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On était à la Coupe de France de baby-foot

Par Jérémie Baron, à Saint-Aignan-Grandlieu (Loire-Atlantique)
On était à la Coupe de France de baby-foot

Toujours non reconnu comme un sport au niveau national, le baby-foot reste un art capable de réunir durant deux jours 400 passionnés venus de tout l'Hexagone dans un gymnase perdu au milieu de la Loire-Atlantique. C'était ce week-end, à l'occasion de la Coupe de France des clubs de la discipline. Et évidemment, on y était.

Du haut de ses 11 ans, Armand maîtrise déjà la science du baby. Et pour cause : il fait équipe avec son père Régis, créateur en 1995 du club de Segré – « une passion née dans les bars » – dont ils portent le maillot, et sa mère Stéphanie. « Je joue depuis que j’ai 5 ans » , explique fièrement le garçon avant de poser avec sa petite famille de passionnés. Ce week-end en Loire-Atlantique, il est venu faire honneur à ses titres nationaux glanés cette année en catégorie junior (champion en double et vice-champion en individuel), à l’occasion de la Coupe de France des clubs organisée dans la petite commune de Saint-Aignan-Grandlieu, au beau milieu du 44. Un monde dans lequel des collégiens côtoient – et affrontent – des cinquantenaires, et où les notions de demie, gamelle ou repêche n’existent pas.

De foot de table tu parleras

Cet évènement annuel et prestigieux – qui complète les championnats de France, lesquels se tiennent à d’autres moments de l’année – est organisé pour la première fois par le club du coin, qui accueillera l’événement également en 2019 et 2020. « Tous les clubs de la Fédération sont là, avec toutes les élites, se félicite le directeur du tournoi Patrick Benoît, qui compte quelques jolis titres mondiaux vétérans à son palmarès et insiste sur le terme « football de table » pour évoquer son sport.Depuis combien de temps la compétition existe ? Je dirais vingt ans, si ce n’est plus. Dans l’Ouest, ça bouge bien : on est souvent sollicité par des entreprises pour organiser des tournois. La Fédération internationale est basée à Nantes, et le mondial y a été organisé cinq années de suite. Ça reste une passion et du bénévolat, car on n’est toujours pas reconnu comme un sport par le ministère, alors qu’on se bat depuis des années. C’est le cas dans les autres pays européens comme l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne ou l’Italie, mais malheureusement pas en France. C’est très dur de ne pas être aidé. »

En matière de niveau de jeu durant les matchs, si Patrick Benoît assure qu’ « il y a but dès que le ballon arrive en attaque, dans 75% des cas » , dans les faits, les 408 joueurs présents dans la sympathique salle de la Pavelle offrent un condensé assez hétérogène, que les qualifications de la veille ont déjà divisé en trois tableaux. Ici, chacun ou presque possède son gant blanc, et tous sont venus avec leurs poignées personnelles : question d’habitude. En scrutant les 51 formations (de quatre doublettes chacune) en course, impossible de ne pas avoir un coup de cœur pour les « Ninjas » du Mans, les « Apaches » de Saint-Herblain, les « Coyotes » d’Évry ou, évidemment, les « Hérons » de Saint-Aignan.

Snake et tremblote

À l’écart du grabuge lié aux rencontres en cours, sur l’une des cinquante tables à disposition, Vahan peaufine son « snake » , ou « roulette contrôlée » : un skill qui part du poignet pour finir avec la paume, à ne surtout pas confondre avec les techniques de « main ouverte » et « main fermée » . « Je suis un peu frustré par nos résultats en ce moment, je me défoule en faisant des tirs » , souffle l’ingénieur marseillais abonné en virage nord – le maillot floqué 13 ne trompe pas – qui a sorti sa panoplie de l’OM pour l’occasion, de la casquette au bas de survêtement. Et s’il prend le temps d’évoquer la saison olympienne – « Garcia ne peut pas mettre son plan à exécution pour le moment » –, il est surtout focus sur sa compète, et discute technico-tactique avec son coéquipier : « Si je veux croiser comme ça, c’est compliqué, regarde… »

Vahan dans ses oeuvres

Sans grande contestation possible, les instants les plus stimulants sont les parties de tirs au but, quand les deux équipes n’ont pu se départager par les manches de cinq unités. « Il y a très peu de buts, car beaucoup de pression » , explique Joseph d’Issy-les-Moulineaux, qui assiste à une séance de mort subite en observateur. On veut bien le croire : quelques secondes après avoir offert aux pénos la qualification en quarts à son équipe toulousaine, à l’autre bout du gymnase, Olivier Perrin est encore tremblotant. L’homme d’une soixantaine d’années, qui n’est autre que l’un des créateurs de l’Association française de baby foot (premier nom de la Fédération) et est lui aussi titré à l’internationale, est affectueusement félicité à coups de « bravo Papy ! »

Paillade et piscines

A contrario, avec l’élimination, la tension est déjà retombée pour l’équipe exhibant dans un élan quasi old-school un tee-shirt « SWAG » , du nom d’un cyber-café niçois. « Les jeunes passent au bar jouer au baby, et j’en emmène certains en compétition pour qu’ils voient le niveau qu’il y a » , raconte Vedran, qui encadre une brochette de lycéens. On n’est pas à court de belles histoires : spectateur du match de ses coéquipiers, Olivier – un autre, cette fois montpelliérain – arbore un logo reprenant celui du MHSC. « C’est un clin d’œil, le club est au courant, lâche-t-il. On connaît Laurent Nicollin, notre entreprise de piscines s’occupe de la sienne. » Et le foot de table, ça marche, dans le Sud ? « C’est moins développé que dans le Nord, il fait beau, les gens préfèrent jouer à la pétanque. »

Un vrai sport, on vous dit

Totof ce héros

Au milieu de tout ça, il faut ouvrir l’œil pour voir un peu de mixité : le tournoi accueille joueurs et joueuses, mais la gent masculine est en claire majorité. Pas un problème pour Aude, qui dispute sa première compétition, sous les couleurs de Fontenay-sous-Bois. « J’ai commencé il y a moins de deux mois, avoue la jeune femme.Je jouais de manière occasionnelle et j’avais envie d’apprendre des techniques. Je suis meilleure que certains gars ! Comme on est moins, pour les filles, c’est plus simple d’aller haut dans cette discipline. Je vais essayer d’aller chercher quelque chose. Aujourd’hui, on a fait quarts de finale du tableau B, c’est chouette. » Et pour mettre fanny ses potes au bar, c’est suffisant ? « Dès qu’on a un peu de technique, c’est facile, ils ont très peu de chance de gagner. »

L’après-midi s’effrite, les têtes tombent au son des balles qui claquent sur le métal, et les mines se crispent en même temps que l’enjeu. Sous les casquettes, les litres de sueur coulent alors que les premiers sortis de piste ont commencé à quitter les lieux. Et pour pouvoir jeter un œil aux sommets du tableau principal, il faut de plus en plus jouer des coudes au bord des Bonzini. Auto-arbitrage oblige, les débuts de litiges ne sont pas rares, et mieux vaut ne pas essayer de s’expliquer avec un adversaire dépité par sa défaite, ou même s’immiscer dans un match : « Avec tout le respect que j’ai pour vous, là on est sur du haut niveau » , lâche un joueur à un homme assez âgé ayant eu le malheur de vouloir apporter son argument à une question arbitrale. À côté, les « OUAIS TOTOF !!! » grondent à chaque but d’un Évryen aux faux airs d’Éric Dupond-Moretti.

Choc au sommet

Évry every day

Le club essonais, déjà vainqueur l’an dernier à Saint-Herblain quelques kilomètres plus au nord, et qui fait partie de ceux qui ont déplacé plusieurs teams, a rapidement mis le suspense entre quatre planches. 18h50, Patrick Benoît prend le micro : « Nous allons assister à la finale du tableau A, qui oppose… Évry 1 à Évry 2. » La dernière marche se transforme donc en formalité, et les Coyotes peuvent ensuite fanfaronner sur un podium qu’ils encombrent.

Avant de finir de plier le décor et de rentrer dans les casbahs respectives, le dernier mot est pour Maxime Blin, nouveau stratège d’Évry également fraîchement nommé à la tête de la FFFT : « Je suis élu pour deux ans, ça faisait six ou sept ans que j’étais investi à la fédé. Ça va surtout être intéressant pour l’agrément ministériel. Il y a énormément de pratiquants, mais les gens voient toujours le baby-foot comme un jeu de bar, et non un sport, il faut que ça change. On n’est que 1500 à 2000 licenciés, on veut atteindre les 10 000, il va falloir faire un gros boulot, dans les écoles, les entreprises, pour attraper d’autres nouveaux joueurs. » Le cap est fixé : il reste sept ans avant la majorité d’Armand.

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