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On était à Madrid pour la finale de la Ligue des champions

Par Pablo Garcia-Fons, à Madrid
On était à Madrid pour la finale de la Ligue des champions

La finale formelle de la C1 avait lieu à Lisbonne avec ses officiels en costard et Michel Platini en faiseur de roi. La vraie finale cependant se déroulait dans les rues de Madrid, entre supporters de l'Atlético et du Real Madrid, entre Neptuno et Cibeles, une Mahou à la main, des rêves plein la tête et les yeux rougis pas l'émotion. Reportage.

On est encore à une poignée d’heures du coup d’envoi de la finale et le clivage commence doucement à s’installer à Madrid. Pas de guerre civile, pas de barricades dans les rues, mais les plus téméraires se pavanent déjà, en famille, maillot sur le dos, de 7 — ou moins — à 77 ans — ou plus.

Ce samedi, on quitte tôt les boutiques après une journée de travail de toute façon pas bien productive, gaspillée en interminables débats, scénarios possibles, compositions probables et pronostics en tout genre. L’heure est à la prise de position et les neutres sont regardés de travers. Les métros sont déjà bondés. À côté de trois hommes d’affaires en costume, attaché-case à la main, se mélangent pèle-mêle pro-Real et pro-Atléti, parfois assis sur la même banquette l’un à côté de l’autre. Certains prennent la direction de Bernabéu, d’autres de Calderón, beaucoup rejoignent juste des amis pour boire un verre avant le coup d’envoi.

Malgré les 120 000 supporters à Lisbonne et ceux qui sont allés remplir les deux stades de la ville, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un débit de boisson et compte un poste de télévision est pris d’assaut. Le troquet du coin a décidé de faire les choses dans les règles de l’art. « La salle du haut pour les supporters du Real, celle du bas pour l’Atlético et la terrasse pour tout le monde » , prévient un écriteau sur la porte d’entrée. La ségrégation théorique n’empêche pas les exceptions. « Je suis pour l’Atléti, mais ces quatre abrutis sont pour le Real, je ne vais pas regarder le match tout seul » ,explique Kike, drapeau de son club de cœur en guise de cape en montrant du doigt ses amis de toujours, ses ennemis d’un soir. Les tables sont réservées depuis une semaine déjà et les places assises sur les tabourets des côtés sont chères et convoitées, la majorité suivra le match debout, à moitié écrasée contre le mur. Bondées il y a à peine quelques minutes, les rues sont maintenant désertées. Forcément, le coup d’envoi vient d’être donné.

Mahou 1€, bière 2€, vodka 15€

L’enjeu, la pression et surtout la faim donnent un caractère presque bon enfant aux premiers instants du match. Tout le monde est finalement plus occupé à se remplir la panse qu’à suivre le balbutiement de football sur l’écran géant. Au fil des minutes, les litres de Mahou ingurgités aidant sûrement, l’ambiance devient plus chaleureuse et le volume sonore atteint son niveau de croisière : entre 100 et 120 décibels. Soudain, explosion de joie, Godín vient d’ouvrir la marque !

Tandis que du côté de l’Atléti on s’embrasse, on s’enlace, en haut, côté Real Madrid, c’est la consternation. « Oh non pas toi San Iker, pas toi mon Dieu ! » , s’écrit une dame élégante, écharpe du Real sur le carré Hermès. Après, la mi-temps, la tension atteint son comble. Chaque demi-occasion est accueillie par des grands cris, de déception ou de soulagement. Même Alberto, le stoïque tenancier, a arrêté de servir et regarde l’écran, l’air hagard, une écharpe de l’Atlético enroulée autour du poignet. On ne vit plus, on ne respire plus et puis, à l’ultime instant, au moment où tout était presque gagné pour les uns et presque perdu pour les autres, l’égalisation de Sergio Ramos. Boum !

Le mobilier vole, les supporters du Real ne forment plus qu’une masse humaine enlacée rebondissant contre les murs. Prolongation. Côté Atlético, on se rassoit, on prend une gorgée de bière, on subit la joie du voisin. Bale, Marcelo, Ronaldo : à chaque fois la même joie, à chaque fois les mêmes larmes, le Real a gagné, l’Atlético a perdu, on part festoyer, on rentre chez soi.
Une même rumeur se met alors à parcourir toute la ville : « Cibeles, Cibeles, Cibeles, todos a Cibeles. » Désertes il y a à peine quelques minutes, les rues se remplissent à nouveau. Toutes à sens unique, elles déversent leur foule blanche en direction de la calle de Alcalá et de Gran Vía. Sur le chemin, un heureux épicier, videur à l’entrée comme en boîte de nuit, fait son chiffre d’affaires de l’année en vendant 1 euro la canette de Mahou, 2 euros la Heineken et 15 euros la bouteille de Vodka. Quelques mètres plus loin, premier barrage policier, l’alcool et les fauteurs de troubles sont priés de rebrousser chemin tandis que les autres continuent leur périple.

Partout on s’interpelle, on s’agrippe, on s’enlace, on saute, on sympathise, on s’embrasse. Les plus petits montent sur les épaules des plus grands. On grimpe aux poteaux pour admirer la foule sans fin, retrouver un ami ou dérouler un immense drapeau. 10 000 personnes attendent déjà autour du cordon de sécurité dressé par la police, des milliers d’autres les rejoignent. Il est à peine plus de minuit, les joueurs ne seront pas là avant de longues heures. Cette nuit, Madrid ne dormira pas.

Dans cet article :
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Par Pablo Garcia-Fons, à Madrid

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