- Coupe du monde 2014
- Groupe H
- Algérie/Belgique (1-2)
On était à Barbès après Belgique-Algérie
Ligne 4, un pont, deux boulevards et des fans de football par milliers. Après le match d'hier soir entre Fennecs et Diables rouges, une petite partie de la communauté algérienne de Paris s'est rassemblée du côté du XVIIIe arrondissement pour festoyer et lancer quelques fumigènes. On y était, on vous raconte.
19h58, station Barbès-Rochechouart. Le match est à peine terminé depuis dix minutes que, déjà, les premiers drapeaux algériens fleurissent dans les couloirs poisseux du métro parisien. Sur le carrefour entre les boulevards Rochechouart et Barbès, des grappes de policiers montent la garde devant chaque passage piéton. 20 heures sonne. Dans le brouhaha de la circulation, quelques klaxons insistants se font entendre. Sur le boulevard, beaucoup de voitures, et quelques drapeaux vert et blanc qui sortent des fenêtres. Ce mardi soir, l’Algérie vient de subir sa première défaite de la Coupe du monde 2014 face à la prétendue équipe frisson du tournoi. Barbès vibre, mais ne bouillonne pas : les festivités ne dureront pas bien longtemps cette nuit.
« On est très très déçus »
Dans les ruelles du quartier Barbès où siège le gros de la communauté algérienne de Paris, l’ambiance est plus au débriefing d’après-match qu’à la grande fanfaronnade. Et pour cause, défaits 2 buts à 1 après avoir tenu le 1-0 pendant les 70 premières minutes, les Fennecs de Vahid Halilhodžić ont craqué face à des Diables rouges pas franchement menaçants. Debout sur un banc avec ses potes, le drapeau de la patrie autour du cou, Medhi ne peut nous cacher sa frustration : « On est très très déçus. Pour moi, on avait moyen de garder le 1-0, et même le nul. Après l’égalisation, il restait 30 minutes de jeu et le moral était à zéro. À chaque fois, c’est comme ça !, lâche-t-il avec dépit. À chaque fois qu’on gagne, on ne garde pas le score. Je crois que ça vient de la tactique de l’entraîneur. Quand on dit que la meilleure défense, c’est l’attaque, c’est pas faux ! Quand tu presses ton adversaire dans son camp, il ne peut pas faire de passes et se déplacer normalement. Là, on leur a laissé des facilités, on subissait et à la fin ça a craqué. »
Malgré la déception qui se lit sur certains visages, l’ambiance est bel et bien au rendez-vous aux abords du boulevard Magenta. Devant le Café Royal et le restaurant Le Bonois, à l’angle de la rue Caplat, quelques centaines de supporters algériens se sont amassés pour fêter ensemble la prestation des Fennecs. Perchée en haut d’un échafaudage, une brochette de jeunes lascars harangue la foule à coups de « one, two, three, viva l’Algérie » pendant que d’autres allument des torches ou soufflent dans des vuvuzelas bas de gamme. En retrait, les forces de l’ordre – qui n’ont jamais voulu nous dire à combien elles s’étaient déplacées – veillent au grain en cas d’éventuels débordements, mais il n’en sera rien. « Ici, c’est le QG. Qu’on soit gagnants ou perdants, on est avec les Verts !, lance Amine, bon joueur. Bien sûr, tout n’est pas perdu. On a encore deux matchs et je pense qu’ils seront bons. Mais ça m’étonnerait qu’on aille au deuxième tour. Ce qui compte, c’est la participation ! » , poursuit-il dans un éclat de rire.
Ici, c’est Barbès
Si le gros de la troupe est masculine, quelques femmes ont abandonné les écrans de télé pour profiter de la foule et chanter elles aussi à la gloire des Fennecs, drapées dans des étoles aux couleurs de l’Algérie. À l’embranchement de la rue de la Charbonnière, le kebab du quartier fait le plein. Au milieu des vapeurs de frites, ça cause foot et Coupe du monde entre deux bouchées de salade-tomate-oignon. Il est 20h40 quand les premiers supporters commencent à déserter les lieux. Resté avec ses potes, Abdel trouve la patience de refaire le match : « Il y avait beaucoup d’intensité. On a vu une première mi-temps dominée par l’Algérie. Après, ils ont trop reculé, on n’a pas vu d’actions menées vers l’attaque et, du coup, c’était sûr qu’on allait se manger un but. Malheureusement, le premier, c’est un petit coup de chance, car Fellaini met sa tête et ne voit pas où la balle va aller. En plus, si je peux me permettre, c’est un joueur de merde car il n’a rien foutu de la saison à Manchester United et là, bim, il nous met un but. » Voilà qui est dit. L’horloge tourne et le ciel s’assombrit au-dessus du pont du métro Barbès-Rochechouart. Devant « le QG » , un foot s’est improvisé en plein milieu de la chaussée entre trois, quatre gamins venus tâter le cuir avant de rentrer manger. Une voiture passe, ralentit, se prend un ballon sur le toit et puis repart. Une scène classique, ici. La fête est déjà finie, la vie reprend son cours et Barbès attend le prochain match de l’Algérie…
Par Morgan Henry
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