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On était à la 40e édition du tournoi de Chandai

Par Nicolas Jucha, avec ses frites et sa bière, à Chandai.
On était à la 40e édition du tournoi de Chandai

Il y a 40 ans naissait le tournoi de Chandai, en Basse-Normandie. Une occasion rêvée de se retrouver une fois par an, pour ce groupe d’amis éclaté aux quatre coins de France et du globe. On a vécu le tournoi aux côtés de Dog Bollocks sur le terrain du Chandai Football Club, déjà inscrit pour le Vrai Foot Day, la première journée européenne du foot amateur.

La mise au vert a lieu à quelques kilomètres du Stade des Frères Souaves, l’équivalent local du Camp Nou. À la place de Clairefontaine, deux belles maisons de campagne appartenant à Lolo, haut cadre dans un groupe hôtelier, et à Yvan, directeur d’une société de courtage en assurance. Le lendemain, samedi 15 juin, sera un grand jour. Celui de la 40e édition du Tournoi de Chandai, et surtout, la 20e participation d’une équipe un peu particulière, les Dog Bollocks ou « Couilles de Chien ». Ses membres sont un peu comme le Chelsea du début de l’ère Abramovitch, une mosaïque de nationalités : des Anglais, des Américains, un Irlando-Néo-Zélandais, et des Français issus de tout le pays, mais qui ont pour la plupart trouvé l’âme sœur dans une autre contrée. Des gens qui ont réussi professionnellement, mais qui une fois par an, ne peuvent s’empêcher de redevenir des gosses pendant 48 heures. « Chaque année, on essaie de se retrouver pour jouer ce tournoi avec l’équipe des Bollocks. Chaque année avec un thème et un maillot différent » explique Rodolphe, un grand blond à lunettes qui travaille à la préfecture de l’Orne et qui fait office de local de l’étape. Avec un père qui a fondé le tournoi il y a quatre décennies, comment pouvait-il en être autrement ?

Bières, Sri Lanka et Villa Park

Comprendre ce qui lie la bande et amène la dizaine de cadres supérieurs dans une compétition qui sent la bière et les frites, c’est une tâche compliquée. Car l’histoire est fragmentée. « Tu vois Phil ? Et bien on est devenu potes à l’adolescence au Sri Lanka » explique Vinnie, lui aussi dans l’hôtellerie, pendant qu’il distribue les bières. « Mes parents travaillaient à l’Alliance Française, ceux de Phil pour une entreprise privée. » Guitare à la main, lunettes de soleil sur la tête, le fameux Phil est un grand costaud au cœur tendre. « Il y a quelques années, on a repris contact et j’ai indiqué à Vinnie où j’habitais, il m’a dit qu’il participait quelques semaines plus tard à un tournoi de foot à moins de 20 kilomètres de chez moi. Je m’y suis rendu, depuis je fais le trajet chaque année. » Dans le jardin d’Yvan, les discussions passent du français à l’anglais sans transition. Tommy et sa sœur, originaires de Londres, attendent que le barbecue soit prêt en écrivant une chanson en l’honneur des Bollocks. Chanson inspirée des chants de Villa Park, Tommy étant supporter à la vie à la mort d’Aston Villa.

Même si le premier match aura lieu vers 8h30 le lendemain, les Bollocks ont prévu de se coucher tard. Et de ne pas manger léger. Peu importe que les organismes soient fatigués selon Rodolphe. « Cela se jouera au mental, de toute façon dans l’histoire des Bollocks, les seules fois où l’on a remporté un tournoi, c’était après une nuit blanche… » Vinnie rectifie : « Mais tu étais largement plus jeune. Tiens reprend une bière… » Le seul semblant de préparation physique ou mentale est inspiré du Gegenpressing de Jürgen Klopp : « Dès qu’un mec a une bouteille ou un verre vide, il faut vite le resservir. »

Babass le multitâche

Le lendemain, quasiment tout le monde est en retard sur l’horaire. Le terrain du Chandai Football Club est situé au milieu d’une zone résidentielle, comme Highbury, les tribunes en moins. Les articulations des Bollocks grincent, mais le cœur y est : l’enceinte de l’équipe crache du Mano Negra et tout le monde a plus ou moins le sourire. Le premier match des Bollocks, maillots bleus façon Everton, les oppose au Street Soccer, l’équipe des enfants du Chandai Football Club. Ces derniers sont néanmoins renforcés par « Babass » , adulte svelte, dynamique et à la poignée de main ferme. Organisateur du tournoi et éducateur, il va jouer gardien, libéro et sentinelle avec les plus jeunes. Face à ses fils Martin et Antoine, Rodolphe tente de ne rien casser. En revanche, aucune pitié pour « Babass » , qui doit sortir une demi-douzaine de parades. La rencontre a beau être déséquilibrée, cela ne veut pas rentrer pour les Bollocks. Coup sur coup, Rodolphe envoie exactement la même frappe du gauche façon Franck Sauzée sur exactement le même endroit de la barre transversale. Il faut finalement un but d’Antoine, 17 ans et plus jeune joueur des Bollocks, pour venir à bout du premier adversaire. Ils ne le savent pas encore, mais les « Couilles de Chiens » viennent de manger leur pain blanc.

Le match suivant face à SARL Rodríguez est d’une toute autre difficulté. Dans l’équipe adverse, encore Babass -il organise le tournoi, c’est le boss, il fait ce qu’il veut- qui est clairement là pour la gagne et court dans tous les sens. Les Bollocks luttent avec leurs armes : les bonnes intentions et les frappes sur la barre de Rodolphe, cette fois-ci dès le coup d’envoi. Comme dans une joute de Premier League, on tacle, on accroche, on crie. La seule différence, c’est que les organismes ne suivent pas, ce qui rend l’effort encore plus beau. Une lutte acharnée qui accouche d’une défaite 5-3, avec les honneurs. Les Bleus le savent, ce sera dur de finir dans le grand tableau final. « On vise la victoire en Ligue Europa, on s’en fout » précise Yvan, pas vraiment traumatisé par le résultat. Les deux derniers matchs de la matinée sont du même acabit avec une défaite 1-0 et un match nul 1-1. Et surtout avec une nouvelle frappe sur la barre de Rodolphe. « Finir avec le plus grand nombre de tirs sur la barre, c’est un bel objectif » .

La barquette de frites m’a tué

Il est 13H, l’heure d’une pause méritée à base de frites, merguez et binouzes pour les seize équipes engagées. « Babass » comptabilise déjà autant de temps de jeu que Zinédine Zidane sur la saison 2001-2002. C’est pourtant le seul de sa catégorie d’âge à ne pas se plaindre d’un genou qui grince ou d’un mollet qui siffle… Pour les Bollocks, la fin de la phase de poules s’annonce tranquille, face à deux adversaires en difficulté pendant la matinée. Alors que Vinnie et Tommy sont partis refaire le stock de bières pour l’équipe, Lolo sort le dessert : une boîte de bonbons. Le grand enfant n’a pas énormément de temps pour en profiter car les enfants, les vrais, débarquent tel un banc de sauterelles et font le ménage dans la boîte en plastique. Ce sera ça de sucre et d’additifs en moins dans le sang du quadragénaire. De son côté, Yvan se détend avant la reprise. « Franchement, ton article, je me demande ce que tu vas bien pouvoir raconter dedans. T’as une idée au moins ? » L’idée aurait été de raconter comment les Dog Bollocks remportaient leurs deux derniers matchs de poules, se qualifiaient pour le grand tournoi final et déjouaient tous les pronostics pour leurs 20 ans. Manque de bol, la reprise post-déjeuner est difficile avec un nul poussif 1-1 puis une défaite 1-3. Rodolphe finit sa phase de poules avec six barres, les Bollocks sont reversés dans la petite phase finale…

L’occasion de s’offrir un chant du cygne contre l’équipe Ricard United, dont le gardien fume une toute autre substance juste avant le coup d’envoi. Xavier, défenseur des Bollocks, s’étonne. « Cela ne va pas le pénaliser, je ne sais pas, sur les sorties par exemple ? » Le dernier rempart adverse a les gestes déliés, Phil est plutôt confiant pour lui. « C’est l’école Bernard Lama » . Sur le terrain, Lolo tente gentiment de faire péter les plombs à son adversaire direct. « La touche est pour nous, ah ah, trop bien. Hein c’est trop bien, hein ? Hein ??? » La partie est endiablée, les tacles partent dans tous les sens. À quelques secondes du terme, les Bollocks mènent 2-1 grâce à un doublé de leur jeune avant-centre, Antoine. Sur une dernière action, un défenseur des Ricard United percute son gardien. Sur le bord de terrain, Xavier décide de jouer son rôle de supersub en sautant sur le portier, « histoire qu’il ne se relève pas » , et se voit très vite suivi par deux autres coéquipiers. Ce qui permet de marquer un troisième pion dans le but vide, finalement refusé par l’arbitre. « Il aurait eu un peu d’humour, on gagnait 3-1 » souligne Vinnie.

La demi-finale sera moins heureuse, contre l’équipe des vétérans de Chandai, sobrement appelée les Raid’s et équipés d’un maillot inspiré du Liverpool FC. Défaite 3-1 et troisième place de la petite finale pour les Bollocks. Une petite déception sportive qui n’empêchera pas la soirée déguisée et les « Bollox Awards » le soir même, avec un prix spécial « Toucher de Bois » pour Rodolphe. « Le réveil le dimanche n’a pas été simple, mais le barbecue a permis de mettre un peu de douceur. » En vingt tentatives, les Bollocks n’ont toujours pas remporté le tournoi de Chandai, et vu leur évolution physique, c’est peu probable qu’ils y arrivent un jour. Mais pour Rodolphe, l’essentiel est ailleurs : « le résultat on s’en fout, mais on est un peu déçus parce que tous nos amis n’ont pas réussi à venir cette année. Il manquait des Égyptiens, des Espagnols, des Arméniens, des Indiens, des Sri Lankais et même quelques Irlandais… » Maybe next year ?

Loum Tchaouna : « Et là, j’entends des cris de singe »

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