- L1
- OM/Rennes (3-1)
On a vécu le titre au Vélodrome
Le coupe-vent trempé et l'œil collé au téléphone : la soirée des supporters marseillais avait mal commencé. Mais elle s'est terminée en apothéose sur un feu d'artifices assez classe.
19 heures. La pluie casse l’ambiance comme une vulgaire compagnie de Playmobil. Entre la Castellane et le stade, les brasseries sont vides. Putain, ça ressemble à une 18e journée en plein hiver, quelle lose. Il faut s’approcher du Vélodrome pour apercevoir quelques plasmas allumés sur Lyon-Auxerre. On avise les tronches puis le score : normal, 0-1. Ne reste que l’arôme de l’or jaune pour réchauffer un peu l’ambiance.
Un Américano cra-cra à 4 euros plus tard, le bas du virage Nord s’anime : les capo s’arrêtent une seconde de tambouriner pour essuyer l’écran mouillé de leur Smartphone. Jamais eu autant de fans de l’OL dans les tribunes du Vel’. Lisandro fourre son péno. 1-1. Reste à battre Rennes et le titre sera dans la poche.
20 heures. Ça pisse dru sur les barres des quartiers nord. Marseille n’a jamais ressemblé autant à Bucarest. Coupe d’œil circulaire en tribune. Un tifo « Herzlichen Sankt Pauli » félicite le plus barré des clubs allemands pour son prochain retour en Bundesliga. En face, les Yankees n’oublient pas la catastrophe de Furiani il y a dix-huit ans : « 05.05.92 RIP » .
20h44. Le speaker croque son quart d’heure de gloire : Lyon-Rennes 2-1. Les nuages cracheraient du pastis plutôt que d’la Vittel que les ultras de l’OM ne chanteraient pas plus fort. Vingt-cinq minutes après, Heinze envoie un joli coup-franc dans les filets rennais. Au hit-parade de l’Ohème 2009-2010, un ex-Parisien de plus. On se fait à tout. Mais franchement, on attendait mieux d’un public près de l’extase. Est-ce la pluie ? Toujours est-il que le Vel’ peine à jouir. Et v’là Briand qui égalise. Fait chier. A la télé, gros plan sur la moue présidentielle de JC Dassier. Le Vel’ bande mou. Et sinon, ils passent quoi sur TF1 ?
A la mi-temps, ce vieux grigou de Saccomano déblatère sur « ce petit con de Domenech » . On capte aussi un bout de conversation entre deux plumitifs du coin : ça parle de Mamadou Niang, de ses frères et de Francesca Antoniotti –la bavarde de Ma chaîne sport– dans une voiture. Bof, la rumeur entre Lorik Cana et Clara Morgane était bien plus torride.
22 heures. Les joueurs de l’OM aussi seraient bien restés devant la redif’ des Experts. Les cheveux dans les yeux, Brandao sort pour Ben Arfa. Enfin du foot. Un spasme de plaisir parcourt le Vel’ qui somnole. Première action, premier gri-gri.
22h31. Niang s’arrache dans la défense rennaise et délivre son équipe. Joli pointu de son gauche revêtu d’une F50 bleue. Pas en retard sur le merchandising, Adidas envoie un spot de pub pour sa nouvelle grole sur les écrans géants du stade. Pas con. Ni cynique. Et rebelote la minute d’après pour le troisième de Lucho.Celui-là vaut tripette. Les papelitos déchirés dans le programme officiel du match s’envolent dans le ciel. « Argentina, Argentina » . Niang sort, serre la paluche du DD et craque une larme sur le banc. Les deux virages crient le nom de Deschamps à s’en rompre les cordes vocales. “Joueur ou entraîneur tu es notre bonheur”, proclame un calicot. Faut-il voir une provoc’ gentillette dans la touillette mâchonnée par le DD comme Laurent Blanc la saison dernière ? Qu’importe.
En quart de virage, un père de famille avise les bouchons à venir et tire son môme hors du stade avant le coup de sifflet final. Eh l’ami, t’as pas honte ? Heureusement, les autres supporters sont plus vaillants : ola à la 88e minute du match décisif de la saison. Un truc que tous les Footix du SDF ne pigeront jamais. La fête s’étire sur la pelouse. Mbia et Taiwo revisitent la galipette. Freddy Mercury, le torse à l’air, envoie du bois. Feu d’artifices et compagnie. Mathieu Valbuena bombe son petit torse et son boxer. Ce soir, c’est fête pour toutes les Zahia de la Canebière.
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