- Amérique du Nord
- MLS
On était à NYCFC-Columbus Crew
Un stade de baseball mythique, Andrea Pirlo, une défense à trois, Patrick Vieira en coach, l’entrée de Frank Lampard, des milliers de casquettes Yankees et le toucher de David Villa. On était au dernier match de saison régulière du New York City FC.
Un dimanche comme un autre dans le Bronx. Avec pas mal de monde en plus. Devant le stade et ses piliers, des fans chantent à gorge déployée. Aux alentours du Yankee Stadium et de la sortie de métro du même nom se succèdent maillots, bonnets, casquettes aux couleurs de NYC FC. Le second club de foot de NY, le New York City FC, a le privilège de jouer au « nouveau » Yankee Stadium, reconstruit en 2006 un peu au nord-ouest de l’ancien.
À l’intérieur de l’enceinte, des photos en mémoire des Yankees, une énorme boutique aux couleurs du NYFC et de la mythique équipe de baseball, des stands de bouffe et de boissons, des télés partout, une sono à fond, un speaker, et bien sûr un énorme écran géant. La pelouse a une forme hybride, et le terrain est un peu loin, séparé des gradins par cette forme de demi-diamant. Comme si on avait forcé le terrain de foot à entrer dans celui de baseball, un peu comme quand votre petit neveu veut absolument faire entrer ce rectangle dans le trou en forme de triangle de son Playschool.
Villa le Yankee
Le stade est bien rempli, seul le dernier étage est fermé. Au moment où le match commence, la tribune de presse est à moitié pleine et une fanfare se fait entendre. Le programme du match à disposition des journalistes fait bien trente pages, les Yankees s’assoient sur le développement durable. Sur le terrain, NYCFC domine gentiment, même si l’équipe doit s’adapter à ce surprenant départ en 3-4-3, au lieu de son classique 4-3-3. Pirlo trottine au milieu de tout ça, Lampard commence sur le banc. Maxime Chanot, l’international luxembourgeois, est titulaire à la gauche de cette défense à trois.
Dans le public, parmi les 20 000 spectateurs présents, beaucoup portent des casquettes. Pas mal de NYC FC, énormément de New York Yankees. L’ambiance dans le stade fait un peu penser à une version américaine de celle que l’on peut voir, couleurs incluses, dans le nouveau stade de Manchester City. NY commence à doucement finir ses mouvements, et Villa joue clairement un cran au-dessus de la défense adverse. Sa mainmise sur le jeu se concrétise : c’est d’une de ses accélérations que vient le premier but de l’Équatorien Mendoza, juste avant la mi-temps.
Les portions de poulet rôti-frites défilent. Juste après la reprise, City continue d’appuyer. Sur un débordement côté droit, la défense de Columbus repousse tant bien que mal. Villa, en pleine surface, bien décalé un peu à gauche comme il aime, voit le ballon lui arriver tranquillement sur son pied droit. Il l’arrête de la semelle. Son pied toujours sur le ballon, il lève la tête. Il constate. Il a tout son temps pour ajuster une frappe comme on ajuste un put au golf. Il enroule le ballon de tout son swing, le mouvement est parfait. Trop. Le ballon percute l’équerre droite, puis le poteau gauche avant de revenir en jeu. Le ralenti sur l’écran géant est formel, NY City va devoir encore attendre.
Pirlo, Higuaín et Lampard
Au lieu de mener 2-0, NY City voit même Columbus égaliser, à l’heure de jeu, sur un centre venu de la gauche et une tête d’Ola Kamara. Patrick Vieira, coach depuis le début de la saison, tire la gueule devant son banc. Il revient au 4-3-3. Et à la 72e minute, Pirlo sort pour Lampard, sous les acclamations du public. Deux minutes plus tard, sur une belle remise plein axe de Villa, Lampard a déjà une balle de but. Mais il ne peut frapper, la défense dégage à nouveau à l’arrache. Le ballon parvient sur Jack Harrison : 2-1 NY. Sur l’écran du stade, on voit des images du joueur en train de fêter son but issu de FIFA, le jeu vidéo.
Pas le temps de souffler, deux minutes plus tard, nouvelle attaque de Colombus, sous les coups de pattes de son meneur de jeu, Federico Higuaín, grand frère de, encore moins de cheveux et de poids. City s’en sort et sa contre-attaque, conclue par Shelton, est superbe. Vieira court dans son costume pour célébrer. 3-1. Columbus ne se décourage pas et continue d’attaquer, mais Tony Tchani voit son but refusé pour hors-jeu. Le match est plié.
Dans la tribune, certains suivent le résultat des Red Bulls qui jouent en même temps. Ils mènent 2-0 à Philadelphie. En tête de la conférence Est, les deux équipes de NY sont toutes deux directement qualifiées pour les demi-finales de conférence et n’auront pas à jouer le premier tour. Surtout, elles pourraient se rencontrer en finale de conférence.
Un possible derby de NY en finale de la conférence Est
Cette victoire donne confiance à NYC FC avant les playoffs. L’équipe se pose là en outsider pour une place en finale, et donc la suprématie soccer de la ville. Dernière attaque de la bande à Lampard. La défense de Columbus a craqué, à deux contre un, Villa envoie un missile à la 93e. Au buzzer. Son 23e but de la saison. Vieira va serrer la main du coach adverse. Toute l’équipe va maintenant saluer le kop, une tradition lors du dernier match de saison régulière à domicile qui porte ici le nom de « fan appreciation night » . Il faut dire que c’est de loin la plus belle saison du club. C’est aussi sa deuxième.
Par