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On était à Mantes-la-Ville pour Mantes–Nantes

Par Antoine Donnarieix, à Mantes-la-Jolie
On était à Mantes-la-Ville pour Mantes–Nantes

Après le Paris Saint-Germain mardi soir, une autre équipe francilienne avait à cœur de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Coupe de France : le FC Mantois 78. Pour cela, il fallait faire tomber Nantes dans un froid de Canaris.

La gare Saint-Lazare est bondée, comme souvent en fin d’après-midi. Les va-et-vient se succèdent, les escalators offrent un peu de répit. Sur le quai, le panneau électronique annonce que la rame 26 sera cette fois-ci attribuée à la ligne J du Transilien, direction Mantes-la-Jolie. En tout et pour tout, 24 arrêts séparent Mantes Station de la maison mère du Far West parisien. Un voyage où les barres d’immeubles laissent place à la verdure provinciale. Une petite heure passe, le soleil se couche au fur et à mesure de l’avancée dans les profondeurs des Yvelines. Le pas pressé après être sorti à bon port, deux jeunes Mantais savent où se passe l’événement de la soirée. « Je joue avec les U19 ici, explique Dramane. Je reviens juste du foot avec l’Association sportive du lycée. Même si j’ai des places offertes pour ce match contre Nantes, je voulais jouer aujourd’hui. Après, à choisir, j’aurais préféré jouer ce soir ! » Ambitieux, le garçon connaît la ville comme sa poche et s’oriente en fonction de la lueur des projecteurs du stade Aimé-Bergeal, là où l’ambiance promet d’être chaude. Aux abords du complexe, les chants du public et la voix du speaker font monter la température. « Bon, finalement, c’est peut-être mieux de ne pas le jouer, ce match, avoue Dramane. Pour une première, j’aurais trop de pression ! » La date est historique pour le FC Mantois, l’affluence aussi : environ 6000 personnes prennent place pour voir la magie de la Coupe de France opérer ce mercredi soir.

Pitch et Bernard Lama dans la place

Si une petite bande de potes se paie le luxe de regarder la rencontre depuis un balcon d’appartement, d’autres ne possèdent pas la même chance. Dramane fait la queue pour entrer, mais l’attente devient longue. Trop longue. Il est 18h30, le match démarre, mais encore un bon millier de personnes est encore dehors à attendre de subir une minutieuse fouille corporelle. « J’ai des places aussi, mais il y a vraiment trop de queue, explique Walid. Ça fait une heure que je suis là, ça n’avance pas… Je vais rentrer chez moi et regarder le match au chaud. » Après avoir jeté un dernier coup d’œil à travers le trou du grillage pour observer le début de rencontre, l’homme abandonne. Dommage, parce que l’entrée réserve une bonne surprise : trois hommes engagés par l’entreprise Pasquier sont là pour offrir aux plus courageux les fameux Pitch au chocolat. « C’est gratuit et à volonté ! » explique l’un d’eux. Pas besoin de le dire deux fois, les promoteurs sont assiégés par les passants, à grands coups de poignées vigoureuses.

Gourmandise oblige, une cinquantaine de mètres plus loin, c’est la foire aux emballages laissés par terre. Sans trop broncher, le dernier cordon de sécurité laisse les spectateurs trouver une place. En tribune couverte si la place le mentionne, sinon, la traditionnelle rambarde fera l’affaire. Malgré l’arrivée du grand froid, Mantes et Nantes décident de jouer cette rencontre dans des conditions peu favorables au football. Le terrain, gelé et glissant, gêne Lorik Cana dans ses appuis. Sa chute sera sans conséquence majeure. Bref, le match possède les caractéristiques du bourbier par excellence. Sans réelle occasion de but, la partie boucle son premier acte par un insipide 0-0. Tandis que les corps frigorifiés vont se ravitailler en cafés chauds, Bernard Lama fait une entrée en crampons pour PMU. Le but ? Offrir au tireur de penalty 100 euros de paris sportifs par mois pendant un an, à condition de marquer un tir au but à l’ancien gardien du PSG. « Bernard, fais tourner le joint ! » entend-on depuis les travées. Satanée réputation.

« Oh l’arbitre, siffle demain la prochaine fois ! »

Emmitouflé dans son épais manteau après avoir plongé en compagnie de son traditionnel pantalon noir et ses chaussettes blanches, Lama prend des photos souvenirs avec l’heureux gagnant. Prêt à en découdre, Mantes revient en premier sur la pelouse. Mais l’envie ne fait pas tout. Autour du terrain, même la piste d’athlétisme commence à briller et blanchir. Nantes se rapproche des buts locaux, mais manque de précision dans le dernier geste. Jules Iloki en prend pour son grade. « Hé le 11, t’as rien à faire en Ligue 1 ! » La pression s’accentue, mais malgré le poteau de Yacine Bammou, Mantes reste toujours en vie. « Yacine ! Regarde-nous, Mantes-la-Jolie ! C’est le 7-8 ma gueule, tu marqueras pas ici ! » Les provocations s’enchaînent, toujours dans le bon esprit. Mantes puise dans ses réserves pour arracher une prolongation, sans avoir vraiment inquiété le jeune Maxime Dupé. Un papa va chercher des frites et des sandwichs à la merguez pour ses fils. « On prolonge le plaisir pour tout le monde, explique-t-il avec le sourire. On aura froid plus tard. Maintenant qu’on est en prolongation, j’y crois. Allez les Rouges ! »

Le mégaphone issu de la tribune d’honneur est à présent branché en continu sur le mode alarme, mais le FC Mantois subit encore les assauts canaris. Le poteau sauve une nouvelle fois les amateurs, mais le vent va finir par tourner avec le but de Bedoya, dans la toute fin des arrêts de jeu de la première période. Un Mantais s’insurge. « Oh l’arbitre, siffle demain la prochaine fois ! Allez les gars, c’est pas fini… » Face à l’obligation de marquer, Mantes réserve une fin de match intense pour ses supporters. Une ultime tentative est détournée par Dupé sur sa barre, la suite engendre une action confuse, sans que le ballon ne franchisse la ligne d’après les officiels. Au coup de sifflet final, les joueurs de Mantes se congratulent tout de même malgré cette décision litigieuse, ils récoltent de lourds applaudissements. Et pour cause : ils viennent de rendre un magnifique hommage à toute la ville. De retour à la gare, un sexagénaire philosophe avec son ami sur le match : « On sera tombé avec les honneurs contre une Ligue 1, les gars peuvent être fiers. Sinon, j’ai vu que la 2 des seniors jouait demain. On y va ? » Chiche.

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