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On était à la finale de la Coupe de France

Par Lhadi Messaouden
On était à la finale de la Coupe de France

On l'annonçait depuis des semaines et c'est désormais chose faite : le PSG a remporté la Coupe de France et devient ainsi le premier club à gagner tous les titres nationaux en une saison. Une performance historique qui n'a pas émoustillé plus que ça les supporters de la capitale. Ambiance (ou pas) en tribune parisienne.

19h15, ligne 13 du métro, direction Porte de Paris. Habituellement plein lors d’un jour de match au Stade de France, le métro est vide. On croise quelques supporters habillés de rouge et de bleu, mais aucun Auxerrois. L’ambiance est calme, signe annonciateur d’une soirée qui le sera tout autant. Arrivé au Stade de France, un jeune homme avec un maillot période pré-Qatar se met à crier, histoire que tout le monde l’entende : « J’espère que Pastore va marquer ! » Comment te dire, garçon… ? Ce soir, ton idole argentine est suspendue, donc en costard. Try again. Arrivé sur le parvis du Stade de France, une énorme foule s’apprête à pénétrer dans l’arène. Des petits, des jeunes, des moins jeunes et un petit groupe de cinq-six Parisiens qui tentent de donner de la voix. C’est loupé, les chants ne prennent pas et le groupe file se planquer en tribunes, la tête basse, couvert de honte. Le speaker du SDF fait sa présentation habituelle, sans oublier de remercier les sponsors et la merveilleuse FFF, et souhaite la bienvenue aux quatre spectateurs qui observeront la rencontre depuis une nacelle. Un enfant qui a du mal à rester sur sa chaise lance maladroitement à son père que « ce serait drôle s’ils tombent… » C’est lui qui a raison.

On est là pour le match ou pas ?

Le match démarre, et les supporters parisiens sont à l’image de leurs joueurs : apathiques et pas dans le rythme. On entend à gauche et à droite les sempiternelles « Allez Paris, Allez PSG » et « Ici c’est Paris » , qui sont uniquement repris par ceux positionnés en tribune basse. Tout ça ne dure pas bien longtemps et le silence reprend vite le dessus. Sam, un abonné du Parc depuis les années 90, questionne avec un air malicieux son pote Jorge : « Ce ne serait pas une mouche qu’on entend là ? » On serait plutôt tenté de lui dire que c’est le monsieur à notre gauche, celui qui est train de bailler. La main devant la bouche s’il vous plaît. La rencontre avance, les Auxerrois et les Parisiens galèrent sur le terrain. Pendant ce temps, Van der Wiel réussit ses deux premiers gestes techniques de la saison. « C’est le jubilé Van der Wiel » , hurle un homme, écharpe vintage nouée autour du cou.

Mais ces quelques envolées lyriques ne font pas oublier la triste réalité du soir. Un match décisif pour leur club se joue devant eux et les spectateurs parisiens sont ailleurs. Un petit regard sur toute la tribune suffit à s’en rendre compte : certains ont les yeux rivés sur le téléphone, tandis que d’autres prennent des selfies, dos à la pelouse. L’arbitre du soir siffle la mi-temps. Étrangement, cette pause d’un quart d’heure a le mérite de réveiller l’enceinte avec une séance de frappes entre jeunes du PSG et de l’AJA. Les titis parisiens humilient à neuf reprises le gardien auxerrois et l’emporte avec sept buts d’avance. Merci pour cette ribambelle de buts, en espérant qu’on en verra une autre. Le temps passe et le speaker nous envoie un message : « Chers fans, restez à vos places au coup de sifflet final pour un spectacle pyrotechnique offert par la Fédération française de football. » Normal, avec la FFF, c’est tous les jours Noël…

« On est chez nous ! »

En seconde période les choses s’accélèrent, Paris met la pression et fait passer un frisson dans sa tribune. On commence enfin à se lever côté parisien et à pousser les joueurs. Mais encore une fois, cela finit par s’estomper. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Les quelque 20 000 supporters du PSG retombent dans leur état d’hibernation et reprennent du poil de la bête quand l’arbitre se décide enfin à sortir des biscottes jaunes. Les insultes pleuvent sur le crâne chauve de Monsieur Gaultier alors que deux minutes auparavant, tout était calme. Et quand ce n’est pas l’homme en jaune qui en prend pour son grade, ce sont les Auxerrois. Des « paysans, paysans, paysans » s’élèvent depuis la tribune Nord. Pourtant, venus en nombre, les Auxerrois, eux, sont irréprochables. Leur virage, tout de blanc vêtu, assure l’ambiance et fait même résonner cet incroyable chant : « Oh-oh, Oh, oh-oh-oh, Sammaritano ! » , sur l’air du générique de Fort Boyard.

« Vous voyez ça, c’est malsain. Les gens dorment quand il faut encourager nos joueurs, mais quand il faut insulter l’arbitre et l’adversaire, tout le monde répond présent » , nous explique Laurent. Une fois le PSG devant au tableau d’affichage, on se dit que la fête va enfin prendre le pas sur le reste. Que nenni. Après le but de Cavani, on ne perçoit que des « Auxerre, enculé ! » auxquels les Bourguignons répondent par un « On est chez nous ! » de bon aloi. Le score ne bouge pas et certaines places commencent d’ores et déjà à se vider. « On ne reste pas pour le trophée ? » , demande un fils à son paternel. « Non, on a déjà vu celui de champion de France… » , lui répond-il. Pourri gâté. Le coup de sifflet final retentit, la vraie fête peut enfin démarrer.

« De l’autre côté s’il vous plaît… »

Après quelques minutes de protocole, Thiago Silva & Co soulèvent enfin la Coupe de France. L’ambiance est enfin festive. Les noms de Cavani et d’Ibra retentissent, et les deux buteurs semblent apprécier. « Champion mon frère ! » est repris en cœur par tous les joueurs et s’impose un peu plus comme l’hymne officiel de cette équipe. De loin, on aperçoit les Parisiens s’installer sous une arche pour la photo officielle. « Bravo les organisateurs de les mettre dos à nous ! On ne voit même pas la coupe » , s’insurge une jeune femme. Difficile de la contredire. Les minutes défilent et les joueurs du PSG ne viennent toujours pas vers la tribune parisienne. Grâce à l’écran géant, on comprend qu’ils sont en train de présenter les quatre trophées de la saison.

Une belle collection que seule la tribune présidentielle a le droit de contempler, les joueurs étant toujours dos au kop parisien. « De l’autre côté s’il vous plaît. Merde quoi ! » , s’agace-t-on. Les Parisiens s’avancent enfin vers leur peuple, à commencer par Matuidi qui s’improvise kapo du soir. Micro en main, ce dernier réussit à faire chanter toute la tribune d’une seule et même voix. Fait rarissime au Parc cette saison. Son énergie parvient à faire exploser les supporters de joie, tandis que Marquinhos nous gratifie de quelques pas de danse avec son pote David Luiz. Tout ça va durer une bonne vingtaine de minutes, histoire d’emmener tout ce beau monde vers le feu d’artifices qui conclut la soirée. L’occasion pour Blaise de délivrer un dernier message : « Cette année, on a été les plus forts en France. » Sur le terrain, oui. En tribunes, c’est une autre histoire.

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Targhalline : « Je n’avais pas d’autre choix que de réfléchir plus vite »
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Par Lhadi Messaouden

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