On était à Nancy-Juventus à Joeuf
Pour le centenaire de son club d'enfance, Michel Platini a bien fait les choses. Son club, la Juventus Turin, vient jouer contre son club, l'AS Nancy Lorraine, chez lui, à Joeuf. Soit pile poil là où se devait de naître le Roi Michel pour faire le trait d'union entre son pays, la France et son pays, l'Italie.
Joeuf, 8000 habitants, son ambiance « Billy Elliot du Piémont », son église, sa mairie et son stade. Et en ce dimanche d’été, tout est en place pour l’occasion. L’église est au milieu du village, la mairie ornée d’une banderole « Juventus Turin – ASNL, Merci à Michel Platini » , et le stade de Joeuf accueille près de 10 000 personnes. Dont les personnalités locales : Aurélie Filippetti, Aldo père de, Escalettes, Giresse, André Rossinot, Carlo Molinari et consorts garnissent la tribune, puis le préau du collège Maurice Barrès pour le cocktail de la mi-temps. Tout autour du terrain, des supporters en maillot, survet, t-shirt ou polo aux couleurs de la Vieille Dame. Simplement heureux d’être là et de pouvoir admirer la Juve, en vrai, en chair et en os, en noir et blanc.
Le match ? Un partout. La Juventus a joué dix minutes, le temps d’en mettre un, avant de laisser Nancy égaliser et puis voilà. A signaler un très bon match de Jonathan Zebina comme de Tiago – qui postule à un spot de titulaire dans le onze de Ciro Ferrara -, et surtout la confirmation que la Juve jouera en 4312, puisqu’elle joue ainsi même en l’absence de Diego. Del Piero évolue en 10, la foule l’acclame comme il se doit pour chaque corner qu’il botte. Il Capitano.
Coup de sifflet final, la jeunesse envahit la pelouse. Molinaro pique un sprint pour filer au vestiaire, Tiago finit en slip et Del Piero doit être protégé par la sécurité. Les CRS, entre deux remises à l’ordre, en profitent d’ailleurs pour prendre des photos ou filmer l’homme le plus classe du monde, même en short. A son image, les joueurs de la Juve font le métier comme il se doit, sans casque mp3 sur les oreilles, et sortent à la rencontre des tifosI signer des autographes et se faire scander par la foule. Ciro Ferrara est ovationné, Alessandro pire encore. Il prend le temps de signer une dédicace à chaque supporter avant de monter dans le bus. L’un des jeunes de la Primavera y est bien installé avec sa canette d’Heineken. C’est sans doute ça, avoir 20 ans à la Juventus…
Le bus quitte Joeuf, cette belle journée s’achève. Une réussite totale. Le club le plus détesté et le plus aimé de la péninsule est venu rendre hommage à ses fans. Ou comme le dit Michel, « aux milliers, aux dizaines de milliers, aux centaines de milliers d’Italiens qui sont venus en France » . Et donc plus particulièrement ici, dans cette Lorraine pleine de fils d’ouvriers immigrés. Pendant que d’autres recrutent des starlettes et font du marketing que un club, la Vieille Dame s’est tapé l’aller-retour depuis Turin pour venir à la rencontre des siens, en toute simplicité, au milieu de nulle part pour les uns, en plein cœur pour les autres. Pour le geste, pour Michel, pour les tifosi. Più che una società.
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