On a vu France-Brésil avec la Famille Bleue

« On a laissé mamie à Marseille, mais bon, notre fille ne nous a pas vraiment laissé le choix. » Depuis trois semaines maintenant, Franck sait qu’il sera occupé du lever à l’heure du goûter de ce samedi 29 juillet. Tant pis pour le repas de famille avec sa mère. Tant mieux pour sa gamine de 11 ans, qui a cette journée aux lèvres « depuis trop longtemps » en rigole le papa à l’entrée du domaine de Violaine, au nord d’Aix-en-Provence, heureux de voir Laurie tout excitée alors que l’évènement n’a pas encore commencé. Comme pour la petite famille marseillaise, une soixantaine de personnes ont été invitées à pousser les Bleues face au Brésil pour la deuxième journée de la phase de poules de la Coupe du monde autour d’un barbecue, de petites attractions, et la présence spéciale de l’ancienne joueuse Jessica Houara-d’Hommeaux. Ajoutez à ce cocktail un ciel bleu, l’odeur de la lavande, le passage des lapins, le bruit des cigales et une belle claque signée Le Sommer et Renard, et vous avez là une soixantaine d’invités ravis.

Un cadre parfait, parfaitement cadré

« Le pire qui peut nous arriver, c’est qu’il n’y ait plus assez de pop-corn. Mais bon, même ça, on a tout ce qu’il faut pour en refaire en cinq minutes. Donc bon. » Karim est confiant. Un des employés de La Fine Équipe La Provence, traiteur du jour, éclate de rire au moment de voir tous les enfants se ruer sur les sucreries du stand. Si tout le monde est arrivé au compte-gouttes entre 10h et 10h30, le cuisinier s’est levé bien plus tôt pour bien recevoir la Famille Bleue. « J’ai tondu la pelouse tôt ce matin, ensuite on a installé la grande table pour que tout le monde puisse manger ensemble, le café et les pains au chocolat pour que les plus gourmands puissent grignoter avant le début du match… Bref, ça me fait plaisir de savoir que j’ai réussi ma mission. » Et il n’est pas le seul. Dans les canapés et fauteuils à l’effigie d’INTERSPORT devant le grand écran qui ne va pas tarder à diffuser la partie, les supporters des Bleues ont tous un petit goodies. Ça, c’était la mission de Vincent et Laura. « Alors, il y a les T-shirts “Fier d’être Bleue”, les petits drapeaux, du maquillage, des colliers et même des éventails tricolores, liste un des organisateurs. On a tout mis à l’entrée, comme ça, on est sûr que tout le monde sera équipé. » Pour être sûr de ne rien oublier, Vincent a même pensé à placer deux tubes de crème solaire en libre-service. Et à quelques minutes du coup d’envoi, la récompense se fait entendre : « On peut rapporter tout ça à la maison, maman, lance une petite fille avant de voir sa mère hocher la tête de haut en bas avec le sourire. Donc moi, je veux que toi et papa gardiez bien tout. Comme ça, on s’habille pareil à la maison pour le prochain match. » Mais pour mettre tout le monde dans le même wagon, c’est Jessica Houara-d’Hommeaux, ancienne latérale droite des Bleues aux 64 sélections, qui donne le ton. Et forcément, avec deux championnats de France, une Coupe de France et surtout une Ligue des champions au compteur, celle qui a porté la tunique de l’Olympique lyonnais et du Paris Saint-Germain lance parfaitement les hostilités. « J’ai pu échanger avec certaines joueuses de l’équipe de France après le premier match face à la Jamaïque. Vous vous doutez qu’elles étaient très déçues, confie-t-elle. Je compte sur vous pour tout casser et vous faire entendre jusqu’en Australie. »

Vuvuzelas, freestyle et Didier Deschamps

Midi tout rond, le coup d’envoi est donné. Bien guidés par Maxine Eouzan, la gagnante de Koh Lanta 2021, tous les supporters sont installés et entonnent une belle Marseillaise qui fera oublier le chant des cigales. Place alors à deux heures de combat où la France sortira vainqueur. Eugénie Le Sommer en première période et Wendie Renard en seconde ont fait bouger les fauteuils et sonner les vuvuzelas. Laurie n’en demandait pas plus. « Ce sont mes joueuses préférées. Et puis, j’ai trop aimé voir Jessica se lever quand Wendie a marqué. C’était trop rigolo », commente la Marseillaise sur son pouf. La Seleção une fois dévorée du côté de Brisbane, c’est au tour des supporters de manger. Grillades, frites, merguez, saucisses, crêpes ou encore glaces sont au menu, de quoi satisfaire petits et grands. Toutefois, il y a une règle : tout le monde doit manger ensemble. Karim et ses amis ont bien dressé une longue table pour accueillir tout le monde. Même la star du jour se joint au buffet. L’occasion d’échanger avec des parents qui voient en cette journée l’occasion parfaite d’ouvrir le regard de leurs enfants. « Je n’ai pas eu la chance d’avoir un rôle modèle quand j’étais jeune et c’est très important », avoue Jessica. « Même à 13 ans, ma fille a déjà connu des échecs. Je suis aussi ici pour qu’elle comprenne que même les meilleurs passent par là. Quand elle l’a écoutée tout à l’heure, elle avait les yeux qui pétillaient et n’a pas hésité à prendre le micro pour savoir si Jessica avait été blessée dans sa carrière. Je suis content », balance Jean-Michel, papa de la petite Sonia.

Après le casse-croûte, Maxine a effectivement rassemblé la Famille Bleue au frais, sous les arbres, là où était diffusée la rencontre, pour passer le micro aux plus curieux. Et Jessica a souvent dû faire preuve de malice pour répondre à certaines d’entre elles. Le salaire, les défaites avec la France, son passage au Paris Saint-Germain, un bon quart d’heure d’échange et de sourire. « J’ai comme devise que derrière chaque mal se cache un bien, conclut l’ancienne Lyonnaise, et je pense qu’on doit tous se laisser guider par cette phrase. Maintenant, je vais vous demander d’applaudir Sixtine, une freestyleuse qui va vous faire un petit spectacle. » Jongles, tours du monde, tricks debout, skills allongée au sol… La jeune amoureuse du ballon rond bluffe tout le monde et termine la journée en beauté. Enfin, non, il reste un détail à régler : récompenser ceux qui avaient vu juste au moment de faire leur petit pronostic en arrivant plus tôt dans la journée. Cinq prix, quatre maillots des Bleues et une tunique des hommes de Didier Deschamps dédicacée par tous les soldats français présents au dernier rassemblement – « les gars avaient à cœur de faire un petit geste aujourd’hui », précise Maxine – seront offerts aux plus chanceux. Seize heures passées, les invités font la queue pour prendre un dernier selfie avec Jessica. Les plus malins dédicacent leur maillot gagné où les souvenirs captés au Photomaton disponible au bord de l’herbe depuis l’ouverture de l’évènement. « C’était ma journée préférée des vacances, hurle une petite fille avant de partir. Jessica vient d’Angers, alors je vais demander à papa et maman d’aller là-bas au mois d’août. On va à Barcelone, je crois que ce n’est pas loin. » Pour la géographie, on repassera. Mais Jessica est heureuse d’avoir pu inspirer des petits yeux l’espace d’une après-midi. Mais avant de mettre un terme à sa superbe opération, elle a tenu à présenter ses plus sincères excuses : « Je suis désolée pour mamie ! »