- Mondial 2014
- Barrage retour
- Nouvelle-Zélande/Mexique (2-4)
On était à Nouvelle-Zélande – Mexique à Wellington
Les Kiwis ne volent pas et ne participeront pas à la troisième Coupe du Monde de leur histoire. Aucun suspense après le 5-1 reçu au Mexique, mais les Néo-Zélandais saoulés à la Steinlager, et les Mexicains, chambreurs, ont foutu une grosse ambiance dans un pays où le foot n'est même pas pro.
Les rues jouxtant le Westpac Stadium de Wellington étaient rouges et vertes. Show ESPN en direct, concerts de norteño avec maracas et sombreros étaient partout : les Mexicains ont installé leurs fesses nourries aux fajitas au pays de Dan Carter. Les All Whites avaient la tête dans le sac après la défaite à l’aller mais le stade affiche quand même complet. Le speaker annonce le chiffre de 35.206 personnes venues assister à un match pas loin de compter pour du beurre. En tribunes, les Mexicains jouent quand même le coup à fond. A bloc, un leader se détache. Crête et masque de catch peint aux couleurs de son pays, il harangue ses potes et chambre les Kiwis derrière à chaque nouveau pion en indiquant le score avec ses doigts. Les All Whites sont blancs, au sens propre comme figuré. Certains sont vêtus d’une combinaison de cosmonaute à fermeture sur le torse entièrement laiteuse. Le stade est un œuf ou un ovule blanc, au choix. En parlant de première fois, Oribe Peralta plante un hat-trick en 20 minutes (14′, 29′, 34′). Le score cumulé est alors de 8-1. « Les Kiwis sont complètement à côté de la plaque en matière de football » , balance un supporter, déçu.
Lancé de bières et carnaval de Rio
Mexicains et Kiwis tentent de s’associer autour d’un décompte « mi spanish mi english » pour lancer des olas dans les tribunes. Les « All Whites, All Whites, All Whites » criés à l’unisson ne suffisent pas à transformer le pénalty obtenu à la 39′. Les percées fulgurantes du Kiwi Marco « El Marcito » Rojas ne changent rien non plus. Le ciel est gris au pays du long nuage blanc. Les supporters locaux utilisent un combo bien anglais pour oublier la défaite à la mi-temps : abuser de la Steinlager, la bière locale, et chantonner en chœur des chansons de losers. « Where is love, where is love ? » balance la sono. « I don’t know, I don’t know » rétorquent les All Whites. L’humour, cette arme des perdants.
La deuxième mi-temps reprend, Tuiloma a la délicatesse de sortir à la 50e minute. Les Kiwis poussent mais le stade est ailleurs. Le jeu du jour consiste à plier en avion son panneau en plastique « Goal » distribué à l’entrée et à le lancer le plus loin possible sur la pelouse. Sauf que le jeu se transforme peu à peu en lancé de bouteilles de bière. Une bouteille remplie à ras bord siffle et voltige depuis le haut des tribunes et atterrit tout droit sur le crane d’un Mexicain plus bas. Sans conséquence. Trempé et sonné, il en profite quand même pour adresser un gros doigt d’honneur. Puis Chris James débloque le compteur néo-zélandais sur pénalty (79′) et le stade explose comme sur un essai ballon gratté en position de hors-jeu par Richie McCaw en finale de Coupe du monde rugby. Chauffé à blanc, c’est le cas de le dire, le public en veut plus. Rory Fallon s’exécute quatre minutes plus tard et plante Moisés Muñoz, préféré à Guillermo Ochoa.
Le stagiaire de l’OM titulaire en barrage de Coupe du Monde
Bill Tuiloma, 18 piges et arrivé cet été à l’Olympique de Marseille en tant que stagiaire, était donc titulaire pour jouer contre El Tri. Science-fiction ? Même pas. Cela dit, l’expat’ français fait son match dans le couloir gauche. En vain. Privé de son étoile Winston Reid, meilleur joueur de West Ham en 2012-2013, la Nouvelle-Zélande a hérité du pire opposant possible en barrage avec le Mexique. On l’a bien vu. Le Mexique a réussi, lui, l’exploit de se qualifier après avoir fusillé trois coachs en 2013 et sans Chicharito pour les barrages. El Tri jouera sa sixième Coupe du Monde consécutive et gagne son pari à « 600 millions de dollars » de sponsoring. Du foot, du pognon et de la passion. La tequila coule à flots et le coach mexicain Miguel Herrera bave déjà à l’idée d’être dans les vestiaires à Rio. Les Kiwis n’ont jamais hué leur équipe. Les 4,3 millions de Néo-Zélandais espéraient une deuxième Coupe du Monde consécutive. Ils devront la regarder à la télé avec 15 heures de décalage.
Par Jules Rouhling, à Wellington