- Ligue 1
- J33
- PSG-Lorient
On est arrivé au Parc des Princes à vélo avec cinq supporters lorientais
Une semaine après avoir révélé un maillot de cyclisme aux couleurs du club, le FC Lorient a vu un peloton de cinq supporters le revêtir pour faire le déplacement jusque Paris à la seule force de leurs pédales. Un périple de 500km achevé dimanche midi, à quelques heures du coup d'envoi. Évidemment, on était en selle à leur côté.
« C’est encore loin Paris ? Je n’en peux plus », souffle Pascal, 60 balais et surtout 450 kilomètres au compteur sur les deux derniers jours. Mais le sexagénaire a le sourire, au moment de quitter St-Cyr-l’École : le Parc des Princes n’a jamais été aussi proche depuis que lui et ses 4 coéquipiers ont quitté Lorient, vendredi. Leur défi : rallier le Parc des Princes à vélo, en trois jours, pour y voir leurs Merlus défier le PSG. Une idée qui a émergé dans les bureaux du club, il y a un mois, raconte Martin Le Blévec, attaché de presse des Merlus et capitaine de route de ce drôle de peloton : « On voulait faire un truc sympa pour célébrer la sortie de notre maillot de cyclisme avec la marque bretonne Noret. Avec ce déplacement à Paris un week-end de pont, c’était parfait. Bon, c’est sûr que c’était plus simple de venir en vélo au Parc des Princes qu’à Nice… » Plus court, mais pas à la portée de n’importe quel supporter non plus, avec 500 kilomètres à avaler en trois étapes, à 28 km/h de moyenne.
Moustoir, Barguil et FC Nantes
Pas du genre à se dégonfler (ce qui est pratique en vélo), Martin a embarqué cinq fidèles des Merlus dans sa roue : Pascal, 60 ans, partenaire historique du FCL, Pierre-Yves, ingénieur de 35 ans, Pauline, consultante en système de formation, et Mathieu, gérant d’un magasin de vélo. Sans oublier l’ange gardien du groupe, Thomas : « C’est notre assistance course depuis le départ, il nous chouchoute », présente Mathieu. « Tous les 50 km, on avait rendez-vous pour que je leur donne des bidons, de quoi se nourrir, etc. », sourit l’abonné au Moustoir, « J’aime conduire, donc ça ne m’a pas dérangé. J’ai écouté beaucoup de musique, passé des appels, et visité quelques villes en chemin. » C’est ainsi que Thomas a pu déambuler tranquillement dans Versailles en ce dimanche matin, en attendant l’arrivée des troupes. Justement, le peloton orange et noir longe l’aile ouest du château et se présente sur le parvis. Entre les dizaines de bus et les centaines de touristes qui en sortent, les mordus des Merlus prennent la pose. « Sympa, comme pause », sourit Mathieu.
Partis de Dreux le matin même, aux alentours de 9h, les cinq coureurs exigent une pause-café bien méritée. L’occasion de modifier l’itinéraire des douze derniers kilomètres, pour éviter de passer par les bosses du plateau de Saint-Cloud, avant d’arriver au Parc des Princes. Le détour par Chaville, synonyme de pente douce jusqu’à Paris, est approuvé. « Ça commence à sentir bon ! » se réjouit Pascal, en avalant son café allongé sous le soleil versaillais. Les biclous posés quelques mètres à côté attirent l’œil des passants, mais c’est surtout le tricot porté par ces coureurs qui focalisent l’attention. Les regards qui se posent dessus s’interrogent : « Ils ont une équipe cycliste, Lorient, maintenant ? » À l’inverse du Stade rochelais, non. Il s’agit seulement d’une collaboration entre un équipementier sportif breton et le FC Lorient, Brest et Rennes. Mais à la différence de ses voisins, le FCL, implanté sur les terres de nombreux cyclistes, dont la star Warren Barguil, a choisi de capitaliser dessus.
La flemme rouge des Champs-Elysées
« Martin nous a préparé un itinéraire sympa, à l’image de sa com au FC Lorient, c’est carré et bien ficelé », salue Mathieu qui enchaîne les pétards en danseuse en tête de peloton avec Pierre-Yves, alors que le convoi reprend sa route direction Paris, sur les boulevards royaux de Versailles. « Il a été devant quasiment tout le long, il a pris le vent pour tout le monde, même si à 35 ans, il décline… », tacle Mathieu. « Je me reconvertis en supporter du coup », répond, du tac au tac, l’ingénieur. Dans leurs roues, Pauline, seule femme du groupe, tient la cadence : « Elle pourrait rouler encore 300 bornes demain », assure Mathieu, son conjoint. Mais la jeune femme se projette plutôt sur la douche et l’apéro qui attendent le peloton dans un gymnase qui jouxte le Parc des Princes.
« Et bah, je préfère rouler en Bretagne », souffle-t-elle alors que le peloton slalome dans le trafic qui s’intensifie à l’approche de Saint-Cloud, avant de prendre la roue de cyclotouristes parisiens qui les guident jusqu’à la porte d’Auteuil. En route, les Merlus aperçoivent quelques maillots nantais. « Ils osent encore porter leurs couleurs ? », se marre Pierre-Yves. Martin répond : « Tu sortiras bien du Parc avec ton écharpe de Lorient, non ? » Puis les bouches se referment, les yeux s’ouvrent en grand. S’ils sont tous évidemment déjà venus à Paris, c’est la première fois qu’ils y arrivent à vélo, avec l’émotion que cela suppose après 500 km. On longe Roland-Garros, la piscine Molitor, puis vient le Parc des Princes. « On y est, pas mal comme lignée d’arrivée », sourit Pauline, victime de la seule fringale du périple samedi : « Après 175 km, je n’avais plus de son ni d’image, mais un petit gel et ça repart. » Les Merlus se congratulent, se checkent. Et quand on leur propose un petit détour pour terminer leur voyage sur les Champs-Elysées, comme la Grande Boucle, ils bottent en touche : « Pascal va nous tuer ! Et puis, la flemme… » De toute façon, la mission est accomplie : le maillot lorientais version cyclisme a été honoré, et même salué par d’autres Merlus déjà présents aux abords du Parc, à plusieurs heures du match : « Ah, mais vous l’avez vraiment fait ?! Bravo, et bon match. » Le temps de ranger les vélos dans le camion de Thomas, de prendre une douche avant de filer au restaurant, et la bande se dirige vers le Parc des Princes pour voir d’autres Merlus mouiller le vrai maillot. Chacun son tour.
Par Adrien Hémard-Dohain, sur son vélo
Photos : AHD