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« On est champions du monde ! »

Par Maxime Brigand, Matthieu Pécot et Thomas Pitrel, au stade Loujniki
6 minutes
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On est champions du monde !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

La première grosse fête des champions du monde s'est déroulée dimanche soir dans le stade Loujniki. Il n'y a rien de plus beau qu'un être humain heureux.

Parce qu’il est hors de question de se rater lors de la gigantesque fête programmée sur les Champs-Élysées ce lundi, les joueurs de l’équipe de France ont décidé de s’échauffer, la veille au soir, dans les entrailles du stade Loujniki. La fiesta a duré deux bonnes heures, du moment où les joueurs sont rentrés au vestiaire avec la Coupe du monde à celui où ils ont rejoint le bus qui les a ramenés à Istra. Le message envoyé par ces sourires, ces fous rires et ces larmes de joie est alors clair : ces gars-là entendent brûler la nuit par les deux bouts.

Douche de Powerade pour Deschamps

Alors que Didier Deschamps s’apprête à prendre la parole pour la traditionnelle conférence de presse d’après-match, encore trempé par la pluie qui s’est abattue sur le Loujniki lors de la cérémonie de remise de la coupe, ses joueurs font irruption dans l’auditorium et l’arrosent d’eau et de Powerade en chantant « On est les champions ! » Benjamin Mendy et Florian Thauvin grimpent sur le bureau et aspergent les journalistes.

C’est une bande de fadas, ceux-là.

Alors que l’orage finit par se calmer, Paul Pogba revient de plus belle en chantant « C’est pas fini ! » Suivi par ses camarades qui se mettent à entonner un merveilleux « On va tout casser ! » En sautant à son tour sur le bureau, Pogba renverse le trophée en verre qu’un officiel de la FIFA vient de remettre au sélectionneur, qui se fend sous le choc. Tandis que Presnel Kimpembe repart en volant un micro, le grand Paul fait du rangement, se saisit du cahier de l’attaché de presse de la FIFA et lâche un « You can’t do anything with that anymore » sous les rires de l’assemblée. « Mercé ! Vive la France ! Vive la république ! » conclut-il. « C’est une bande de fadas, ceux-là » , se marre Didier Deschamps.

Dans le vestiaire, Paul Pogba lance un live sur Instagram coiffé d’un sombrero et en parlant quasi exclusivement en espagnol. Quelques minutes plus tard, Benjamin Mendy lance à son tour un live où on le voit faire un dab à côté du président de la République Emmanuel Macron.

Puis vient l’heure de la zone mixte, qui prend des airs de grande cour de récréation. C’est Lucas Hernandez qui pousse la porte de l’école en premier : « On va faire la fête ce soir, demain on sera sur Paris et on va refaire la fête, et mardi on va refaire la fête et on ne va pas arrêter de toutes les vacances ! » Mendy, Tolisso, Umtiti et Dembélé ont l’air de valider le plan du latéral gauche de l’Atlético de Madrid : ils débarquent en dansant, Mendy secouant l’enceinte appartenant à Presnel Kimpembe comme s’il s’agissait d’une haltère.

Griezmann, des larmes et des Budweiser

Au milieu de ce bordel se cachent aussi quelques yeux humides, dont ceux d’Antoine Griezmann, qui tient deux Budweiser dans ses mains : « J’ai pleuré parce que j’ai regardé dans les tribunes et j’ai vu mon père, qui m’a laissé partir de chez moi à 13 ans.

En septembre, j’ai dit à mes proches qu’il fallait absolument que je fasse partie de ce groupe parce que j’étais persuadé que l’équipe de France allait remporter cette Coupe du monde.

Puis j’ai vu ma mère. Puis j’ai vu ma femme… Vous savez, des fois, il y a des moments durs dans un couple, et elle, elle doit me supporter, elle s’accroche, elle ne dit rien. Là, il y a beaucoup d’émotion, de joie et de fierté. On a envie d’arriver en France et de fêter ça avec les Français. Le Ballon d’or ? On verra. Ce n’est pas moi qui vote, ce n’est pas ma famille. » Parce qu’il n’a joué qu’une minute dans ce Mondial, Florian Thauvin n’est a priori pas concerné par la course au Ballon d’or. Cela ne l’empêche pas d’être aux anges : « Je vais vous faire une confidence : en septembre, j’ai dit à mes proches qu’il fallait absolument faire partie de ce groupe France parce que j’étais persuadé que l’équipe de France allait remporter cette Coupe du monde. Et c’est ce qui s’est passé. Alors aujourd’hui, je suis trop heureux. Avant, je ne pouvais pas me permettre de le dire… Aujourd’hui, vous pouvez me dire que c’est trop facile de dire ça maintenant, mais c’est la vérité. Vous pourrez demander à mes proches, je leur ai dit depuis longtemps. En tout cas, c’est magnifique. »

Pour voir une autre chose magnifique, il suffit de tourner la tête : Raphaël Varane, qui tient la Coupe du monde comme s’il s’agissait d’un nourrisson : « Je la garde dans mes bras parce qu’il faut prendre soin d’elle.

Je la garde dans mes bras parce qu’il faut prendre soin d’elle. Là, je vais l’emmener dans l’autobus, mais je vais la surveiller de près.

Là, je vais l’emmener dans l’autobus. Après, je la passerai de bras en bras, mais je vais la surveiller de près. » Un journaliste lui demande si la Coupe est lourde. « Oui. Mais tu ne peux pas la prendre parce que tu ne l’as pas gagnée ! » Steven Nzonzi, lui, a pu la toucher après être entré en jeu au milieu de la seconde période. « Déjà, quand tu la vois avant d’entrer sur le terrain, c’est abusé… Mais alors de l’avoir après dans les mains, au milieu du vestiaire… Je peine à réaliser parce que je suis toujours à chaud, souffle le milieu du FC Séville, les mirettes explosées. Emmanuel Macron est venu nous féliciter, mais c’est facile pour lui, il a l’habitude des discours, c’est un président. »

Mbappé et Rami évitent le drame

Tiens, voilà Thomas Lemar. Il porte le sombrero que Pogba avait dans le vestiaire. Pas très loin de lui, N’Golo Kanté rappelle avec sa voix gentille qu’il est tout de même un dur à cuire : « Si j’ai pleuré ? Non, je ne pleure pas, moi ! » Pas loin de lui, Steve Mandanda remercie la terre entière : « On est champions du monde ! C’est bien pour Le Havre, pour Évreux, pour toute la France ! »

Soudain, c’est le drame. Une cinquantaine de journalistes s’entassent pour recueillir les propos de Kylian Mbappé. La maigre rambarde, pourtant poussée de l’autre côté par deux jeunes volontaires héroïques, cède et n’est pas loin de blesser Mbappé. Tonton Adil est juste à côté : « Putain, j’ai failli y passer ! » Dernier sorti, Paul Pogba fait durer le plaisir. Il s’arrête une dizaine de fois, crache son bonheur dans mille langues et ponctue sa sortie en hurlant un « Charo ! » derrière Blaise Matuidi qui répond à une chaîne de télé.

C’est officiel, le stade Loujniki appartient à l’équipe de France. Le monde aussi.

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Par Maxime Brigand, Matthieu Pécot et Thomas Pitrel, au stade Loujniki

Tous propos recueillis par MB, MP et TP

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