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On était à la dédicace de Karim Benzema
À un peu plus de deux semaines de l'Euro, Karim Benzema a assumé son rôle d'ambassadeur de l'équipementier Adidas hier pour délaisser une journée Clairefontaine et faire une halte à l'enseigne des Champs-Élysées. Au programme de sa perm', une conférence de presse puis quelques dédicaces, photos et serrage de pognes avec les fans. Ambiance.
Quelques jours avant le départ pour la « Polognukraine », où il est attendu comme le messie par ses compatriotes, Karim Benzema était invité par l’équipementier allemand Adidas pour « renouveler son engagement avec la marque » , devant les journalistes venus nombreux. Et l’ancien Lyonnais a également pu sonder sa popularité auprès du peuple, après une saison presque parfaite avec le Real Madrid.
« Karim est notre plus beau porte-drapeau en ce moment » , confie un membre du staff d’Adidas. Certainement vrai, à en voir la foule massée sur la plus belle avenue du monde, devant le magasin. Ils sont nombreux à être venus apercevoir et applaudir l’homme censé porter sur ses épaules musclées une équipe de France qui attend énormément de lui. Lui, l’oublié (ou le chanceux, c’est selon) du cauchemar de 2010, devenu l’espoir de toute une nation. Mais il leur faudra patienter quelque peu, le temps pour Rim-K de régler cette question administrative, et de répondre à quelques interrogations concernant l’échéance européenne au premier étage de la boutique.
Après avoir étalé la pommade reçue par un représentant de la marque aux trois bandes et paraphé le juteux contrat agité sous son nez, Benzegoal peut s’installer face à l’auditoire, ses pompes à crampons orange soigneusement disposées à ses côtés. Chaussures que « le joueur a aidé à développer » , pour qu’elles deviennent « les plus rapides du marché » . Selon le bonhomme, il s’agit des mêmes godillots chaussés par Lionel Messi chaque weekend, au moment d’aller terroriser l’Espagne toute entière. Donc oui, qu’on se le dise : si la Pulga a reçu trois Ballons d’Or d’affilée, c’est – un peu – grâce à la Benz’ (sic).
Génération désenchantée
Mais Benzema, ce n’est pas non plus le joueur le plus à l’aise lorsqu’il se prête au jeu des questions-réponses avec les journaleux. Pour faire court, il ne faut pas attendre ce genre de rendez-vous pour voir le scoop de l’année sortir de la bouche du buteur tricolore. Évidemment, le gaillard est « content de retrouver » la génération 87, enfin réunie après des années de disette. Entourés des Menez, Nasri, Ben Arfa, avec lesquels a été champion d’Europe des moins de 17 ans, Karim espère « faire quelque chose de beau » sous le soleil ukrainien, même s’il estime qu’il ne « faut pas mettre la pression sur cette génération » . Quant au costume de patron qu’il devra endosser cet été, l’attaquant botte en touche : « Le patron… Je ne sais pas. Je me prépare pour être bien. Il faut de toute façon être bon à chaque fois, que ce soit en équipe de France ou en club. Je sais qu’on attend beaucoup de moi. Je ne me mets aucune pression. »
Bien sûr, Benzema est « content » que Mourinho rempile à Madrid, car « c’est le meilleur entraîneur du monde » , Giroud est quant à lui « un bon attaquant » , Ibrahimovic « est très fort et fait de bons matchs avec le Milan AC » , et « l’Angleterre est une grande équipe qui a l’habitude des grandes compétitions » … Seule la question sur la légitimité du capitanat d’Hugo Lloris aura le mérite de faire marrer le buteur des Bleus, en mode prompteur jusque-là : « C’est un bon capitaine. En dehors du terrain, il ne va pas s’exprimer tout le temps, mais sur le terrain et avant les matchs, tu l’entends. » Bref, un condensé de révélations croustillantes qui donne vite envie de passer à la suite du programme.
Adidas vs Nike
La suite, donc, c’est un bain de foule organisé par Adidas, qui a mis les petits plats dans les grands pour accueillir son égérie. Pour la mise en scène, Karim ressort du magasin pour s’accorder une montée des marches et un photocall digne du Festival de Cannes, et la marque aux trois bandes peut au passage faire profiter aux journalistes de la pancarte titanesque déployée en façade spécialement pour l’événement. Quelques jets de balles dédicacées dans le public plus tard et la fameuse dédicace peut commencer. Rim-K peut s’installer confortablement, stylo à la main, le pouce en l’air, et attendre louanges, remerciements et petite pose pour la photo de profil dans une ambiance bon enfant. Même si les quinze gorilles autour du footballeur, ainsi que les membres du staff de la marque, semblent s’amuser à rendre compliqué l’événement. Benzema, lui, ne s’en fait pas et profite de l’instant, au cours duquel il paraît assez à l’aise. Le retour en France du fils prodige, ça a du bon. L’ami Ribéry, dont l’état de santé mental consécutif à la cruelle finale est « rassurant » , selon les textos échangés avec Karim, ne peut se targuer d’une telle popularité de ce côté du Rhin.
Plusieurs centaines de supporters et supportrices ont donc fait le déplacement, mais seule une partie d’entre eux pourra changer sa photo Facebook ce soir. Parmi eux, de nombreux déçus de n’avoir pu approcher leur idole, dont Steven, qui arbore un maillot du Paris Saint-Germain : « Il est venu à cause de moi, explique Keyv son pote, également recalé. Je suis supporter du Real depuis plusieurs années maintenant. » « C’est le meilleur joueur actuellement en France » , estiment les deux larrons, qui n’auront pas eu la chance d’échanger un mot avec la Benz’.
D’autres peuvent s’en vanter. C’est le cas de Beka, Amin, Benjamin et Waly, venus entre potes tâter la pogne du champion madrilène. Parmi les premiers devant la boutique des Champs, les heureux ont pu bénéficier d’un « Pass VIP » , réservés aux groupies qui collent la barrière. « C’est du foutage de gueule, leur truc, on pensait qu’on pourrait le voir après » , s’insurge Beka. « Ils ont pas voulu qu’on prenne de photos, continue la bande en chœur. J’ai galéré à faire signer mon maillot de l’équipe de France parce que c’est un Nike » . Pas charmés par la rigueur de l’accueil allemand, les compères ont tout de même pu savourer la rencontre avec la star du jour : « Benzema c’est un gars cool, il est gentil, ne se la raconte pas, et puis il est accueillant. » Ces footballeurs du dimanche admettent tâter la gonfle de temps en temps, « mais tranquille, un petit joint à la main ! » Supporters inconditionnels du Real, leurs dernières pensées vont tout de même à l’attention du Kanak le plus apprécié de la capitale. Champs-Élysées obligent. « On est à fond pour Madrid, fuck Barça ! Mais on est avant tout des supporters du PSG. On est content que Montpellier soit champion, parce qu’on est pour Kombouaré, nous ! » Prends ça, Ancelotti.
Par Arthur Scherer, aux Champs-Élysées