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On était à Belgrade pour Serbie-Croatie

par Loic Tregoures
On était à Belgrade  pour Serbie-Croatie

Un nul, des coups, des rouges et une grosse ambiance. Dans son genre, le derby des frères ennemis entre la Serbie et la Croatie n’a pas déçu vendredi au Marakana de Belgrade… Dans son genre.

Il y a six mois, il y avait un truc dans l’air à Zagreb. Une atmosphère, une tension, une attente, des drapeaux partout, et une overdose de couvertures médias axées sur la guerre et les personnalités de Siniša Mihajlović et Igor Štimac, les deux sélectionneurs fâchés de longue date pour motif politique. Belgrade, 18h sur la place de la République. Les gens vaquent. Un car de police, mais rien de spécial. La presse locale en a fait beaucoup moins qu’à l’aller. On annonce que des Croates sont là, mais sans précision. Ceux qui cherchent la baston l’ont déjà trouvée contre les Bosniens en marge de l’Euro de basket en Slovénie, une histoire de cousins, tout ça. On dit même que toutes les places n’ont pas été vendues. Bof, la Serbie est déjà éliminée, et puis les Serbes n’ont pas un lien aussi étroit avec leur sélection que les Croates. La trop forte rivalité Zvezda/Partizan n’y est pas pour rien.

Arrivé sur le grand rond-point de Slavija, la présence policière se renforce, leurs équipements aussi. On passe de la casquette/badge à l’armure/bouclier, quelques petits groupes commencent à grimper, en silence, le boulevard de la Libération qui mène au Marakana. Une petite halte sur la gauche pour s’approcher de l’église Saint Sava, une merveille… de l’extérieur. À l’intérieur, tout est recouvert de bâches en plastique et d’échafaudages. Maintenant, le boulevard descend. La population change, l’ambiance aussi. Mini-shorts et poitrines opulentes font place aux cheveux courts et muscles saillants. Cette fois, les tortues sont par 10 tous les 20 mètres, regard impassible pendant que l’hélico tourne autour de la zone.

La provoc’ répond à la provoc’

Par grappe, on se met à chanter. Apparemment, il faut tuer les Croates pour que les Albanais n’aient plus de frères. Folklore local. Et puis enfin, les projos, les sirènes de police, le dernier rond-point bloqué à la circulation, on y est, l’un des derniers stades en Europe où tout est permis, pour le meilleur et pour le pire, le Marakana. La boutique de la station-service du coin est prise d’assaut, on se donne rendez-vous devant la pompe. Par contre, le type qui voulait faire le plein a mal choisi son moment. Direction l’entrée Est. Première surprise, des barrières ont été rajoutées tout autour du stade pour filtrer les entrées en amont. Apparemment, on fait les choses sérieusement ce soir. Enfin presque, parce que ça bouchonne sévère à l’entrée. Sans qu’on sache pourquoi, les flics bloquent tout, repoussent avec leurs boucliers, la foule se comprime, les esprits s’échauffent, ça transpire sous le casque. On voudrait créer un incident, on ne s’y prendrait pas autrement. En fait, il fallait faire place nette pour laisser les ministres et autres VIP entrer.

En bas de la tribune nord, une grande bâche « Vukovar » écrite en cyrillique sur fond de drapeau serbe, provocation à laquelle répond une autre écrite « Trebinje » . Ce serait trop long à expliquer. Et puis vinrent les hymnes. Enfin, l’hymne serbe, parce que pour entendre une note de l’hymne croate, il fallait faire partie de la fanfare, et encore. En comparaison, Fabrice Fiorèse aurait sûrement pensé que le Parc avait été sympa avec lui. Puis chaque tribune se renvoie des « Srbija » virils et graves, entre deux douceurs sur leurs adversaires à peine interrompues par les appels du speaker à éviter les insultes sous peine de suspendre le match. Lui, faudrait le faire venir au Parc pour dompter le « nouveau public gentil et familial » qui voit des salopes partout.

Et le match ? Déjà, Nemanja Matić est de retour après sa brouille avec Sinisa et ça fait du bien. Les Serbes ont le ballon, mais n’en font pas grand-chose, les Croates défendent bien, mais foirent leurs relances une fois que la balle a quitté les pieds de Modrić. Peut-être parce qu’Igor Štimac a aligné ensemble Olić, Eduardo et Mandžukić, pas l’idéal pour bloquer les côtés. Ivanović et Tošić passent donc tranquille contre Lovren, décalé à gauche. Si Modrić a du velours dans les pieds, Lazar Marković a du feu dans les jambes. Avec Matić, Filip Djuricic et même Sulejmani, ça fait quatre raisons de regarder Benfica cette saison.

L’attentat de Šimunić

Mi-temps et un 0-0 chiant comme un match des Bleus. Heureusement qu’il y a la proximité immédiate de la spectaculaire animatrice de la télé croate pour égayer un peu la soirée. À la reprise, on s’anime un peu en tribune, un type se fait choper, les autres balancent des sièges sur la piste, quelques pétards aussi pour faire bonne figure, on brûle une bâche croate, enfin, on essaie. Les Croates jouent un peu plus haut, mais sans être dangereux. Et puis sans crier gare, une passe lumineuse arrive dans les pieds de Mandžukić qui marque. La seule occasion croate du match, peut-être même le seul tir sérieux. Bronca, pétards et sièges sur les flics. Et puis une faute stupide à la Van der Wiel, un coup franc, et la tête de Mitrović qui égalise. Ah Mitrović, un phénomène, ce joueur, malgré une coupe de cheveux aussi improbable que dégueulasse. Une sacrée affaire pour Anderlecht, puisque Tonton Arsène, déjà charmé, y reviendra sûrement dans quelques mois, mais pas au même prix. Explosion de joie et de pétards après le but. Enfin un peu d’action !

Même l’arbitre s’y met. Sa facilité déconcertante à mettre des jaunes aux Serbes a fini par payer : Matić prend le second pour une faute bidon et rentre aux vestiaires sous les ovations du public. Par solidarité, l’ancêtre Šimunić va très vite le rejoindre. Un corner croate joué n’importe comment, un contre supersonique, le ballon dans la course de Sulejmani qui file droit au but, et l’énorme tampon qui fait gicler l’ancien de l’Ajax. On a déclenché des guerres pour moins que ça, mais l’arbitre allemand s’y connaît en discipline et tout rentre dans l’ordre, sauf pour Šimunić qui galère un peu pour rentrer dans le tunnel à cause de tout ce que le public cherche à lui balancer.

Une dernière tête serbe bien captée et puis c’est tout. Le public applaudit les efforts des siens, les Croates savent qu’ils seront tête de série pour les barrages et qu’ils ont largement les moyens de passer, à condition de se mettre à jouer au foot comme Bilić savait l’orchestrer. Chacun rentre chez soi satisfait, et les kalashs seront bien gardées. Sur l’échelle de la folie démentielle d’un derby belgradois, c’était juste du football, mais c’est sans doute mieux comme ça. À ce compte-là, cher Sinisa, arrête avec tes histoires d’hymne à la con et rappelle Adem Ljajić ! Le pire dans tout ça, c’est que des violences sur fond de nationalisme ont tout de même eu lieu… à Bucarest entre Roumains et Hongrois. Copieurs !

Les notes de Koh-Lanta : la tribu maudite

par Loic Tregoures

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