- Brésil
- J22
- Bahia-Vasco de Gama (1-1)
On était à la première de Payet avec le Vasco de Gama
Premier match, dimanche, dans la chaleur de Bahia pour la recrue d’un club avant-dernier au classement. En 45 minutes, le Français a déjà marqué les esprits par son talent et sa personnalité.
Transversales millimétrées, amortis en extension… L’échauffement d’avant-match de Dimitri Payet est déjà un régal pour les milliers de supporters du Vasco massés dans un coin du virage nord de l’Arena Fonte Nova, à Salvador de Bahia. Même couverts par les puissants tambours de la torcida locale, les « Payé Payé Payé Payé » sont perçus par le principal intéressé qui y répond par des pouces levés.
« Ce mec, c’est le Michel-Ange du ballon rond ! »
Maillot n°10 floqué au nom du français, Mateus ne boude pas son plaisir : « Ce mec, c’est le Michel-Ange du ballon rond ! C’est le meilleur joueur que le club a engagé depuis des décennies. Avec lui, c’est sûr, on va s’en sortir. » Vaudrait mieux. Le Vasco de Gama est 18e au classement. Le FC Bahia, 16e. C’est dire si le match de cette 22e journée (sur 38) du Brasileirao, qui débute à 18h30 dans la chaleur moite de cette fin… d’hiver face à 46 000 spectateurs, est importante pour les deux clubs.
Dimitri commence sur le banc. C’était prévu, annoncé et confirmé dans l’ascenseur qui mène à la tribune de presse par une équipe de membres du staff technique du Vasco, tous de noir vêtus, ordinateurs en main, qui se déplacent en silence. « Comment se passe son intégration ? Est-il prêt physiquement ? Vous pensez qu’il peut aider le Vasco à rester en 1re division ? » Trop de questions, pas assez d’étages. Tout juste, dans un bref sourire, un « on espère qu’il va nous aider. Il va entrer en 2e mi-temps. »
De fait, après 40 minutes d’un match plutôt fade, l’ancien Marseillais part s’échauffer avec deux coéquipiers. L’espace est exigu, coincé près du poteau de corner adverse, sous un groupe de supporters du Bahia. Pas d’injures, pas de bouteille en plastique. Ici, le Français est respecté. Lui a du mal à suivre les instructions de l’entraîneur adjoint. Il regarde avec inquiétude les occases se développer devant les buts du Vasco. À la 44e, Ademir ouvre la marque pour le Bahia FC. Dimitri Payet accélère l’échauffement.
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« Quand il est entré, il n’a pas été seulement bon, analyse Marcelo Marinho, journaliste de Radio Globo. Il s’est tout de suite comporté en patron. Il a encouragé et replacé ses coéquipiers et orienté la relance, s’est rendu disponible. On a vu que c’était le talent associé à l’expérience. » Déviations, récupérations dans les pieds des adversaires, ouvertures parfaitement dosées… L’ex-joueur de l’OM ne s’est, il est vrai, pas économisé pour battre le tempo d’une deuxième mi-temps nettement plus en faveur du Vasco.
« Pour nous, les jeunes joueurs, c’est une chance de le côtoyer au quotidien »
61e minute : Pablo Vegetti est fauché dans la surface. Penalty. Il prend le ballon pour se faire justice lui-même. « Payet s’est rapproché et s’est proposé de le tirer, croit savoir Marcelo Marinho. Mais il a ensuite encouragé son coéquipier et a célébré l’égalisation avec rage. Ça prouve à quel point il a déjà le Vasco dans la peau ! » Payet aurait surtout pu mettre définitivement les supporters dans sa poche. Peu avant la fin du match, il presse en effet pour récupérer le ballon et adresse au point de penalty à Jair une passe qui aurait dû être décisive, si le milieu défensif avait cadré. Sans parler de cette action, en toute fin de rencontre, où, après deux crochets dans la surface, un pied adverse qui traînait l’empêche d’ajuster son tir.
À défaut d’en avoir été le héros, Payet a déjà séduit par des débuts prometteurs. Dans la zone mixte, le défenseur « Leo Pelé » est impressionné : « On savait que c’était un grand joueur, mais nous sommes tous impressionnés par son professionnalisme, sa volonté d’apprendre la langue, de s’intégrer. Pour nous, les jeunes joueurs, c’est une chance de le côtoyer au quotidien. » Payet n’aura pas le temps de s’exprimer. Convoqué pour le test antidopage, c’est d’un pas pressé qu’il rejoint le car qui n’attend plus que lui. À la question lancée à la volée « Dimitri, content de votre premier match au Brésil ? », Michel-Ange se contente de sourire.
Par Jean-Claude Gerez, à Salvador, Bahia