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On était à la manif anti-Kita

Par Jérémie Baron, à Nantes
6 minutes
On était à la manif anti-Kita

À Nantes, le calme n'est pas à l'ordre du jour. Le rassemblement pour demander le départ du président Waldemar Kita, organisé dimanche par les supporters aux abords de la Beaujoire avant la rencontre face à Dijon et qui se voulait pacifique, s'est rapidement transformé en triste affrontement avec les forces de l'ordre. Avec, entre deux émanations de lacrymo, pas mal de revendications à faire passer et un dépit qui se généralise.

« Dimanche 12h, enterrement du FC Kita ! Parking du Ranzay – Pacifiques et masqués. » Une chose est sûre, l’appel lancé en milieu de semaine a trouvé son écho, et même plus que prévu : à la mi-journée ce dimanche, on compte dix-huit fourgons de CRS garés en épi devant les grilles de la Beaujoire, alors que près de 300 supporters du Football Club de Nantes ont commencé à se rassembler sous le crachin, à quelques centaines de mètres de là. La rencontre entre le FCN et Dijon n’a lieu que trois heures plus tard, mais le peuple n’est pas vraiment là pour ça, de toute façon. « On participe à un rassemblement lancé par des supporters et citoyens excédés par la situation, on n’en est pas initiateur, pose Nicolas, membre de la Brigade Loire, lors d’un échange précédant la manifestation. La situation du club est la même depuis treize ans, et après treize ans d’inepties, de clowneries, de magouilles, aujourd’hui ce n’est plus tenable et le club est en véritable péril. » Alors que les cortèges de cet acabit ont habituellement lieu en fin de saison, la communauté jaune et vert a décidé de se retrousser les manches dès décembre.

Depuis l’humiliation subie à domicile une semaine plus tôt contre Strasbourg (0-4) et le limogeage de Christian Gourcuff, les banderoles contre la direction de l’octuple champion de France se sont multipliées un peu partout dans la cité des ducs de Bretagne – mais aussi au-delà – et les #KitaOut ont fleuri sur les réseaux. Les griefs concernant la gestion du club sont nombreux, de la crise sportive aux fréquentations douteuses de Waldemar Kita (la récente perquisition réalisée à la Jonelière n’annonce rien de bon) en passant par la valse des entraîneurs qui se perpétue ou encore – nouvelle lubie du président – le projet de déménagement du centre d’entraînement dans le pays d’Ancenis, soit à plus de 30 kilomètres de La-Chapelle-sur-Erdre.

C’est loin d’être une nouveauté, mais les aficionados des Canaris qui se sont déplacés souhaitent de plus en plus fort voir le Polonais – à la tête du club depuis 2007 – déguerpir. « Le club est gangréné de l’intérieur depuis des années, et on ne parle pas que des Kita, poursuit Nicolas. On est dans une situation qui est bien plus profonde qu’un changement d’entraîneur. On appelle clairement les élus à prendre en main le sujet, à faire le nécessaire. Une lueur de lucidité est apparue au conseil métropolitain vendredi (l’ouverture d’un comité de pilotage au sujet du club par l’adjoint aux sports Ali Rebouh, N.D.L.R.), il semble y avoir eu une prise de conscience tous partis confondus. On en appelle aussi aux anciens du club pour mettre en lumière cette situation scandaleuse. »

Périph dans la brume et cessez-le-feu final

Ce dimanche, il s’agit donc de se faire entendre, et voir, sept jours après avoir déjà arrêté le car des joueurs pour quelques explications. Mais à peine le périphérique traversé pour prendre la direction du stade – trajet habituel les jours de match avec public – après déploiement des banderoles, craquage d’un fumigène et débuts des chants à l’encontre du père Kita, le comité d’accueil réservé aux supporters se met en action. La consigne est simple : personne ne doit réussir à s’aventurer sur le parking et s’approcher de l’enceinte. Une grenade de désencerclement lance les hostilités, le gaz lacrymogène enveloppe les lieux, et la foule est repoussée route de Saint-Joseph, sur le pont entre deux sorties de périph’, alors que les projectiles fusent de part et d’autre dans un brouillard artificiel dont la quatre-voies quelques mètres plus bas n’est pas exemptée, à la grande surprise des automobilistes passant par là. Battant en retraite, le gros des manifestants tente de faire le tour pour s’approcher côté tribune Loire, le long de la ligne 1 du tramway nantais, dans une avenue étriquée où les forces de l’ordre n’ont aucun mal à repousser le mouvement, des camions de police faisant des allers-retours d’un bout à l’autre du stade. Et au moment où le car jaune et vert se pointe sans encombre, c’est de l’autre côté que les affrontements battent leur plein.

Son départ, c’est tout ce qu’on réclame. En finir avec cette mafia, faire un nettoyage.

Il faut finalement attendre 13h30, et le retour du cortège côté Ranzay, pour qu’un cessez-le-feu ait lieu – à condition que la masse de personnes reste sur la route sans s’approcher de la zone protégée – et que l’ensemble des banderoles puissent être dévoilées pendant un gros quart d’heure : toutes les branches du club et collaborateurs contestés du clan Kita (parmi lesquels les agents Mogi Bayat, Willie McKay et Bakari Sanogo) en prennent alors pour leur grade. Mais pour Bertrand et son fils Thomas, dégoûtés de voir les techniciens se succéder sur le banc et la maison jaune partir à la dérive, le sentiment est amer : « On est restés coincés dans une impasse au moment où ils ont chargé. L’idée était d’entrer sur le parking et les lacrymos ont été envoyées direct. On est là pour soutenir, on était pacifiques, avec juste des banderoles, mais la manif est foutue. »

Même son de cloche chez Jérôme et Thibaut, la trentaine, un peu plus tard au moment où tout le monde se disperse : « C’est incompréhensible, on n’était pas si nombreux que ça, il n’y avait pas tant de danger. On bloque la circulation, alors qu’on pourrait être sur le parking. On n’en peut plus de Kita, son départ, c’est tout ce qu’on réclame. En finir avec cette mafia, faire un nettoyage. On s’attendait à ce que ça se passe comme ça, mais peut-être pas à ce point-là. On se serait mis sur le parking, pour lancer quelques chants, et terminé. En plus, on sait très bien que si ça dégénère, ça va nous desservir, donc on n’a aucune raison de faire ça. » Waldemar Kita et son rejeton Franck, eux, se sont tranquillement installés en tribune, au milieu de l’après-midi, pour voir leur FCN, à la maison face au dernier du championnat, signer un cinquième match de rang sans succès. C’était un triste dimanche pour le football nantais.

Dans cet article :
National : La chute des gros, la rébellion des mals-classés
Dans cet article :

Par Jérémie Baron, à Nantes

Propos recueillis par JB

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