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On était à Ostende avec les supporters du RAEC Mons
Samedi soir avait lieu le match KV Ostende-Zulte Waregem, une rencontre dont, a priori, tout le monde se fiche. Exception faite de cinq Montois, qui ont fait le déplacement pour rendre hommage à leur club, le RAEC Mons, mis en liquidation judiciaire en fin de saison dernière. L'occasion d'arborer leur plus beau maillot et leur plus belle écharpe, d'entonner quelques chants en l'honneur de « l'Albert » et de partager du bon temps entre potes.
Les histoires belges ne sont pas toutes drôles. Celle du RAEC Mons, par exemple, est même plutôt dramatique. Après 105 d’existence, le club hennuyer a officiellement mis fin à ses activités le 31 mars dernier. À dire vrai, cela faisait plusieurs mois que les dirigeants cherchaient des repreneurs. En vain. Les pistes menant à Salvatore Curaba ou encore à un investisseur ukrainien n’ayant pas abouti, le RAEC Mons, alors 7e de division 2, a donc fini le championnat avec de jeunes joueurs, tous ayant accepté de terminer la saison sans être payés.
Depuis cette date fatidique, beaucoup de choses ont changé : un nouveau club, le Royal Albert Quévy Mons (RAQM), en association avec l’US Genly-Quévy, a été créé et occupe désormais le stade Tondreau, les joueurs ont tous relancé leur carrière dans d’autres clubs du pays et un petit groupe d’irréductibles supporters a décidé d’entamer une tournée des différents stades de Belgique pour célébrer un club avec lequel ils ont grandi. Leurs prénoms ? Gillian, Fabio, Arnaud, Jack et Luca. Tous ont entre 21 et 24 ans. Tous sont étudiants et tous ont décidé de se rendre à Ostende samedi soir pour assister à la rencontre opposant le club local, étonnant leader du championnat, à Zulte Waregem, alors quatrième.
Un blog, de l’amitié et de la compassion
Le match, soldé par une victoire 2-0 de Waregem, n’a finalement que peu d’importance. « Il faut savoir qu’on est tous devenus amis au stade de Mons, explique Gillian, qui a même tenté de lancer un crowdfunding il y a quelques mois pour sauver son club. Avec les études et les différentes occupations de chacun, les matchs du RAEC étaient l’occasion pour nous de se retrouver, de partager une bière et de prendre du plaisir devant un match. Lorsque le club a annoncé sa liquidation, une question simple s’est donc posée : qu’allons-nous faire de nos samedis ? Comme on n’a plus de club, on a décidé de faire le tour des stades belges. » De là est née l’idée d’un blog, où les cinq compères rendent compte de leur périple et jugent les stades visités selon différents critères : les installations, l’ambiance et la qualité de jeu proposé.
À cause des examens, le déplacement au KV Ostende n’est que leur troisième de la saison, mais les compères ont déjà de belles histoires à raconter. Il y a, par exemple cette fois où le capo de Mouscron a laissé le micro à Gillian pour animer les dernières minutes du match face à Saint-Trond. Il y a aussi cette fois où les supporters anversois ont entonné le fameux You’ll Never Walk Alone en soutien au RAEC Mons, provoquant les larmes de notre groupe de supporters. Il y a enfin toutes ces fois où Gillian et les autres ont rencontré les joueurs pour un selfie ou une brève conversation.
« La Wallonie n’est pas une terre de foot »
À Ostende, ils tenteront ainsi de rencontrer Marc Coucke, actionnaire majoritaire du club et figure atypique du football belge : « On parle quand même d’un mec qui, après un match, a payé un coup à tous les supporters » , rigole Fabio, avant de répéter à plusieurs reprises à quel point il regrette de ne pas être dans son stade en ce samedi soir. « Je pense honnêtement que si la ville avait voulu sauver le club, elle aurait pu. C’est juste que les politiciens n’aiment pas vraiment le sport et que mettre environ un million d’euros pour sauver une équipe de foot n’est pas leur priorité. De toute façon, la Wallonie n’est pas une terre de foot. »
Reste que ce petit groupe de supporters est assez passionné pour se réjouir d’avoir fait une photo avec Yves Vanderhaeghe, ancien Diable rouge et aujourd’hui entraîneur du KV Ostende, pour faire plus de 300km aller-retour pour assister à un match où la seule réjouissance au final est de voir David Rozehnal aborder le numéro 44, matricule de Mons, et pour prévoir d’ores et déjà d’autres déplacements. Gillian : « On a été invités par Malines, dont les supporters sont sans doute les meilleurs en Belgique, juste après ceux du Standard de Liège. On va également essayer d’aller à l’Union Saint-Gilloise, l’un des clubs historiques du championnat. » Les histoires belges ne sont pas toutes drôles, en effet. Celle des supporters du RAEC Mons est en tout cas très belle.
Par Maxime Delcourt