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On a testé un « Sports Bar » à NYC
45 minutes de retard au décollage. 8h30 de vol. 3 films. 80 minutes de queue avant le « Passport Control », 85 dollars de taxi depuis Newark, péages et pourboire compris, pour rejoindre Manhattan, et 38 degrés dans le ciel : on méritait bien de se poser dans un Sports Bar, le BBR sur la 2ème avenue...
L’amour existe encore. Au moins en deux exemplaires, en tout cas. Au BBR, comprendre « Blonde, Brunette and Redhead » , le « sports bar » de la deuxième avenue – lignes 4,5 ou 6, Upper East Side, Manhattan, New York, état de New-York, USA. La première est belle comme un home-run des Yankees alors que selon la rumeur, on aurait inventé le mini-short pour la deuxième. Deux étincelles perdues. Elles distribuent les sourires, les sourires qui valent la peine d’aligner les billets d’un dollar – probablement les plus classes de tout le système monétaire mondial . Bref, le BBR donc. La Coupe du Monde épique des Etats Unis, l’élégance aveuglante de Landon Donovan, les valeurs familiales des Bradley, les tribulations des Victoria Beckham à Los Angeles, Youri Djorkaeff et plus récemment, l’arrivée du gadjo de Tony Parker, Thierry Henry, aux Red Bulls de New York : tout mène les américains à s’intéresser au vrai ballon, celui qui roule. Mais au BBR, même pas.
« ID please ? » . Le physio parle un peu français. Ca aide quand on n’a pas ses papiers dans la poche arrière du Strauss. Sans être dingue, la déco évite les fautes de goût. On fait dans l’efficace : tables hautes, tabourets design en simili-cuir, billards au fond et murs en pierre de taille. Avec les pop corn qui vont bien à volonté, ça fait l’affaire. Des écrans, plats, géants, disséminés un peu partout. On y rediffuse ici un match des Red Sox contre Détroit, là le résumé des Mets, et ailleurs Toxic, le meilleur clip de Britney Spears – pour peu qu’on s’y connaisse en musique. Pas la peine de demander s’il y a du soccer sur une autre chaine câblée, on pourrait se cramer avec les jumelles de l’amour. Alors ce sera du baseball. Et bien sûr, on n’y comprend peau de zob. Des quadras avec le jogging dans les chaussettes qui se jettent dans le sable, sérieusement ? Qui rattrape, qui lance, qui court, qui dribble, qui centre et qui marque bordel ? Ah ça pour défiler, les points défilent. Sont comme ça les américains, ils préfèrent les sports où ça score toutes les minutes.
Puis il y a elle, avec ses cheveux bouclés et sa combi-short. Elle vient d’arriver, un peu pompette avec ses copines – visiblement, les mojitos sont exquis – et elle vous met un coup de coude, comme si vous étiez son running back. « Les Red Sox ont perdu ? » . A vrai dire, on n’y a pas franchement réfléchi. De toute façon, elle a vite compris : « Sorry, you’re more into soccer, aren’t you ? You look like you’re from Europe » . Ben voilà, elle a tout dit finalement. Ca servait à rien de déglutir trois Bud à cinq dollars, on aurait mieux fait de descendre les Corona planquées dans le bac à légumes du frigo.
Justin Maturana
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