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  • La malédiction de l'Atlas- Episode 4

On a vu Chivas-Atlas

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On a vu Chivas-Atlas

Dimanche à Guadalajara, c'était Chivas-Atlas, le plus vieux clasico du Mexique. On l'a suivi avec la Barra 51, composante la plus bruyante de la Fiel, les fidèles supporters rojinegros. Au programme : ferveur et souffrance. 


« Quel plaisir, cette peine » . Peint au-dessus du zinc du bar de « La Murga » , lieu de rassemblement de la Barra 51, le slogan définit parfaitement le syndrome contracté par les soutiens de l’Atlas. « Aguantar » appuient les dos des tee-shirt des jeunes fidèles. En Français : endurer, souffrir, supporter. Un abonnement pour la désillusion, voilà à quoi souscrivent les supporters rojinegros. Une addiction qu’ils pourraient subir en grand dépressif, mais qu’ils préfèrent magnifier en la vivant comme une passion masochiste. « On porte notre croix » se marre Efran, l’un des doyens de la Barra. A presque 40 ans, il n’a jamais vu l’Atlas champion, comme tous ses acolytes qui enquillent bières sur bières aux alentours du stade Jalisco. De la mythique enceinte, un convoi d’une dizaine de cars doit s’ébranler vers les portes du stade Omnilife, l’écrin haut de gamme de l’ennemi chiva. Il n’est pas encore midi. Le coup d’envoi du clasico sera donné à 16h30.
Pour le gros millier de supporters réunis, gagner face au rival local, se serait sauver la cataclysmique saison des rojinegros : un succès en neuf journées. Se serait troquer la tunique du martyr pour les habits de bourreau. « Si tu gagnes, t’es le roi pendant une semaine, assure Orive, l’un des kapo de la Barra, tandis que le perdant préfère ne pas aller au travail plutôt que de s’en prendre plein la tronche » . Etudiant en communication, Diego enchaîne : « Eux ils ont 11 titres, ils viennent de jouer la finale de la Libertadores, nous on a que ce match pour gonfler la poitrine » . Ca, et la fierté de se compter comme la cinquième « aficion » du pays, malgré un titre qui les fuit depuis 1951.

Comment expliquer cet engouement ? « En fait, l’Atlas a toujours eu la réputation de développer un jeu plaisant, amorce Orive, on nous appelle d’ailleurs les Amis du Ballon, ou l’Académie, pour le savoir-faire de notre cantera » . Les troupes de la Fiel ont notamment grossi lors de l’ère Lavolpe (1997 à 2001). « Certains matches ressemblaient à de véritables ballets, assure le kapo, et l’Atlas a alors converti des fidèles dans tout le Mexique » . Efran va beaucoup plus loin : « A ce moment là, Guardiola terminait sa carrière aux Dorados de Culiacan et il a été influencé par le système Lavolpe » . Un fait avéré : la finale de 1999, perdue aux pénaltys face à Toluca, est reconnue comme la plus belle de l’ère des tournois courts (depuis 1996).

Loin de ses considérations sur l’art et la manière, seuls deux cars loués par la Barra 51 rallient le Jalisco. Vient alors le temps de la débrouille. Chaque bus passant devant la Fiel est réquisitionné, bourré jusqu’à la gueule, et le convoi rouge et noir finit par s’élancer dans le vacarme des chants. Classique des clasicos, l’un d’eux sera caillassé. Le bus des joueurs rojinegros aussi, fracassé aux abords du stade Omnilife. En contrepartie, le véhicule de Marco Fabian, attaquant rojiblanco, sera sévèrement secoué au terme de la rencontre. Si le clivage social opposant Chivas et Atlas s’est gommé avec le temps, la haine perdure. A son origine, le clasico opposait le club du peuple 100% mexicain à celui de l’aristocratie de la très conservatrice Guadalajara. Une histoire ancienne transformée par la lose inextinguible de l’Atlas.

C’est en tout cas l’analyse de l’étudiant barrista, Diego Ignacio Solano Urrusquieta : « Atlas représente davantage le Mexique que les Chivas. Il existe une véritable symbiose entre les valeurs populaires et celles de notre académie, écrit-il. Expliquer l’histoire de l’Atlas pourrait confiner à expliquer l’histoire de notre pays. L’Académie c’est le plaisir de l’espoir et l’enfer de la réalité. Son potentiel paraît infini, mais la mauvaise gestion des dirigeants finit toujours par éteindre les rêves des fans » . Quand le discours sociologique se transforme en chant de supporter, cela donne ça : « Je suis de l’Atlas car le monde m’a fait ainsi / je ne peux pas changer /son maillot est mon remède, ma douleur, et ma maladie / je suis Rouge et Noir jusqu’à la mort et extrêmement résistant / l’Académie je t’aime toujours plus fort / ma vie pour te voir sacrer champion » .

Une heure avant le coup d’envoi, le convoi parvient finalement aux abords du flambant neuf stade Omnilife. Belle oeuvre architecturale, le volcanique Omnilife n’en ressemble pas moins à un outil de gentrification du public traditionnellement populaire des Chivas. Prix des places inabordables pour le mexicain moyen, et résultat : un clasico joué devant un stade à moitié vide. L’enthousiasme des supporters rojinegros s’y fait bruyamment entendre, d’autant que la victoire est proche (2-1). L’Atlas doit toutefois terminer à 10 après l’exclusion gag de Gerardo Flores, pénalisé d’un deuxième jaune pour avoir célébrer son but en enfilant un masque de Zorro. Un dernier ballon traîne dans la surface : le jeune produit de la cantera, Nestor Vidrio, panique, et poignarde les siens d’un détonnant csc (2-2). « Le plaisir de l’espoir et l’enfer de la réalité » . Définitivement.



Thomas Goubin, à Guadalajara

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