trois points resteront à la maison. » À l’aube du choc de la vingt-sixième journée de Liga, l’homme en costard noir quitte la salle de conférence du Ramón Sánchez Pizjuán. Sa tête est déjà focalisée sur le derby à venir face au Betis. À vrai dire, l’éternel rival semble prêt à jouer un mauvais tour, et nombreux sont ceux à croire aux chances des Verdiblancos grâce aux gauchers de velours Nabil Fekir et Sergio Canales.

« Demain, le derby sera pour le Betis ! »

Parmi les optimistes, il y a Manuel Serrano. « Regardez la Torre del Oro, elle est décorée aux couleurs du derby, mais vous ne voyez qu’un seul écusson et c’est celui du Betis, évoque le guide touristique, tout heureux de montrer sa carte de socio bético. Ce n’est pas le vent, c’est un signe du destin : demain, le derby sera pour le Betis, vous n’avez même pas besoin d’aller au stade pour le voir ! » En passant sous les orangers tout autour du mythique palais de l’Alcazar, l’homme rigolard évoque avec une passion certaine les trajectoires des deux clubs sur les vingt dernières années. « Je déteste Monchi, mais son travail pour pérenniser son club a été bien fait, avoue Manuel. Il achetait des joueurs à bas prix pour les revendre trois fois plus cher ! Le budget a considérablement augmenté grâce à lui. De notre côté, c’était tout le contraire. Lopera nous a coulés financièrement, et cela a entraîné une grosse période de crise pour le club. Aujourd’hui cela va mieux, mais nous avons du retard par rapport aux Sevillistas. »

Manuel sera-t-il parmi les 1500 supporters du Real Betis présents dans le stade ennemi ? Non, et son avis semble bien arrêté sur la question. « Cela fait plus de vingt ans que je ne vais plus au derby, dévoile le quinquagénaire. Avant, les supporters chantaient et se répondaient verbalement pour se moquer les uns des autres. C’était marrant, mais ça n’allait pas plus loin. À partir de la fin des années 1990, cela a changé. Aujourd’hui, les gens se tapent pour du football. Est-ce que je dois me battre avec des frères ou des amis ? Jamais de la vie. C’est devenu trop fou. » Depuis le quartier de Triana, Victor Romero s’occupe de faire une dernière beauté aux joueurs des deux équipes toute la semaine avant le match. « Je garde mon club de cœur comme une passion secrète, explique le barbier de Séville. La vérité, c’est que je ne veux pas rivaliser avec l’un et compatir avec l’autre en public. Je viens au salon, je fais mon travail et quand vient le moment de me poser devant le derby, je sors le maillot du club que je supporte et je regarde le match. » Dans une ambiance encore détendue, la ville du tombeau de Christophe Colomb s’endort une dernière fois avant de passer à la phase d’ébullition.

Apéro géant, fumigènes et monde d’avant

28 février 2022, midi tapante, avenue San Francisco Javier. Cela fait trois jours que le soleil se cache derrière les nuages, mais cette fois-ci, la boule de feu est au rendez-vous pour chauffer les crânes à l’heure de l’apéritif, et cela se ressent. « Aujourd’hui se joue le titre en Liga, assène le Sevillista David, bière Cruzcampo à la main. Si nous gagnons, c’est encore possible d’y croire. Et si nous gagnons, ce sera aussi un bon moyen de mettre la pression au Betis pour qu’ils flippent avec la qualification en Ligue des champions. Ce serait une double victoire. Si j’ai un prono à te donner, je nous vois bien gagner 2-0. » Ce qui serait la manière idéale de démarrer la semaine avec une blague bien lourde envers son collègue de travail du Betis, comme le veut la tradition sévillane. « Personnellement, j’irai au travail quoi qu’il arrive, car je suis le patron d’une entreprise, poursuit David pendant que son ami Juanfran chante avec fougue en l’honneur du FC Séville. Si je m’arrête de travailler pour éviter les moqueries, tout le monde s’arrêtera aussi et ce ne sera pas bon pour le business ! » Durant le farniente, l’heure se consume aussi vite que les boissons, et la rue Luis De Morales ressemble de plus en plus à une énorme marée rouge et blanc.

Sur les réseaux sociaux, les fans sevillistas se sont donné rendez-vous devant l’hôtel quatre étoiles Meliá Lebreros en plein quartier du Nervión, où l’équipe professionnelle des Palanganas doit effectuer sa mise au vert avant de traverser la foule acquise à sa cause en bus. « Je viens directement des Asturies pour le match, explique Paco, devenu fan du club par sa grand-mère. Si Martial joue aujourd’hui, je mets cinq balles pour le voir marquer un but ! » Ensemble, le cortège célèbre le retour à la fête avec un stade annoncé à guichets fermés pour le derby sur la pelouse du FC Séville, une grande première depuis le début de la pandémie. « Regarde, c’est une folie, observe Álvaro à travers ses lunettes noires. Nous sommes à trois heures du coup d’envoi et c’est déjà blindé, ça me rappelle le monde d’avant en encore mieux ! » De l’autre côté du stade, le bus du Betis est escorté par la police et fait face à un champ de tessons de bouteilles. Les locaux lancent les hostilités tout en rendant hommage à Cervantès : « ¡ Mucho Betis, mucha mierda, eh eh ! » « ¡ Betis, recuerda, eres una mierda ! »

« Entre la Liga et la Ligue Europa à la maison, je veux gagner la Liga ! »

Aux abords du Sánchez Pizjuán, trois colosses discutent en français avec le maillot de Jules Koundé, pourtant suspendu pour la rencontre. « Nous sommes ici grâce à Jules que nous connaissons bien, répond l’un d’entre eux. Nous venons de son village d’enfance, à côté de Bordeaux. C’est la première fois que nous venons à Séville pour le derby, et sincèrement, c’est impressionnant. » Les bizuts ne sont pourtant qu’au début d’une expérience unique où l’intensité mise par le FC Séville, bien aidé par son public chaud comme la braise, va aider les locaux à prendre le meilleur sur un Betis globalement trop timide à l’image de Fekir, anesthésié par le diabolique Marcos Acuña.

À la sortie de l’enceinte, Carlos est ravi. « Franchement, les absences en défense m’avaient fait douter sur l’issue du match au départ, explique le Nervionense. Mais Lopetegui a bien joué le coup : Diego Carlos a assuré pendant la première période et il est sorti à la mi-temps quand l’équipe avait fait la différence. Maintenant, il y a un double objectif, la Liga et la finale de la Ligue Europa à domicile. Mais si je dois choisir entre les deux, je veux gagner la Liga ! Cela fait très longtemps que nous ne l’avons pas gagnée et ce serait magnifique pour la ville. » À l’exception des Beticos, battus et raccompagnés tête basse par la Guardia Civil jusqu’au Benito Villamarín. Circulez, il n’y a plus rien à voir, mais désormais beaucoup de blagues à faire.

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