- Reportage
- France
On était à Marseille aux 20 ans du 26 mai 93
20 ans tout pile après sa victoire en Ligue des champions, l’OM recevait Reims pour clôturer un championnat terminé à la deuxième place. De quoi festoyer avec (quelques) anciens de 1993 et Sophie Tapie au micro.
« A jamais les premiers » . Ce slogan, c’est un peu ce qui différencie le supporter marseillais de tous les autres sur terre. A chaque fois qu’il ne saura pas répondre à une vanne sur un maillot Europe ou un transfert foireux, il aura la parade avec cette référence au 26 mais 1993, le soir où l’OM a battu le Milan AC pour ramener à la France sa première coupe d’Europe. Et n’allez pas lui dire que son club a gagné une Coupe des Clubs champions, pour être précis, où avant de sortir le Milan en finale, ils ont eu pour adversaire le CSKA Moscou, les Glasgow Rangers et le FC Bruges. La C1, c’est sacré. Cette année, l’anniversaire des 20 ans tombait le jour du dernier match de la saison au Vélodrome. De quoi vraiment fêter l’évènement, puisque pour les 10 ans, le président d’alors, Christophe Bouchet, s’était presque contenté d’écrire une lettre à la Ligue pour demander la restitution du titre de 1993…
Boli tacle Barton
Au programme donc un match méchoui contre Reims déjà sauvé, et des célébrations avec les anciens tout autour. Très vite, Barthez, Di Meco, Desailly, Deschamps, Boksic, Völler se sont cependant fait excuser. C’est qu’il n’y a pas de Marseille 93 comme il peut y avoir de France 98. Deschamps et Desailly n’ont par exemple guère envie de recroiser Eydelie, qui ne les avait pas épargnés dans son bouquin. Et puis il y a ceux qui trouvent qu’on les appelle au dernier moment, une fois que la deuxième place est assurée, qui ont presque l’impression de déranger. C’est le cas de Basile Boli, tout de même présent. « J’ai accepté parce que je viens rarement ici. C’est la fête des mères, mes enfants m’ont dit de venir » s’excuse-t-il presque avant la rencontre dans un hôtel sur le Vieux Port, où l’OM les a réunis pour une photo de famille. Angloma, Boli, Eydelie, Casoni, Sauzée, Abedi Pelé, Olmeta, Jean-Christophe Thomas, Jean-Philippe Durand et Jean-Marc Ferreri. « Ah ouais, c’était ça l’équipe ? C’est probable que Tapie ait acheté quelques matchs pour qu’ils soient champions d’Europe » , s’esclaffe un photographe dans sa barbe. Pascal Olmeta, visiblement en forme, chambre Boli sur la politique avant de s’en prendre à l’intendant de l’époque qui lui a refilé un maillot avec le numéro 16. Même s’il était devenu remplaçant, il avait le 1… « Basilou » , comme l’appelait Thierry Roland au moment de son but, vient ensuite à la rencontre des médias pour parler du club pour lequel il dit « on » . Il distribue les bons points à Valbuena et Baup, assure qu’il aurait rêvé de voir Balotelli à l’OM, et finit par dégommer Barton : « Je l’ai vu jouer. Bon, c’est gentil mais ce n’est pas ce qu’il nous faut à l’OM » .
La bande des dix se rendra ensuite sur la pelouse avant le coup d’envoi pour saluer le public avec la coupe. Pas de Bernard Tapie avec eux même si les tribunes scandent son nom. L’ancien président est resté aux côtés de Vincent Labrune et Margarita Louis-Dreyfus, qui a enfilé le maillot third de la saison prochaine pour l’occasion. Au terme d’une première mi-temps loin d’être folle, la Tsarine se fera apporter une doudoune sans manches. Il y a du vent, mais les supporters ont pu déployer leur banderole pour la toute nouvelle tribune Ganay de 8000m². Sur le terrain, l’équipe phocéenne n’a plus besoin de s’arracher pour faire 1-0, ça sera donc un score nul et vierge. A noter tout de même que Kadir, entré en seconde période, réussira ses premiers dribbles sous le maillot de l’OM. Pas suffisant pour faire dévier les supporters de leur chant à la gloire de Tapie.
Au coup de sifflet final, le film de la saison passe sur l’écran géant. Avec « Stress » de Justice en bande originale, ça ne s’invente pas. La soirée se finit avec un feu d’artifice et un « We are the champions » chanté par Sophie Tapie. Les joueurs passent une dernière fois par la zone mixte avant les vacances. Tous ont droit à la même question de la part des journalistes locaux : « On se voit à la reprise hein ? » Avec bien sûr beaucoup plus d’inquiétudes lorsque c’est prononcé à l’attention de Nkoulou ou Mandanda. En fait, les meilleurs clients, ce sont encore et toujours les joueurs de 93, qui s’amusent à passer dans les couloirs du Vélodrome en voiturette de golf. Il n’y en a qu’un de la bande que le temps semble avoir vraiment amoché. C’est celui qui reste proche de Labrune. Mais plus il avance, plus il a une excuse : il s’agit en fait de PPDA.
par Romain Canuti à Marseille