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On était à Hearts-Hibernian

Par Lucas Alba, à Edimbourg
6 minutes
On était à Hearts-Hibernian

Dimanche dernier a sans doute eu lieu le dernier derby d’Edimbourg à Tynecastle, et ce, pour au moins une saison. Hearts contre Hibernian, retour sur le deuxième derby le plus important d'Écosse.

Edimbourg, dimanche 30 mars, 12h30. Le match entre Hearts et Hibernian débute dans un quart d’heure et il fait un froid polaire. Les rafales de vent sont glaciales dans la splendide capitale écossaise et la marche de la gare d’Haymarket à Tynecastle Stadium serait sans doute agréable au milieu des vieilles maisons sans cette météo innommable. Pour de nombreuses personnes, cette rencontre ressemble à un mini Celtic-Rangers. Mais la rivalité religieuse et politique est nettement moins importante dans les derbys d’Edimbourg que dans ceux de Glasgow. En effet, si Hearts peut être assimilé aux Rangers, ce n’est, malgré les idées reçues, pas vraiment le cas d’Hibernian avec le Celtic. Et ce même si « Hibernia » en latin signifie « Irlande » , et fut également créé par des Irlandais. La rivalité entre Hearts et Hibs, c’est aussi et surtout une rivalité de quartier, beaucoup de fans d’Hibs venant de Leigh, le quartier au bord de la mer où le stade Easter Road trône fièrement, tandis qu’Hearts siège de l’autre côté de la ville.

Pour rejoindre l’antre des Hearts, impossible de se perdre. Il suffit d’aller tout droit en partant de la gare ou de suivre les fans arborant leurs écharpes blanc et grenat pour ceux n’ayant vraiment aucun sens de l’orientation. Le stade n’est pas très grand et ne dévoile son toit blanc qu’au dernier moment, au détour d’une rue. Un magnifique écrin à l’anglaise, avec trois tribunes architecturalement semblables, la Main Stand étant plus petite avec un toit en ferraille grenat soutenu par des piliers comme on peut le voir dans les vieux stades britanniques ou d’Europe du Nord. Fans des deux équipes se croisent sans même se provoquer, la police est très présente et veille au grain. Le temps des véhéments skinheads de Hearts est révolu depuis longtemps. Il ne leur reste qu’une petite bande de casuals qui ne peut que difficilement lutter avec leurs rivaux d’Hibernian.

Deux clubs dans le flou artistique sportif

Côté sportif, les deux clubs sont à la ramasse, la palme revenant à Hearts, qui a débuté la saison avec 15 points de pénalité suite à la gestion catastrophique du président russe Romanov. L’effectif est presque intégralement composé de jeunes du centre de formation, les ventes de joueurs ayant été obligatoires pour tenter d’éviter la relégation administrative du club… De son côté, le club d’Hibernian, pas encore mathématiquement sauvé de la relégation, n’est pas beaucoup mieux loti et stagne dans le ventre mou du championnat.

Malgré tout, les fans des deux équipes ont répondu à l’appel pour ce match, car il y a bel et bien un enjeu. Les Jambos, surnom des fans de Hearts, n’ont un total de points positif que depuis quelques semaines et seront relégués à la fin de la saison. Le seul suspense restant à savoir quand… Car si Hibernian gagne à Tynecastle, ils expédieront officiellement Hearts en Scottish Championship, la seconde division écossaise.

Une faiblesse technique affligeante

À l’entrée des joueurs, tout un kop, Roseburn Stand, est réservé aux Hibees. Ces derniers ont sorti les ballons de baudruche verts et blancs, bien décidés à fêter comme il se doit la descente de leurs rivaux. Dans les tribunes des locaux, tout le monde se côtoie. Des personnes âgées, emmitouflées dans leurs couvertures, des gosses et même ce type, tatoué sur le front. Le match débute et, comme pour confirmer les bons vieux clichés anglo-saxons, l’engagement tente de compenser les carences techniques. Hearts asphyxie complètement ses adversaires et ouvre le score dès la 7e minute. Totalement largués sur le terrain (chandelles, centres en sortie de but et ballons rendus à l’adversaire), Hibernian donne l’occasion aux fans grenats de savourer en chantant « You’re going down with the Jambos » ( « vous allez descendre avec nous » ). Les fans de l’ancien club de Franck Sauzée tentent de ne pas perdre totalement la face en lançant leur hymne, évoquant l’histoire du club. « Mais quelle histoire ? » , s’écrie en riant un fan de Hearts rappelant à qui veut l’entendre que le dernier titre de champion d’Hibernian remonte à 1952, quand sa dernière victoire en Coupe d’Écosse date de… 1902, alors qu’Hearts a conquis ce trophée en 2012.

Comme souvent en hiver, la mi-temps est synonyme de gastronomie locale, avec les fameuses pies, de la viande à l’intérieur d’une pâte dure, que les Écossais recouvrent souvent de ketchup. Contrairement à l’Angleterre, aucun alcool n’est en vente dans les coursives du stade depuis une finale de Coupe aux airs de bataille rangée entre le Celtic et les Rangers à Hampden au début des années 80. Le speaker en profite pour rappeler à l’assistance qu’il est interdit de dire ou chanter quoi que ce soit d’offensant ou sectaire, mentionnant la toute récente loi de l’ « Offensive Behaviour » , qui autorise l’arrestation de quiconque offense quiconque, et ce, de quelque manière que ce soit.

« Pète-lui la jambe »

En seconde période, les joueurs d’Hibs, certainement secoués à la pause par leur entraîneur, le vieux lion Terry Butcher, reprennent un peu du poil de la bête. Le coach anglais entre cependant dans une colère noire suite à un une-deux bien involontaire entre un de ses protégés et un joueur d’Hearts, confirmant si besoin en était la faiblesse technique du match… Hibernian croit quand même égaliser, mais le but est injustement refusé pour une position de hors-jeu. Dans les travées du stade, on se moque un peu plus des visisteurs en mimant… un junkie en train de se piquer. Une moquerie plutôt originale, Leigh, le quartier des fans d’Hibs, ayant longtemps été réputé en matière de drogues. Entre deux conseils tactiques très avisés de leurs fans ( « Pète-lui la jambe ! » ), les Jambos font tourner la balle et ne seront plus du tout inquiétés jusqu’à la fin du match où ils inscriront même un second but dans les arrêts de jeu. La coupe est pleine pour les Vert et Blanc, et la victoire totale pour Hearts, tant sur le terrain que dans les tribunes.

Si les fans des Hearts savourent cette journée, nul doute que ceux-ci seront relégués à la fin de la saison. Le match confirme la faiblesse de plus en plus marquante du championnat écossais, où seul le Celtic tente de ne pas être ridicule sur la scène européenne. La saison prochaine ne verra ni le derby de Glasgow ni celui d’Edimbourg se dérouler, sauf tirage au sort heureux dans l’une des deux coupes. Les Rangers et Hearts, en seconde division, lutteront pour remonter en Premiership. Qui l’aurait cru il y a encore cinq ans ?

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