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On était à Miami-sur-Seine

Par Mathias Edwards et Corentin Pastoret, à Épinay-sur-Seine
7 minutes
On était à Miami-sur-Seine

La semaine dernière, ils étaient près de 700 jeunes footballeurs, venus de toute la France, à se rendre à Épinay-sur-Seine pour une journée de détection organisée par le FC Miami City. En espérant que la Seine-Saint-Denis ne soit qu'une escale pour la Floride.

Ce mercredi 15 juillet, l’entraîneur du Bergerac Périgord Football Club sait qu’il ne pourra pas compter sur Jordan, son gardien de but. Et qu’il en sera de même le lendemain. Officiellement, le jeune homme sèche deux jours d’entraînement avec son équipe de CFA pour « raisons personnelles » . En vérité, celui qui vient de fêter ses vingt ans a pris la même direction que près de 700 autres jeunes footballeurs. Celle d’Épinay-sur-Seine, où le FC Miami City organise quatre jours de détection sous le soleil d’hiver du 9-3.

Une vitrine pour la MLS

Fondé en 2014 par l’ancien attaquant lensois Wagneau Eloi, qui en est aujourd’hui le head coach, et Ravy Truchot, un « french entrepreneur » qui a, entre autres, créé Gleeden, le site de rencontres adultérines, le FC Miami City évolue en Premier Development League (PDL), l’équivalent de la troisième division américaine. Le niveau est amateur, le statut des joueurs aussi. Ce qui n’empêche pas Youri Vaisse, le General Manager du club qui organise ces journées de détection, d’avoir des arguments solides pour attirer en Floride la fine fleur des jeunes footballeurs français que le milieu professionnel a laissé sur le bas-côté. « La PDL est un championnat compétitif, constitué de 68 équipes divisées par zones géographiques. La saison s’étale de mai à août, pendant que la MLS est au repos, ce qui en fait une vitrine parfaite. 72% des joueurs de MLS viennent de la PDL, récite l’ancien deuxième ligne des espoirs du Biarritz Olympique. Au FC Miami City, on fait tout pour que les jeunes puissent se consacrer au football. Ils ont deux entraînements par jour, et sont logés et nourris. Et puis, quand vous vous entraînez sous la houlette de Wagneau Éloi, forcément, vous en sortez grandis. C’est le rêve américain, dans une des plus belles villes du pays, avec l’assurance d’être exposé. » Le speech est bien rodé. Et il fonctionne à merveille, en témoignent les 4000 demandes reçues par le club pour participer au grand raout.

Devant un tel engouement, le FC Miami City a même dû ajouter deux jours supplémentaires, le vendredi et le samedi. En tout, il seront 690 heureux élus, tous majeurs, à tenter leur chance sur les terrains en synthétique du Parc municipal des sports d’Épinay-sur-Seine. Ce qui explique la panique devant la petite table en plastique derrière laquelle Youri enregistre les arrivées des joueurs, impatients de recevoir leur précieux sésame. À savoir, un maillot floqué aux couleurs de l’équipe floridienne, immatriculé de 1 à 400, qui ne quittera pas leurs épaules durant toute la détection. Le General Manager a beau afficher trois ans d’expérience dans l’organisation de tryouts, dès 11 heures, il accuse un retard de plus d’une heure sur le planning. Mais peu importe. Que ce soit sur le terrain supervisé par l’ex-international camerounais Samuel Ipoua, ou sur celui géré par Wagneau Éloi, ça s’active dur. Le head coach du FC Miami City a beau avoir gagné quelques kilos et perdu tous ses cheveux peroxydés, il a gardé l’œil du buteur à qui rien n’échappe. Ce qui lui permet à la fois de repérer un chenapan tentant de chiper un de ses ballons, tout en gardant un regard avisé sur l’opposition qui se déroule devant lui. Et pour cause : l’ancien sélectionneur d’Haïti ne compte pas revenir à Miami les mains vides. « Ici, je ne cherche pas des remplaçants, je suis là pour ramener des titulaires, prévient-il. Si on peut repartir avec dix ou douze joueurs, ce sera un succès. » Soit un taux d’admission en dessous de 2% loin de décourager les participants, qui ont chacun déboursé 90 euros – 100 avec option panier-repas – pour tenter de conquérir les States.

Ange de la télé-réalité, cannabis et Nottingham Forest

En action sur les terrains, ou en train d’attendre leur tour, accoudés à des rambardes d’où s’échappent des effluves de cannabis bon marché, les 420 candidats au rêve américain présents le premier jour proviennent de tous horizons. On y croise quelques étrangers, venus du Sénégal, d’Autriche, de Côte d’Ivoire, du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Espagne ou encore d’Italie. Comme Andrea, ce portier de poche de vingt-cinq ans, passé par Nottingham Forest et le championnat letton. Il y a également le Belge Giuseppe, qui attire particulièrement l’attention. Le grand brun de vingt-huit ans, qui défend les couleurs du FC Herstal, est un des participants de la neuvième saison des Anges de la télé-réalite. Doté d’un contrat d’exclusivité avec NRJ 12, le beau gosse lâche tout de même que s’il est sélectionné pour aller à Miami, pas sûr qu’il réponde favorablement à l’invitation. « Ça reste un club amateur, et puis j’ai des affaires en cours. En plus, Miami, je connais déjà, j’y suis allé avec Les Anges » , déclare-t-il solennellement, avant de claquer un selfie avec l’adjoint au maire d’Épinay, chargé de la jeunesse et de la vie des quartiers. Plus loin, Jordan, le gardien de Bergerac, s’est déjà fait des potes. Avec Jason, latéral droit du Plessis-Belleville, dans l’Oise, et Johnatan, qui joue au milieu de terrain à Saint-Dizier, en Haute-Marne, il se prend à imaginer une vie sous le soleil de Floride. « Miami, c’est la fête, les jolies filles, la plage… Tout ce qu’on voit à la télé. Si je suis pris, je pars direct, je termine pas la saison avec mon club » , rêve Jason.

Non loin du trio, Hadj, l’ailier de vingt ans de Lyon-Duchère, a entendu parler de l’évènement par les réseaux sociaux : « Je me suis dit que j’allais essayer, on sait jamais. Et puis c’est une bonne occasion de rendre visite à des proches qui vivent dans le coin. » Yanis, lui, n’est pas là pour faire du tourisme ou passer voir la famille. Le solide défenseur formé à Lyon, et passé par l’Évian Thonon Gaillard, est parti le matin même à 5 heures de Chambéry. Après avoir enchaîné trois trains différents, il accuse un peu le coup, mais espère fermement recevoir le mail salvateur dans la soirée. Celui qui annoncera qu’il fait partie des 120 heureux élus invités à revenir le lendemain, après l’écrémage de la première journée. Une perspective à laquelle ne pensent pas du tout Jessy et Clément. La paire de milieux récupérateurs venus de Neuilly a d’autres projets que celui de passer l’été à Miami. Ils sont juste là pour « se jauger par rapport aux autres » . Et se défouler un peu pendant leurs vacances, eux qui étudient à l’University College of London pour l’un, et à la Sorbonne pour l’autre. En attendant, c’est le moment pour tout le monde d’enchaîner trois matchs de trente minutes, et tenter d’impressionner le staff de la franchise américaine. Mais attention : certains postes sont plus observés que d’autres. « On recherche des gardiens de but, des défenseurs et surtout un buteur. À Miami, on a du milieu de terrain, avec les joueurs qui viennent d’Amérique latine » , confie Youri Vaisse.

Un dernier match décisif

Le jeudi matin, c’est tout décoiffé que Jordan débarque un peu en retard sur les terrains d’Épinay, au grand dam de Nadine, sa maman coiffeuse. Prévenu à 8 heures qu’il était convoqué à… 8 heures, car sélectionné parmi les joueurs retenus pour la deuxième session, le gardien n’a pas eu le temps de se faire beau. Mais peu importe. En plus, son pote Jason est là aussi. « Hier, je le sentais bien, franchement, mais maintenant, il y a vraiment des bons gardiens » , s’inquiète le portier de 179 centimètres, qui aime arrondir son anatomie à 1,80 mètre. « Sa taille est évidemment un obstacle, souffle Nadine, alors que son fils est déjà sur le terrain. Son père et moi, on n’arrête pas de lui dire, mais il fait semblant de ne pas entendre. Aux Girondins, ils lui ont pourtant clairement fait comprendre qu’ils ne le prenaient pas à cause de ça. » Après une matinée de matchs à sept contre sept sur des demi-terrains, « un exercice dans lequel personne n’a de poste défini, où on ne peut pas se cacher, et qui nous permet d’observer les attitudes » , explique Youri Vaisse, ils ne seront plus que trente à revenir après le déjeuner, pour disputer un match décisif. Jordan en sera, pas Jason. Parmi ces trente rescapés, certains joueront cet été sous les couleurs du FC Miami City. S’il devait être appelé, Jordan ne sait pas s’il accepterait de participer à l’aventure. Bergerac, son club, lutte actuellement pour la montée en National. Un niveau largement plus élevé que la D3 de l’Oncle Sam. En attendant, il doit rentrer fissa en Dordogne. Le lendemain, il est convoqué à midi avec son équipe. Pour monter dans un bus, direction… Paris, où il doit affronter la réserve du PSG. Les plaisirs du foot amateur.

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