- C1
- 8es
- Barça-PSG (1-4)
On est allés à Bondy pour respirer le même air que Kylian Mbappé
En 90 minutes face au FC Barcelone, Kylian Mbappé a montré au monde entier qu'il pouvait manger à la table des plus grands. Tout ça sans son acolyte Neymar, et avec une pression sur ses épaules à la hauteur de l'événement. Attendu, il l'était d'autant plus chez lui, à Bondy, là où l'attaquant du PSG a fait ses premières accélérations balle au pied. Si plus d'un Bondynois a terminé essoufflé à cause de leur Kylian national, ils sont beaucoup à avoir croisé sa route et à en avoir gardé une anecdote à ses côtés. Et puisque « le génie français » dixit Stéphane Guy a grandi ici, c'était déjà une raison suffisante pour qu'on aille au moins respirer le même air.
La météo était morose en Île-de-France, le jour du huitième de finale de Ligue des champions entre le FC Barcelone et le Paris Saint-Germain. Un mauvais présage ? Que nenni. Il fallait attendre que le gamin du 93 qui fait la pluie et le beau temps sur la capitale sorte la lumière de son chapeau. Et lorsque les siens étaient à nouveau en proie à leurs démons des matchs à élimination directe de la coupe aux grandes oreilles, Kylian Mbappé a décidé de plier à lui tout seul une rencontre au sommet. Au nez et à la barbe de Lionel Messi, l’un des immenses joueurs à la table duquel il espérait s’asseoir, quand il était encore dans celles des écoles de Bondy.
Mbappé, le cœur et les poumons de Bondy
Au lendemain de la victoire parisienne au Camp Nou, à la sortie du RER E gare de Bondy, le marché plie ses étalages. Curieusement, il y a des déçus du résultat de la veille. « On n’est pas satisfait, le Barça ces trois dernières années, c’est catastrophique », lance Samy, 18 ans, supporter blaugrana. « On parle toujours du Barça quand on veut parler d’une équipe, mais là, il n’y en pas, d’équipe. Messi, il n’est pas au niveau », sourit de son côté Hamady, 46 ans. À Bondy, la star, ce n’est pas le sextuple Ballon d’or, mais celui dont tout le monde ou presque a croisé le chemin. « Il a fait ce qu’on attendait de lui et on est super fier de notre Kyky », se réjouit Mourad, 25 ans, en train de discuter avec Omar, 30 ans.
Plus qu’un footballeur à l’ascension fulgurante, le nom Mbappé compose des parties de vie de beaucoup de Bondynois. « On a été entraîné par son père de débutant à U15, racontent Omar et Mourad. Il y avait aussi sa mère au handball(Fayza Lamari a été joueuse à l’AS Bondy en D1 à la fin des années 1990 et au début des années 2000, NDLR). Ici, tout le monde sait qui est Kylian, même ceux qui font de la danse ou du judo. »
« Vous n’êtes pas contents ? Triplé ! »
En avançant dans la ville « heureuse sous son ombre » comme le dit son slogan, les survêtements aux couleurs parisiennes peuvent se pavaner fièrement. Au city stade à deux pas de la mairie, une phrase est sur toutes les lèvres des mômes de Bondy : « Vous n’êtes pas contents ? Triplé ! » Cette phrase issue d’une interview de Kylian Mbappé dans l’émission Intérieur Sport est devenue virale après le coup du chapeau de l’attaquant du PSG face au Barça. « À Bondy, tout le monde met ça sur Snap depuis la fin du match. Ça et sa fresque, ça n’arrête pas, observe Sohela, 22 ans, soit le même âge que KM7. J’étais avec lui au centre aéré, sa grand-mère a été ma nounou, et ma mère et la sienne étaient bénévoles ensemble aux Restos du cœur. »
Elle qui est devenue directrice adjointe de la Maison de la jeunesse et des services publics de Bondy peut constater l’impact du champion du monde 2018 sur les jeunes de sa ville. Comme en témoignent les étoiles dans les yeux de certains en évoquant les exploits de leur « modèle » et « source d’inspiration ». « Il est beaucoup plus fort que Messi », affirme Mamadou, 14 ans. « Kylian est magique, exceptionnel et il a pris ses responsabilités », ajoute Asmaou, 14 ans. Et pour Issa, 15 ans : « C’est le prince de Bondy ! »
Si le quadruple champion de France a mis Bondy sur la carte de l’Hexagone, il a également remis le Paris Saint-Germain dans le cœur des Bondynois. « Il y a eu des années difficiles pour les supporters du PSG. Ma mère, avec Kylian, ça lui a redonné espoir en Paris et elle suit les matchs. Mon mari, il nous a tous acheté le maillot blanc de cette saison floqué Mbappé, il l’a même acheté à ma mère », remarque Sohela. Comme quoi, c’est pas la capitale, c’est Bondy, bébé.
Par Alexandre Delfau, à Bondy