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On était à la présentation de Gareth Bale
Comme tout bon transfert galactique qu’il est, celui de Gareth Bale a eu le droit à sa présentation en grande pompe. Au beau milieu d’un Bernabéu au quart plein, une flopée de journalistes anglo-saxons et une langue de bois made in perfide Albion. So Foot y a pointé le bout de son nez. Enfin, a essayé.
« Le club annonce déjà 20 000 personnes, tout rond. C’est bizarre, il espérait cela hier. » Le journaliste de l’AFP, enfoncé dans l’un des sièges de la salle de presse, prêt à recevoir les premiers mots du tout frais Gareth Bale, n’est pas le seul étonné par cette matinée un brin folle. Quelques heures plus tôt, c’est un contingent impressionnant de journalistes qui s’est pressé dans les arcanes du Santiago Bernabéu. Dans la nuit, le Real Madrid annonçait officiellement la présentation de son « nouveau prince de Galles » – dixit Marca – à 13 heures pétantes, dans son antre. Seul hic, certains correspondants n’ont pas pris la peine de lire le mémo : un mail doit être envoyé par son journal pour confirmer la présence. À midi, quelques refus sont essuyés, alors qu’en temps normal, le passe pour les conférences de presse suffit. Oui, « mais on ne recrute pas tous les jours Gareth Bale, et nous n’avons pas autant de journalistes anglais qui viennent » , répond-on. Soit, il faudra se contenter d’une place dans les tribunes et d’un siège en conférence de presse.
La réclame du Bernabéu à Özil
Heure espagnole oblige, la présentation prend du retard. Les supporters du Real Madrid s’agglutinent dans une enceinte qui n’a ouvert que son premier anneau. Pour passer le temps, des buts du Gallois et des images de sa visite médicale matinale passent en boucle sur les écrans géants. Certains journalistes n’ayant pris place dans le carré presse trouvent des subterfuges. La télévision suisse décide ainsi de s’armer d’une petite caméra haute-définition, de s’asseoir au milieu des socios ou supporters lambdas et de filmer serré l’écran géant : « À la guerre comme à la guerre. »
Ils auront donc apprécié le sourire gêné du Gallois lors de sa présentation. Une fois sur le pré, arborant fièrement sa nouvelle liquette blanche, l’attaquant ne semble pas trouver sa place, lui qui a l’habitude de partager ce rectangle vert avec 21 autres acteurs. A contrario d’un Cristiano Ronaldo, ou dernièrement d’un Neymar à Barcelone, il n’enchaîne pas les dribbles et jonglages improbables. Le Gallois se contente d’embrasser le fanion du Real Madrid – « le club de mes rêves » , ne cessera-t-il de répéter –, de balancer à la main quelques ballons dans les gradins et d’applaudir sa famille venue dans ses bagages. Pas peu fier de sa nouvelle acquisition, Florentino Pérez profite du bain de foule en compagnie des agents et avocats du joueur. Proche du terrain, il reçoit quelques acclamations. Ouf, son pari est réussi, son nouveau jouet plaît au peuple merengue. Seul hic, il remet en place quelques supporters peu contents du sort réservé à Mesut Özil. Aux « Özil no se vende » , le président de la Casa Blanca répond par un simple doigt sur la bouche. La remontrance suffit à calmer les ardeurs de certains.
Gareth est content, très content
Après une bonne demi-heure de serrages de main, de congratulations et de « Bale, we trust in you » , il est temps de passer au grand oral médiatique. Les milliers de supporters peuvent vaquer de nouveau à leurs occupations, ranger leurs toutes fraîches écharpes « Bale 11 » et se caler des tapas dans l’estomac. Tout aussi bien, ils peuvent se rendre à la boutique de la marque aux trois bandes du stade qui n’a pas perdu de temps pour floquer des maillots merengues au nom du Gallois. Le reste se passe quelques mètres sous ladite boutique. Pleine à craquer, la salle de presse du Bernabéu est un melting-pot. Depuis le départ de David Beckham, plus aucun serviteur de Sa Majesté n’avait revêtu la tenue blanche du Real. Après une attente de trente minutes, le Gallois a enfin eu le temps d’entrer dans son costard-cravate et de refaire sa mèche. Le grand oral peut commencer. Écouteurs vissés sur les oreilles pour les questions en espagnol, l’ancien joueur des Spurs étale une langue de bois qui semble ravir de plaisir les membres de sa famille assis au premier rang. Car entre les « Madrid est un rêve » , « je peux jouer n’importe où » et « Cristiano Ronaldo est le meilleur joueur du monde » , rien à se mettre sous la dent. La seule réponse « Je serais aller au Real Madrid même pour un penny » détend une conférence de presse tout ce qu’il y a de plus politique. Car de cette première journée madrilène, Gareth Bale a ravi son monde dans la Maison Blanche. À la sortie de conférence de presse, le sourire d’Emilio Butragueño, ambassadeur du Real, résumait tous les discours de rigueur : Gareth est content, et toute la maison madrilène avec.
Par Robin Delorme, au Santiago Bernabéu