- Coupe du monde
- Équipe de France de l'Assemblée
On était à la présentation de l’équipe de France des députés
Il y a quelques semaines, les représentants de l'Assemblée nationale ont annoncé la création, Coupe du monde oblige, d'une équipe de France de football des députés. Ce mercredi, rendez-vous était donné dans l'un des salons de l'hémicycle pour dévoiler les membres de ce nouveau groupe Bleu. Entre franche rigolade et petits tacles placés.
Le ciel est gris et il pleut dru ce mercredi sur la rue de l’Université. Aux portes du 128, une petite poignée d’observateurs se sèche et attend de passer les contrôles de sécurité. Les pièces d’identité dégainées et les caméras déposées sous l’objectif du tapis roulant, le temps est venu de pénétrer dans les lieux. À côté des voitures de fonction, les costards-cravates bavardent, téléphonent, se fendent de rires gras. Jeunes ou bedonnants, parfois les deux, tous ne se rendent pas à l’événement qui se tient au bout de l’allée. Vêtue selon les standards de la République, une femme indique alors le chemin : « À votre droite, s’il vous plaît » . Le salon est majestueux. Paré de dorures, boisé à souhait, verdure en arrière-plan, l’endroit sent bon les réunions politiques et les réceptions de circonstance. Au milieu du fatras de perches déjà présentes, un petit homme à la stature populaire est encerclé. Guy Roux, la voix molle et le verbe lent, répond aux premières sollicitations des journalistes. Il évoque l’équipe de France, le Variété Club de France et finalement son rôle dans cette équipe fraîchement formée. Pas le temps de développer que la foule se déplace. Successivement, Jacques Vendroux, puis Claude Bartolone aimantent les objectifs. Les principaux acteurs sont là, que le match commence.
Un groupe (presque) transpartisan
Du bas des petites chaises de fortune, le pupitre paraît bien garni. On stage, Jacques Vendroux, Régis Juanico, Eduardo Rihan-Cypel ou encore Guy Roux se partagent micros et Badoit. Aux premiers rangs, quelques députés et futurs membres de l’équipe s’échangent des regards complices. Pour ouvrir le bal, Claude Bartolone prend la parole en prenant soin de citer Paix et guerre entre les nations de Raymond Aron et de tracer un lien entre l’action des députés et le ballon rond. L’argumentaire est quelque peu bancal, mais qu’importe. Seule une anecdote sur la rencontre difficile du XV parlementaire français contre celui des All-Blacks arrache un sourire à l’assistance. Paraît-il qu’un homme à la tête de la Cour des comptes serait sorti du terrain au bout de 10 minutes dans un état de décomposition avancé… Juste avant de céder sa place, il présente le Graal : un maillot de l’équipe de France, floqué numéro 10 au nom d « Assemblée nationale » . Un nom très long pour une équipe de poids lourds.
#DirectAN #Bresil Présentation de l’équipe de #France de l’Assemblee nationale … je jouerai gardien de but pic.twitter.com/G5ajZyHi19
— Lionel TARDY (@DeputeTardy) June 4, 2014
Passés les discours de remerciements de la Fédé, Guy Roux présente sa liste : « Après des années, me voici enfin sélectionneur de l’équipe de France (…). J’ai toujours une grande peur qu’il arrive un accident de santé. Il est arrivé une fois un claquage, mais jamais plus. J’espère que ça va continuer ! » Hauts les cœurs, les femmes sont les premières citées. Elles sont 6, dont Marie-Arlette Carlotti et Barbara Pompili, à qui le short devrait aller à ravir. Chez les hommes, il y a du monde. Tellement que l’ami Guy oublie de tourner la page et les quelques noms restants. Parmi les têtes d’affiche, on retrouve Eric Woerth, Bruno Le Roux, Luc Châtel ou encore François Barouin. Une équipe médicale, ou plutôt « coupeuse de citrons » portera, entre autres, en ses rangs la bruyante Cécile Duflot. De l’UMP au PS en passant par l’UDI, les Verts et même l’extrême gauche, cette équipe se veut ainsi transpartisane. Ou presque. Marion Maréchal Le Pen et Gilbert Collard ne font en effet pas partie du groupe.
Des paroles et des actes
Avant même sa première rencontre, cette EDF des députés compte déjà deux capitaines : Eduardo Rihan-Cypel et Régis Juanico. Quand le discours du premier reste mesuré, celui du second dérive. Tancé par Jacques Vendroux sur son auto-nomination au poste de gardien titulaire, le socialiste patine. Il faut dire qu’un autre joueur prétend à la place de numéro 1. Au fond de la salle, Lionel Tardy et son envergure d’albatros trépigne. Lui qui se verrait bien garder les bois fait déjà face à la mainmise de certains sur la compo. Juanico s’en sort avec une pirouette locale : « Ruffier n’étant que remplaçant, un Stéphanois se devait d’être titulaire en équipe de France. » Lloris-Ruffier, Juanico-Tardy : même combat. Les gants déposés, Juanico reprend en vantant le diversité de l’effectif, mais s’enlise de nouveau : « Légère surreprésentation des députés des Français de l’étranger, mais bon, on va pas s’en plaindre, après tout, ils existent, comme nous. » Merde, Régis… La première affiche au profit du service de cardiologie pédiatrique de l’hôpital Necker annoncée (le 10 septembre contre le Variété Club de France qui comptera plusieurs pointures en son sein selon Jacques Vendroux, Yannick Noah étant la seule confirmation connue), les députés s’installent dans la pièce adjacente pour la traditionnelle séance photo.
Au milieu des crépitements, il est en un qui tente de se faire remarquer : Ramzy Hammadi, député à la litanie aisée, ose la blague : « Nous, on descendra du bus ! » Rire solitaire, regard gêné… Le trait d’esprit fait toutefois place aux interviews en petit comité. Pendant que Guy Roux parle d’Eduardo Rihan-Cypel, ce député « qui aurait pu jouer en National ou en CFA » , l’intéressé s’adonne à une séance de jongles en mocassins. La technique est habile, le discours plus policé, notamment lorsqu’on l’interroge sur le schéma tactique : « On va faire des passes, jouer en bloc et mettre le collectif au service de nos individualités. » Ass.Nat, c’est le Barça ! Des individualités pourtant, cette équipe semble en compter. Au détour des discours, tous louent la patte gauche d’un certain Philippe Martin. Ce dernier assume, entre deux blagues sur l’état des croisés de Lionel Tardy : « J’ai une très bonne pointe de vitesse et une certaine qualité de centre. » Ailier solide, il ne tarde d’ailleurs pas à faire trébucher un Cyril Eldin en pleine tentative de dribble. La star de l’équipe est dure sur l’homme. Pour Claude Bartolone, l’heure du déj’ approche. Après avoir refusé quelques échanges de la tête (on le comprend, les lunettes, c’est pas pratique), le chef de l’hémicycle regagne ses appartements. Pendant ce temps, Régis Juanico continue son marathon médiatique : « Vous savez, j’ai participé à plusieurs compétitions dans la Loire, en lancer du disque notamment. » Il est d’ailleurs l’un des derniers à demeurer dans la pièce, en compagnie de son co-capitaine Rihan Cypel, du loquace Razzy Hammadi et de coach Roux. Il est déjà 13h, soit le moment de rejoindre les tables de la cafet’ pour s’y gaver des féculents. Le mot de la fin est toutefois réservé à l’ami Juanico, incité à s’exprimer en brésilien : « Tutto bene » . Gracias Régis.
La liste des 36 (sous réserve de modifications d’ici le 9 septembre) :
Eduardo RIHAN CYPEL
Régis JUANICOPouria AMIRSHAHI
Christian ASSAFAlexis BACHELAY
François BAROIN (UMP)Nicolas BAYS,
Christophe BORGELMarie-Arlette CARLOTTI
Christophe CAVARD (Écolo)Luc CHATEL (UMP)
Virginie DUBY-MULLER (UMP)Hervé FERON
Hugues FOURAGE
Jean-Marc GERMAIN
Razzy HAMMADI
Marietta KARAMANLI
François-Michel LAMBERT (Écolo) Pierre-Yves LE BORGN
Isabelle LE CALLENNEC (UMP)Bruno LE ROUX
Arnaud LEROYSandrine MAZETIER
Édouard PHILIPPE (UMP)Barbara POMPILI (Écolo)
François PUPPONIGwendal ROUILLARD
Nicolas SANSU (GDR) Lionel TARDY (UMP)
Thomas THEVENOUDOlivier VÉRAN
Fabrice VERDIER Patrick VIGNAL
Eric WOERTH (UMP)
Coupeurs de citrons :
Patricia ADAM
Cécile DUFLOT (Écolo)Joëlle Huillier
Kléber MESQUIDA
Par Raphael Gaftarnik, au Palais Bourbon