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On était à l’inauguration de la rue Sócrates à Saint-Ouen
Ce samedi 30 mars, en fin de matinée à Saint-Ouen, So Foot s’est rendu au futur Village olympique de Paris 2024 pour le dévoilement d’une plaque de la rue principale en l’honneur de Sócrates.
Éterniser. C’est par ce mot rare de la langue française que Rai, le plus français des Brésiliens, ponctue au micro son discours en portugais traduit par une interprète appliquée. Emmitouflé dans sa doudoune bleue et abrité de la pluie fine par la tente dressée sur un podium d’où il domine l’assistance, il rend un hommage ému à son grand frère disparu en 2011 et en l’honneur de qui cette rue va être baptisée : « Cette rue dans laquelle nous sommes, c’est éterniser tout ce que Sócrates représente ! C’est aussi éterniser tout le monde : nous sommes ici en Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen, en France, dans la capitale du sport mondial à travers Paris 2024. C’est éterniser toutes les valeurs que représentait Sócrates : celles des luttes sociales, d’égalité, de démocratie et de paix. Pour un monde plus juste et plus solidaire. » Devant 200 à 300 personnes, dont l’ambassadeur du Brésil en France, le préfet et le sous-préfet, on note la présence d’une délégation d’une cinquantaine de citoyens et citoyennes brésiliens, dont des représentants du Mouvement des sans-terre (MST) ainsi que des deux fils de Sócrates et de sa belle-fille. Après les discours du président du Comité olympique brésilien et de Raí, Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, s’est fendue d’un laïus plutôt bien tourné, et Marcelo Freixo, un proche de Lula et ancien militant politique antidictature, a rappelé le sens des combats démocratiques véhiculés autrefois par le héros barbu de la Démocratie corinthiane. Enfin, Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, a évoqué son enfance foot et ses souvenirs émerveillés de la Seleção du Mundial 1982. Bref, tous les samedis matin ne sont pas comme celui-ci.
« Là-bas, ils ont été surpris par l’inauguration d’une rue Sócrates »
Mais au fait… Comment est née l’idée d’une rue du Dr Sócrates ? Christophe Disic, directeur des Sports et de l’Héritage olympique de la Ville de St-Ouen, nous avait mis au parfum deux jours avant : « En 2020, Karim Bouamrane est élu maire, et Saint-Ouen est choisie, tout comme les villes de Saint-Denis et de l’Île-Saint-Denis, pour abriter le Village olympique. Il faudra accueillir 14 500 athlètes et 9 000 pendant les paralympiques ! On nous a informés qu’on allait devoir donner des noms aux rues du Village. Moi, en parallèle, je suis aussi chargé de faire venir le Comité olympique brésilien pendant les JO. Avec le maire et les élus, on s’est activé à trouver des noms à une rue de ce Village… Et bingo ! Sócrates ! » Une évidence qui s’impose, notamment et avant tout par les valeurs portées en son temps par l’ancienne star brésilienne du ballon rond. Disic reprend le fil : « C’est bien sûr sa stature exceptionnelle de leader de la Démocratie corinthiane qui nous a inspirés. On aimait l’idée qu’après les JO, en héritage, on laisse aux gens qui vont venir y vivre un nom de rue pérenne qui s’appelle Dr Sócrates. On a capté Raí qui s’est montré enthousiaste. Surtout que notre municipalité développe plein de projets avec Belem, São Paulo, Rio, basés sur l’écologie, l’éducation, le sport, les sciences. »
C’est sur le podium planté au bout de cette rue qui donne sur la Seine, au milieu des résidences de cinq à six étages aux façades de couleur ocre, que s’est déroulée la cérémonie du dévoilement de la plaque. Et c’est ensuite au milieu de la cohue indescriptible qu’a eu lieu le découpage de ruban tricolore par Raí, Amélie Oudéa-Castéra et Karim Bouamrane posant pour la photo en affichant un maillot des Corinthians floqué Sócrates. Les trois personnalités se sont livrées aux questions-réponses des reporters, dont certains, comme ceux d’O Globo, venus en équipes tout droit du Brésil. Et pour cause ! « Là-bas, ils ont été surpris par l’inauguration d’une rue Sócrates, en rigole Christophe Disic. Karim Bouamrane a rencontré au Brésil les maires de Rio et Belem et il les avait informés de cette initiative. Nous pensons être les premiers à avoir concrétisé la nomination d’une rue Sócrates. On a mené l’enquête et on ne croit pas qu’il y ait une rue Sócrates dans le monde, et même nos amis brésiliens n’arrivent pas à nous le dire. » Rencontré il y a un mois dans d’autres circonstances, Raí nous avait confié, sans être tout à fait sûr, qu’un stade Sócrates avait été baptisé dans la banlieue de São Paulo. Ce samedi encore, notre gentleman footballeur a trouvé le temps de nous glisser ces quelques mots : « C’est une journée historique. Ici, la rue Sócrates va inspirer toute une nouvelle génération et tous les athlètes pour leur conscience non seulement sportive, mais aussi politique. » Pouvait-il s’imaginer qu’on célébrerait un jour la mémoire de Sócrates en France ? « Oui ! Je crois que les valeurs de la France et de Sócrates s’identifient et se croisent. Je l’attendais, mais je n’aurais jamais imaginé que ce serait lors de l’année olympique, dans le village olympique. Ici, dans la capitale du sport, dans la France que j’aime, là où j’ai eu une histoire qui est aussi maintenant celle de Sócrates. » Enfin, assistera-t-il aux JO cet été ? Affirmatif et hilare : « Je ne bouge pas d’ici, surtout pas ! »
@so_foot Décédé en 2011, le « Docteur » Sócrates a désormais le droit à sa rue, à Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), à l’intérieur du village olympique. Iconique footballeur des Corinthians et de l’équipe du Brésil, mais aussi médecin (oui oui), Sócrates s’est battu pour la démocratie dans son pays. L’inauguration de sa rue s’est faite en présence de son petit frère, la légende du PSG Raí, et de la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra. #sofoot #footballtiktok #sportstiktok #rai #socrates #psg #corinthians #bresil #brazil #brasil #selecaobrasileira #foryou #pourtoi #saintouen #paris #jo2024 #mbappe
Par Allan Doisneau et Chérif Ghemmour