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On était à Saint-Étienne-Rennes dans le kop Nord

Arnaud Clement
On était à Saint-Étienne-Rennes dans le kop Nord

Depuis début septembre, Geoffroy-Guichard a reçu la livraison de son virage Charles-Paret, fort désormais de 10 085 places. L'occasion de voir lors de l'opposition entre les Verts et des Bretons sur une bonne dynamique si cette tribune était comme précisée sur la brochure : le plus grand kop de France.

Des irréductibles ultras. À l’heure où la pression autour des supporters dits « à risque » s’accroît, où le Parc des Princes, le stade Bollaert ou le stade Vélodrome se meurent, les supporters des Verts cultivent leur singularité. Avec leur nouveau kop Nord et en attendant la livraison d’ici 2013 de son alter ego du Sud, Green Angels et Magic Fans comptent bien voir perdurer cette chaleur propre au Chaudron. Quitte à ce que ça ne plaise pas à la LFP. À une heure du coup d’envoi, devant l’entrée de la tribune Charles-Paret, un groupe de Stéphanois chante son envie de sodomiser la clique à Thiriez. D’ailleurs, une fois les escaliers menant à la nouvelle tribune gravis, il suffit de lever la tête pour apercevoir une banderole noire sur laquelle est inscrit en lettres blanches : « Pour des stades en vie, non aux matchs le vendredi » . Le message est passé.

Sur le pré, les deux équipes débarquent quelques minutes plus tard pour l’échauffement. Les Magic Fans sont pour le moment tous assis, à chambrer gentiment Brandão qui envoie des bananes directement dans le bloc supérieur, à siffler Makoun l’ancien Lyonnais ou applaudir Fred Antonetti à l’annonce des deux équipes. L’esprit est tranquille, les blocs encore clairsemés, mais déjà ce kop fait saliver de par son architecture. Massif avec cette poutre de 175 t le surplombant, chaleureux de par sa disposition, avec une vue désormais impeccable sans les grillages et poteaux, il donnerait l’impression au premier péquin venu de se croire de l’autre côté de la Manche, au vu de la proximité avec le pré. Les concepteurs semblent avoir œuvré pour que la structure ne coupe pas le spectacle sportif de ses indissociables à-côtés.

This is England

Soudain, le kapo s’excite et la première (et unique) grecque de la partie se forme avant l’entrée des joueurs. Une bonne partie du kop tourne le dos au rectangle vert et se met à sauter au rythme de « Stéphanois, Stéphanois, hé, hé » . Mais l’impression d’ensemble est nettement moins convaincante que celle proposée lors de la réception de Sochaux, où toute la structure, en long, en large et en travers, vibrait des sauts de ses occupants pleins de testostérone après des mois de privations. On tape dans ses mains, on enchaîne les chants quand le protocole est lancé. L’heure pour tout le monde de saisir son écharpe pour une valse donnant la vague idée de ce que peut offrir Anfield un jour de Liverpool-Everton. Encore plus avec le crachin qui hydrate le Forez pour rendre l’atmosphère un peu plus so British.

Sauf qu’à la différence d’un kop anglais ou de la SüdTribune du Westfalenstadion de Dortmund, tout le monde ne joue franchement pas le jeu. Seul le quart bas de la tribune se relève les manches, agite les étendards et donne de la voix. Pour le reste, on attend que ça chauffe, on s’amuse à compter la petite dizaine de supporters bretons à avoir fait le déplacement ou on embrasse maman. En haut, un papa s’amuse à faire des doigts à Julien Féret avec son gamin et crache son venin sur Max Alain Gradel, pas franchement brillant hier soir. Supporter de père en fils, c’est bien l’expression consacrée ?

Des supporters peu concernés, un kapo irrité.

Au quart d’heure de jeu, Green Angels et Magic Fans se répondent sur « Nous, nous sommes les Stéphanois » . Mais les décibels n’atteignent pas des sommets, ces derniers étant placés dans un petit coin de la tribune latérale Henri-Point pour laisser place au chantier de leur seconde maison. Pas grave, car à la 22e, lorsque Pierre-Emerick Aubameyang se joue de son vis-à-vis pour placer une merveille de tir croisé rasant pour l’ouverture du score, le kop Nord se réveille. Tout le monde exulte, mais encore une fois, la fièvre n’est pas des plus carabinées : seuls les premiers rangs jouent à dévaler les gradins et à se tamponner contre les barrières.

Remonté par le peu d’enthousiasme de ses troupes, le kapo arrête la musique à la demi-heure et montre du droit les deux extrémités de Charles-Paret : « Attends, attends, y en a qui ne supportent pas, là-bas. » Les chants repartent alors, mais seulement quelques instants devant le peu de piquant qu’offre la fin de première mi-temps, exceptées deux belles parades de Ruffier, pas étranger à la victoire des Verts sur des Rennais atones et bien patauds, notamment au niveau du « back-four » . Ceci suffit au leader de la tribune pour prendre le micro à la pause et pour pousser une gueulante. « Oh, on est au Nord, les gars, ici » , martèle-t-il.

Ruffier, le p’tit malin

Mais le peuple vert s’en branle, s’assoit pendant le quart d’heure d’entracte, fume son joint et laisse entrevoir son sourire du plombier au spectateur situé dans son dos. Ici et là, on encense la doublette Brandão-Aubameyang ou on met quelques parpaings destinés à Brison, parfois approximatif sur son côté. L’ensemble ne lève vraiment ses fesses qu’à la 49e, moment où Cohade cloue Costil d’une volée soignée et placée au ras du piquet pour le break. La recette idéale pour sortir les endormis de leur léthargie. Avec les joueurs venus fêter leur but juste en dessous des haut-parleurs des Magic Fans, tout le virage se décide à y mettre du sien. Et vas-y que je t’envoie des reprises des Corons ou de « Qui c’est les plus forts, évidemment c’est les Verts » . Et vas-y que j’applaudisse comme un barjot le numéro presque parfait d’Hamouma en fin de partie. Et vas-y que je puisse enfin cracher ma haine du Lyonnais une fois les trois points dans l’escarcelle.

Mais de là à parler de bête d’ambiance, on attendra de voir dans la durée. Mis à part les buts et les sifflets à l’encontre d’Antonetti pour son nouveau one-man-show face à l’arbitre après l’exclusion d’Erding, le seul moment de communion n’intervient qu’à la fin de la rencontre. Héros de la partie, Stéphane Ruffier veut alors jeter son maillot à la tribune, mais s’en voit empêché par un dirigeant. Le sexagénaire prend alors une volée de bois vert de la part des 10 000 supporters, qui ne comprennent pas pourquoi il veut jouer les barrières à la communion. Qu’importe, la Ruff’ fait style de repartir au vestiaire et attend que le bougre ait le dos tourné pour aller jeter sa tunique sous les applaudissements fournis du kop Nord. À quand le portier bodybuildé sur un escabeau, mégaphone en main pour haranguer les foules ?

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