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PSG : pour toi public
Pour la première fois depuis l'été 2012, le PSG a ouvert une séance d'entraînement au public. Ce vendredi, au Parc des Princes, les Parisiens se sont donc entraînés devant plus de 30 000 personnes. Et on y était.
Onze ans d’abstinence rompus pour une heure de plaisir. Le Parc des Princes, au cœur du beau temps parisien, a accueilli ce vendredi le premier entraînement du PSG ouvert au public depuis août 2012. À peine sorti du métro, c’est une foule importante qui se précipite vers l’antre du 16e arrondissement de la capitale. Deux choses sautent aux yeux : un grand nombre d’enfants accompagnés par leurs parents, vacances scolaires obligent, mais surtout, cette masse de supporters n’est pas moins conséquente que celle qui s’y rend d’ordinaire le week-end ou en milieu de semaine. D’après le club, plus de 32 000 personnes ont répondu présent. Seules les tribunes Boulogne et la partie VIP/présidentielle de Borelli sont fermées, tandis que le reste semble rempli comme à l’accoutumée. « C’est un moyen d’aller au Parc à moindre coût parce que c’est devenu très très cher de venir », explique Julien, maillot rouge, devant le Parc.
Payant mais abordable
À moindre coût, mais à coût tout de même. Si les abonnés avaient le droit à une place pour eux et deux invitations, le reste a dû sortir sa CB pour s’offrir le droit de voir les superstars parisiennes s’entraîner pendant une heure. Beaucoup ont effectivement dû débourser entre cinq et quinze euros. « Je pense qu’ils font payer pour éviter qu’il y ait trop de monde, notamment des persona non grata. Ils ont privilégié les personnes avec des familles », estime Miguel, un habitué du virage Auteuil où il a pris place ce vendredi. D’après France Bleu, si le PSG n’a pas tout rendu gratuit, ce serait pour pouvoir payer la sécurité du stade.
Pour Baptiste, qui vient seulement pour la deuxième fois au Parc après plus de dix ans d’absence, les tarifs restent très abordables. Surtout comparés aux prix parfois délirants pratiqués par la billetterie parisienne : « Ça aurait pu être gratuit, mais c’est à la hauteur de tout le monde de payer cinq ou quinze euros. Alors que des places à cent balles… » Son pote Deiva, vit même sa première au Parc des Princes, alors qu’il habite dans le 91 : « J’avais envie de venir au moins une fois dans ma vie et comme c’est à la portée de tout le monde, j’en ai profité », détaille-t-il. Pour son voisin de tribune, le sentiment est mitigé. Même si, selon lui, c’est une bonne chose d’avoir enfin ouvert une séance, cela démontre que « ce n’est plus un club, mais une entreprise. Ils font encore de l’oseille sur le dos des gens ».
Toujours est-il que faire payer pour assister à un entraînement est assez peu commun. Depuis quelques années, les grands clubs, voire tous les clubs des premières divisions, raréfient les séances ouvertes aux supporters. Le Real Madrid, par exemple, ouvre en général un seul entraînement par an, au tout début de la saison. D’ailleurs, c’est l’homme aujourd’hui à la tête de la Maison-Blanche qui est à l’origine de la fin des entraînements publics au Camp des Loges, comme croit le savoir Miguel : « C’est Carlo Ancelotti qui a fait cesser cela, et ensuite Leonardo n’était pas pour une réouverture non plus. »
Un Parc pour enfants
À l’étage supérieur du virage Auteuil, l’ambiance commence gentiment à monter, et Michel Montana, le speaker du Parc, prend des airs de MC de kermesse : « Qui veut des T-shirts ? Je ne vous entends pas ! » Des milliers de cris juvéniles répliquent immédiatement. Un Parc qui sonne particulièrement jeune, notamment quand le speaker décide d’annoncer tout l’effectif comme s’il dévoilait le onze de départ. Sans surprise, Mbappé a le monopole du CUP. Ismaël Gharbi, Hugo Ekitike ou encore Gianluigi Donnarumma n’ont toutefois pas reçu un accueil très marqué, puisque les écrans du Parc font grève après l’annonce de Warren Zaïre-Emery. Après que le terme « union sacrée » (après trois défaites lors des quatre derniers matchs, faut-il le rappeler) a été prononcé par Ambre Godillon, qui s’occupe d’animer les avant-matchs, les festivités peuvent réellement démarrer au sein du virage, alors que les joueurs font leur entrée sur la pelouse.
Avant d’entamer leur séance, les joueurs se lancent dans un long tour d’honneur, d’au moins cinq minutes. En attendant l’arrivée du cortège royal, le capo donne le ton : « Ce n’est pas tous les jours qu’ils auront 35 000 personnes à un entraînement ! » Le virage s’embrase, et des oncles enlèvent leur pull pour impressionner leurs neveux et leurs nièces, bien amusés au moment de hurler « Marseille, Marseille, on t’encule » devant maman. Les joueurs finissent par s’arrêter devant le CUP, prennent une photo avant de filer faire un toro pour quinze bonnes minutes. Tandis que les chants insultant l’OM et ses supporters pleuvent depuis un bon moment, le capo remarque que la moyenne d’âge de son virage a chuté. « Bouchez-vous les oreilles », demande-t-il aux petits avant de lancer « Marseillais, va niquer ta mère sur la Cane-cane-canebière ». Peu d’oreilles sont bouchées, et beaucoup de mamans marseillaises sont insultées.
Après un « on s’en bat les couilles de les regarder, on est là pour les pousser, les encourager », le capo voit les joueurs entamer un attaque-défense devant Auteuil. Un peu plus tôt, Mbappé s’était isolé à proximité de la surface pour haranguer la foule pendant que le reste du groupe était dans le rond central, à sagement écouter Galtier. L’exercice commence, et Donnarumma repousse une frappe du chouchou du public, qui réagit comme s’il s’agissait vraiment d’une occasion manquée. Le Français finit par dribbler le portier italien et marque, provoquant une belle effervescence dans les travées. L’entraînement s’achève après cet exercice, le quatrième de la soirée. Ce qui peut paraître assez peu pour Steven, le coach des U12 du FC 93 Bobigny, venu avec une dizaine de ses joueurs « tous supporters du PSG », aux frais de son club. « Je trouve que c’est pas mal parce que ça permet de montrer aux enfants qu’il n’y a pas que les matchs et que le travail passe aussi par les séances d’entraînement », affirme-t-il, heureux de cette ouverture.
La plupart des joueurs regagnent les vestiaires en applaudissant les tribunes de loin. « Restez un petit peu là », demande le capo aux joueurs, sans être écouté. Si ce n’est par Mbappé, Zaïre-Emery et Ekitike, qui prolongent le plaisir de quelques minutes pour envoyer des sacoches dans le but côté CUP. Cette séance se conclut sur un craquage général sur tout l’anneau supérieur et sur ce qui est probablement le record du monde de « Marseille, Marseille, on t’encule » consécutifs. La fin de la prohibition semble donc être une réussite. Toutefois, on peut se demander s’il s’agit d’un événement sans lendemain. « Il y a deux effets, je pense. Passer un peu de pommade, et puis motiver les joueurs, montrer qu’on est derrière eux », explique Anthony, venu avec son fils. « Ce n’est que pour faire plaisir aux supporters et c’est purement marketing. C’est unique. Ce n’est que pour le Classique », estime plus froidement un autre supporter. Miguel est plus optimiste : « Je pense que ça va revenir au fil du temps. Peut-être que la saison prochaine, ce sera plus accessible pour tout le monde. » Julien rappelle, lui, que le prochain centre d’entraînement pourrait faire bouger les choses : « La prochaine fois, j’espère que ce sera au Camp des Loges, puis au futur centre à Poissy. » Ainsi, le prochain exploit du PSG pourrait être de faire déplacer 30 000 personnes à Poissy, pour quelque menue monnaie.
Par Léo Tourbe, au Parc des Princes