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On a vu les USA (re)battre la France dans la cour de récré de l’école primaire Victor Hugo

Par Andrea Chazy, revenu en enfance
On a vu les USA (re)battre la France dans la cour de récré de l’école primaire Victor Hugo

Trois jours après la débâcle des Bleues en quarts de finale de la Coupe du monde 2019 face aux États-Unis, un remake de l’affiche a été disputé ce lundi 1er juillet au cœur de l’école primaire Victor Hugo à Fontenay-le-Fleury (78).

C’est un parfum d’été, presque de vacances, qui flotte dans l’air aux abords de l’école Victor Hugo de Fontenay-le-Fleury pour ce premier jour de juillet. La canicule, tout comme l’élimination de l’équipe de France de « sa » Coupe du monde trois jours plus tôt face aux États-Unis (1-2), font déjà partie du passé. Enfin presque. Sur les coups de 8h50 ce lundi, comme depuis une semaine tout rond, les 200 élèves de cet établissement primaire des Yvelines descendent fouler le bitume pour voir les filles disputer « leur » Mondial. Une idée qu’ont eue conjointement Mme Ravaud, la directrice de l’établissement, et ses collègues devant un constat implacable : à la récré, peu ou pas de filles ne jouent au foot. « Un jour, une petite fille est venue me voir en me disant : « Les garçons ne nous passent jamais la balle et disent qu’on est nulles », confirme la cheffe des lieux. C’est un peu parti de là. Et aujourd’hui, l’appropriation de la cour a totalement changé grâce à ça. »

Alors tous les matins, les gamines de tous âges, coachées et supportées par les garçons, squattent le rectangle et les quatre cages en plastique pour des matchs endiablés de huit minutes chrono. « Du côté des garçons, il y a eu une petite réticence au début, notamment chez les plus jeunes. On a donc demandé aux plus grands de leur expliquer la démarche, et surtout, de s’impliquer en étant coach, arbitre ou même « ambianceur ». L’objectif, c’était surtout de ne pas monter les garçons contre les filles. Et quand on voit leur enthousiasme et leur aide au projet, on peut dire que c’est réussi. »

Kids United

Trois affiches sont au programme du jour : Espagne-Russie en apéro, Portugal-Russie en dessert et, hasard du calendrier, un délicieux France-États-Unis qui fait office de plat de résistance. Pendant que la plupart des fillettes s’affairent à troquer leurs paires de sandales contre des chaussures appropriées, la « Team USA » s’échauffe déjà sous le préau. Sous l’œil avisé de Sofiane – le coach qui a mis l’espace d’une récré son statut d’élève de CM2 entre parenthèses –, Rose et ses partenaires enchaînent talons-fesses et autres exercices qui secouent le palpitant. « L’objectif, c’est vraiment d’écarter un maximum. Il ne faut pas tous aller vers le ballon. En défense, on ne se prend pas la tête et on dégage. Il y aura toujours quelqu’un devant » , martèle le tacticien d’un jour, sûr de son coup, mais bien vite rattrapé par la dure réalité de la cour d’école et de son assistant : « Si on perd, c’est de ta faute ! »

Lorsqu’elle ne diffuse pas des musiques électroniques, la sono est la propriété d’Anastassiya, 10 ans, qui s’époumone aux commentaires. Quelques minutes après la victoire étriquée de l’Espagne 1-0 face à la Sbornaya, l’heure de l’affiche du jour est enfin arrivée. Les Bleues, en chasuble orange et dans un système en 2-3-2, font face aux « Américaines » et un 3-2-2 assez défensif. En apparence seulement, car l’entame de match est à mettre à l’actif des joueuses de Sofiane. Le discours de passer par les côtés semble bien assimilé, même si les occasions se font rares. Un certain déchet technique et une bataille du milieu de terrain de tous les instants ne laissent que très peu d’opportunités aux différentes canonnières, privées d’angles de tir. Soudain, un premier coup de sifflet retentit : une joueuse des Yanks est prise en flagrant délit de port de sandales, qu’elle avait pourtant réussi à dissimuler pendant près de trois minutes de jeu. Changement immédiat. Pensant profiter du tumulte, la France ouvre le score, mais le but est logiquement refusé, alors qu’une Marseillaise venait tout juste d’être entonnée de l’autre côté de la ligne blanche. La pause arrive déjà, et pendant que les garçons investissent le pré munis de pompons et tout en mouvement, Elsa, qui représente les Bleues, ne s’attarde même pas sur ce but refusé : « C’est bien car elles n’ont pas marqué. Maintenant, il nous reste une mi-temps pour faire la différence. » Le discours, lui, est bien rôdé.

Petit pont pour Rose

Dès les premières secondes, une réorganisation tactique est visible de part et d’autre : les Américaines passent en 2-2-3 tandis que la France densifie encore un peu plus son milieu et passe en 2-4-2. Oui, enfin car une joueuse avait oublié de laisser sa place à la mi-temps, une étourderie rapidement corrigée peu après le coup d’envoi par les deux hommes en rouge. Les Américaines sont logiquement plus offensives, à l’image de Rose, qui rôde à la limite du hors-jeu, et qui gratifie l’assistance d’un petit pont aussi solide qu’inattendu. Et, à force de pousser, c’est finalement sur un tir lointain que les Américaines vont finalement trouver la faille. 1-0, le score ne bougera plus. Alors que la Grégoire Margotton locale, Anastassiya, enchaîne les interviews d’après-match, Rose savoure : « On est restées concentrées et on a finalement réussi à marquer. Maintenant, on a 7 points et on attend les finales. »

Un débrief qui contraste quelque peu avec celui de son coach : « On n’a pas très bien joué, on était trop à suivre le ballon. Mais je suis fier d’elles. Pour le prochain tour, j’aimerais qu’on fasse plus de passes. » Frustré de ne pas jouer, Sofiane ? « Pas du tout, et ça a été très facile à accepter. » Reste que même sans Megan Rapinoe et dans une cour de récré, les États-Unis constituent toujours un obstacle insurmontable pour les Bleues. Anastassiya tente d’analyser ce résultat : « J’ai vu deux équipes très bien entraînées, le but est arrivé un peu sur un coup de chance. Après, je crois qu’il y avait quand même une fille qui fait du foot en club chez les USA, ça peut jouer. » Et à ce niveau-là, ça fait la différence.

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