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- Inauguration du Nouveau Stade de Bordeaux
On était à l’inauguration du nouveau stade de Bordeaux
Dix jours après l'adieu à Lescure, et deux ans et demi après la pose de la première pierre, le Nouveau Stade de Bordeaux a été inauguré lundi, devant 2 000 personnes triées sur le volet. Un événement majeur qui était attendu en Gironde, et auquel nous avons assisté, en V.I.P. En attendant le coup d'envoi sportif, donné vendredi prochain, lors de la dernière journée de championnat, face à Montpellier…
Toutes les conditions étaient réunies pour que la fête soit belle. Du beau temps, des gens sélectionnés et admis uniquement sur invitation, des joueurs au garde-à-vous, des people aussi sobres que classes, des huiles pas coulantes du tout, du bon vin, des hôtesses d’accueil souriantes, un possible futur président de la République, et un écrin qui brillait de mille feux, avec dans le miroir, le reflet des flashs qui crépitaient de partout. Du lourd sur la pelouse-billard du nouveau stade, quoi. Le tout, dans le quartier en pleine mutation de Bordeaux-Lac. Une inauguration soft et chic, à l’image d’une ville qui renaît de ses cendres depuis plus de quinze ans. Et d’une dynamique culturelle et sportive qui lui emboîte le pas.
Savourer sans s’enflammer
Histoire d’avoir l’air moins cons, les Marine et Blanc avaient eu la bonne idée de ne pas perdre à Lyon deux jours avant (1-1) et donc, de pouvoir étrenner leur « bol » sans trop de pression dès samedi, face à des Pailladins coiffés sur le poteau. Mais si l’objectif de la 6e place était atteint, il ne fallait pas non plus s’enflammer ; seule la victoire du PSG face à Auxerre, en finale de Coupe de France, permettrait aux hommes de Willy Sagnol de disputer l’Europe, avec les tours préliminaires de C3… Pas de frime, donc. Mais le sujet du jour était ailleurs. Et pour le traiter convenablement, il fallait reprendre la chronologie de l’événement dans son ensemble.
– 16h, accueil des privilégiés, avec, dans la foulée, visite de l’arène, sur fond de musique classique, et de chants de supporters.- 16h10, arrivée des Girondins – néo-pensionnaires –, dans leurs tenues chicos-décontractées, accompagnés par des anciens du club, puis par les éducateurs et les staffs respectifs.
– 16h30, arrivée cette fois-ci des rugbymen de l’Union Bordeaux-Bègles, autres pensionnaires, mais intérimaires, en survêt-club. Les premiers cités sont installés en tribune, à droite de la sortie des vestiaires ; les suivants, à gauche. Limite, on les croirait assis sur un tapis volant, à la Foire aux Plaisirs. Attention, décollage !- 16h40, Alain Juppé débarque en compagnie de Nicolas de Tavernost et Jean-Louis Triaud.
– 17h, l’Opéra national de Bordeaux donne un concert, bien cramponné à une pelouse thermo-régulée, d’un vert à en faire pâlir un Stéphanois. On passe de Strauss à Verdi, en revisitant le répertoire classique, et l’incontournable Carmina Burana. Cuivres, percussions et chœurs : ça joue mieux que sur celle cabossée de Chaban… Du moins, sans fausse note. Les Marine et Blanc observent, tout en zappant sur leurs portables. On entend même fuser un peu plus loin un cinglant : « C’est bien la première fois qu’ils vont à l’opéra… » LOL.
Puis vient le temps des discours. Juppé prend la parole, suivi des intervenants majeurs : politiques et bâtisseurs. Un maire qui s’écrie alors : « Dieu, que ce stade de Bordeaux est beau ! » Lui qui, à l’origine, n’en voulait pas… avant de reconnaître avec sincérité que l’idée suggérée par l’un de ses adversaires politiques était finalement bonne pour l’avenir… Au tour de Nicolas de Tavernost de saisir le micro. Il l’avait déjà fait en coulisse un plus tôt, en gratifiant l’assistance d’un : « Quand je vois ce nouveau stade, je me dis que depuis 1999 (date de prise de fonction de M6, ndlr), on a fait du bon travail. » Fierté, satisfaction, Euro 2016, remerciements, ode au métal (le poids du stade fait plus de deux fois celui de la Tour Eiffel), tout y passe. Normal. Seuls les joueurs, descendus depuis dans le couloir menant à la pelouse, se font engueuler. Pourquoi ? Parce qu’ils parlent plus fort que leur boss, sur l’estrade… 17h45, ils déboulent sur leur terrain, tenus par la main par des gamins du club, dont l’un offre des ciseaux à l’édile, pour la traditionnelle découpe de ruban tricolore, programmée juste après avoir fait tomber le voile masquant la plaque inaugurale. Clac ! C’est officiel, il y aura de la vie dans ce stade ! Des matchs de foot, de Top 14, des concerts – on annonce Madonna et AC/DC – pour l’année prochaine… Mais en attendant, conf’ de presse improvisée sur la ligne de touche, puis cocktail, coupettes et gastronomie locale à déguster en loges ferment le protocole.
Champions League et Yoann Gourcuff ?
Oui, mais à un moment donné, il fallait bien parler foot. Et Jean-Louis Triaud, le seul à ne pas avoir encore dit mot, se prêtait au jeu. « C’est une satisfaction d’arriver au terme de ce projet, et de voir ce stade fonctionner très bientôt… Mais aussi la réaction de gens qui le découvrent, et qui sont autant émerveillés que nous, confiait-il. Ça fait vraiment plaisir de partager l’éblouissement que l’on ressent devant ce stade. » Pour le coup, pas de langue de bois. Et quid de l’Europe, dans tout ça ? « Quelqu’un a dit dans son discours qu’il aimerait que l’Opéra de Bordeaux revienne pour jouer l’hymne de la Champions League… mais j’ai peur que les chanteurs qui étaient là ce soir soient à la retraite, le jour où l’on aura une chance de se qualifier » , balançait-il sourire en coin. Incorrigible, le prés’ ponctuait néanmoins le propos avec moins de légèreté : « On peut toujours rêver, mais bon, on se battra pour se qualifier. » Nouveaux objectifs, nouveaux desseins, mais nouveaux joueurs ? Comme s’il fallait mettre un diamant dans l’écrin… tel Yoann Gourcuff, par exemple ? « Les chances de le voir ici ? Je n’en sais rien, répondait Triaud. Il faut que l’entraîneur soit d’accord sur le projet. S’il l’est, il faut que Yoann Gourcuff ait envie de venir à Bordeaux. Donc, si tous ces éléments sont réunis, pourquoi pas. Pour l’instant, il n’y a aucune discussion ou contacts entretenus. »
Ce lundi, en inaugurant leur stade flambant neuf, les Girondins ont écrit la première page de leur nouvelle histoire. Une enceinte magnifique qui rallie tous les suffrages, mais qui n’a pas encore officiellement de nom…
Par Laurent Brun, à Bordeaux