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On aurait retrouvé Alexis Sánchez
Après deux saisons entre adaptation et déception, Alexis Sánchez est enfin décisif. De par ses statistiques et son apport sur le terrain, le Chilien semble épanoui. La confiance de Tata Martino, l’arrivée de Neymar et son caractère y sont pour beaucoup.
« Alexis ? Je le sens très bien, c’est un joueur très important pour nous. Il travaille beaucoup, provoque beaucoup d’occasions pour lui et les autres. C’est l’entraîneur qui décide. La concurrence au sein de l’effectif est très élevée. Je suis convaincu qu’Alexis fera une grande saison. » Andrés Iniesta a le compliment facile, c’est un fait. Mais des propos si dithyrambiques sont rares dans la bouche de l’enfant-lune. Il faut plus qu’un simple bon bout de match pour cela. Et Alexis Sánchez l’a bien compris. Critiqué depuis son arrivée sur les bords de la Méditerranée, le Chilien est enfin sur la même longueur d’onde que ses compagnons. Auteur d’un bon début de saison, il fait mieux que grappiller du temps de jeu. Car décisif, il offre enfin les solutions escomptées. À savoir, des dribbles, des débordements et des caviars. Officiellement, le Chilien compte déjà deux buts pour trois passes décisives avec le Barça – et autant en sélection. Sur le pré, sa présence est enfin déstabilisante pour l’adversaire. À sa hargne (qui ne l’a jamais lâché) s’est donc juxtaposée la réussite. Enfin.
Il est sympa ce Tata
Car ce serait un euphémisme de dire que le club blaugrana s’impatientait. Tout de même acheté pour 37,5 millions d’euros en 2011, Alexis Sánchez était un flop jusqu’à cet été. Bien trop brouillon, il s’éparpillait sur le terrain. Ses shows Youtube époque Udinese laissaient alors place à des ratés grotesques et une question redondante : mais comment dont peut-il être si doué avec sa sélection chilienne et mauvais en Catalogne ? Première explication, un mental défaillant. Avec une pression à 37 patates et une pancarte de crack au-dessus de la tête, le natif de Tocopilla a cravaché. Dans ce sens, les éclaircissements de Tito Vilanova sur les problèmes d’adaptation d’Alexis devenaient gênantes : « C’est l’un des nôtres et nous devons le protéger pour qu’il tire tout le football qui est en lui. Sinon, il deviendra de plus en plus petit, car ce terrain peut manger les joueurs. » Loin d’être dû à de la mauvaise volonté, son rendement inquiétait. À tel point qu’un transfert lors du dernier mercato du Chilien était fortement envisagé.
Avec le seul départ offensif de Villa, Alexis Sánchez s’est trouvé conforté dans l’effectif de Tito Vilanova. Une rechute de cancer plus tard, Tata Martino, nouvel homme fort azulgrana, lui offrait encore davantage : de la confiance, plus que des excuses. « Je souhaite voir le Alexis Sánchez du Chili de Marcelo Bielsa : un joueur extrêmement important et déséquilibrant, avouait le tacticien en début de saison. J’ai une grande confiance en lui. » Une tirade bien choisie qui fait pousser des ailes à l’intéressé. Titulaire et buteur lors de la première journée de championnat, il a par la suite été aligné à quatre reprises avec un fait de gloire : un but salvateur à la dernière minute du match face au FC Séville (victoire 3-2). De par les idées tactiques plus directes de Tata Martino, Alexis Sánchez écarte le jeu. Surtout, ses dribbles ont retrouvé de la vitesse. Avec ses qualités de rapidité, le Chilien force moins ses actions, frappe au moment opportun et distille de vrais centres d’ailier. Un régal pour ses coéquipiers plus axiaux. Et une « tache » en moins au milieu des orfèvres du toque.
Alexis : « Avoir du plaisir sur le terrain »
Cette soudaine mue, il la doit également à l’arrivée de Neymar da Silva Santos Júnior. La starlette brésilienne, depuis sa présentation début juin, attire toutes les caméras et détourne tous les commentaires. Un bol d’air pour le Chilien. Car l’association Messi-Neymar lui offre un certain anonymat médiatique. La pression, jamais trop loin, ne se fait plus aussi pressante. De quoi travailler en tranquillité et ne pas voir les 90 minutes d’un match comme une montagne inaccessible. Son concurrent direct, Pedro, le tire également vers le haut. Saine et purement sportive, la compétition que se livrent les deux ailiers ultra-rapides n’offre, pour le moment, que du bonus à Tata Martino. De nouveau bien dans ses pompes, Alexis Sánchez retrouve donc de l’ambition personnelle : « Je dois me lâcher plus et être à la finition pour marquer plus de buts. Il faut que j’aide l’équipe afin de gagner une place de titulaire. Je veux aussi avoir du plaisir sur le terrain. » Car oui, malgré ce renouveau certain, rien ne sera jamais acquis pour Alexis Sánchez au Barça.
Par Robin Delorme, à Madrid