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On a testé pour vous la fracture tibia-péroné

Par Paul « d'équerre » Bemer
On a testé pour vous la fracture tibia-péroné

Ce dimanche à 17h, Manchester United se déplace à Southampton sans Luke Shaw. Victime d'un tacle particulièrement appuyé mardi dernier en Ligue des champions qui lui a brisé la jambe droite, le latéral gauche des Red Devils est out pour six mois minimum. Une tuile qui ne tombe pas que sur les joueurs pros. La preuve, c'est arrivé près de chez vous…

Tous ceux qui ont déjà mis une bûche dans une cheminée connaissent ce bruit. Ce craquement sec, sourd, qui résonne lorsque la flamme parvient à fendre le bois. Le plus souvent, une minuscule braise s’échappe et se dissipe dans le conduit, telle une luciole. C’est beau, noble, et ça réchauffe. Sauf que ce bruit si particulier, tout ceux qui se sont déjà retrouvés avec la jambe d’équerre l’ont également entendu. Ce craquement sec, sourd, qui résonne dans tout votre corps lorsque le crampon parvient à fendre l’os. Le plus souvent, un cri strident s’échappe et se dissipe dans l’écho. Les lucioles, elle, coulent le long de vos joues. C’est moche, cruel, et ça glace le sang.

Mais contrairement à son pote, le ligament croisé, qui pète souvent tout seul, la fracture tibia-péroné a besoin de l’adversaire pour exister. Que ce soit sur un tacle scélérat d’un boucher qui ne sait pas défendre autrement que les deux pieds décollés ou, plus technique, à cause d’un attaquant un peu gauche qui glisse sur le ballon en tentant une roulette « zidanesque » , le résultat est le même : la guillotine. Dans le milieu, on appelle ça une « Djibril Cissé » . Et comme pour le Djib’, Manuel Dos Santos, Jérémy Clément, Eduardo da Silva, Federico Mattiello, Luke Shaw ou David Busst (le saint patron du tibia-péroné), la douleur n’est pas immédiate. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle n’intervient réellement que lorsque vous vous retrouvez au sol à contempler l’ampleur des dégâts. Une douleur psychique donc, qui devient très vite physique et s’amplifie au moindre mouvement, voire tremblement. De ce point de vue-là au moins, joueurs pros, district, five ou FSGT, tous sont égaux face à la double fracture. Idem face à la durée d’indisponibilité : six mois incompressibles. La seule différence en fait, c’est qu’à la sortie, les pros seront de retour sur le pré quand les autres reprendront tout juste la course à pied. Mais pas de précipitation, hein. Pour l’instant, vous pensez surtout au fait qu’ils ont la « chance » d’avoir un staff médical de l’autre côté de la ligne de touche. Alors que pour vous, les premiers soins ont encore la moitié de la ville à traverser.

Du SAMU à Voyage au bout de la nuit

D’ailleurs, outre se jeter sur vous pour vous soutenir comme ils peuvent (dans tous les sens du terme), le premier réflexe de vos coéquipiers est bien souvent d’appeler les pompiers. Grave erreur. Dans la plupart des cas, les soldats du feu ne peuvent pas faire grand-chose de plus que mettre vingt minutes à arriver pour constater que vous vous êtes effectivement cassé la jambe. Certes, ils savent comment réduire une fracture, mais sans médecin dans l’équipe, impossible de vous délivrer ne serait-ce qu’un doliprane. Donc pour ne pas attendre vingt-cinq minutes supplémentaires avec la jambe en vrac et l’humour de façade de vos potes pour seule source d’apaisement, mieux vaut leur suggérer d’appeler directement le SAMU. Encore faut-il que vous soyez un tant soit peu lucide… Car, on ne va pas se mentir, il y a quand même de gros risques que vous ayez déjà tourné de l’œil avant d’avoir pu goûter aux joies de la morphine et de l’assistance respiratoire. Deux belles trouvailles de la médecine moderne, soit dit en passant.

La suite, c’est l’ambulance, avec le bloc opératoire comme terminus, via un arrêt à la station « radiologie » . Si vous êtes toujours conscient à ce stade-là de l’aventure, déjà bravo. Ensuite, sachez que vous pouvez définitivement tester vos limites en choisissant l’anesthésie locale, et ainsi découvrir qu’elles n’étaient pas bien loin au moment où le chirurgien traitera votre jambe comme une vulgaire piñata. Un clou le long de votre tibia, deux vis pour verrouiller l’affaire au niveau de la cheville et du genou, et une info : le péroné est un os qui ne sert tellement à rien qu’il est capable de se remettre tout seul comme un grand, sans aucune intervention extérieure. Un dispositif qui, dès la sortie du bloc, fera partie de vous pour les dix-huit mois à venir. Rien que ça. Ce qui nous amène à cet autre avantage que le footeux possède par rapport au commun des mortels : le droit de jouir de sa propre chambre d’hopital. Un privilège qui lui évite de se réveiller à côté de Jean-François. Un gitan, évangélique, élagueur, qui est tombé d’un arbre et s’est empalé la cuisse sur une grille de jardin. Un homme qui jure aussi avoir « renoncé à tout loisir pour mieux se consacrer à Dieu » et vous laissera donc le contrôle de la télécommande moyennant quelques prêches, et surtout l’écoute de la quasi totalité des cantiques qui peuplent son iTunes. Un mal pour un bien. Parce qu’une fois la nuit tombée, lorsqu’une simple couverture se transforme en enclume et que les infirmières ne sont plus là pour soulager cette jambe qui respecte de plus en plus la charte graphique de Resident Evil, vous êtes réellement prêt à tous les sacrifices pour tenter de trouver le sommeil. Tous sans exception. Y compris mater un match de baseball sur beIN ou prendre l’émission Voyage au bout de la nuit au pied de la lettre.

Doctissimo et le syndrome des loges

En théorie, vous retrouvez votre home sweet home cinq à six jours plus tard. En théorie seulement. Car les plus chanceux contractent parfois ce qu’Hippocrate a baptisé « syndrome des loges » . Rien à voir avec le camp du même nom où, jadis, les Bernard Mendy et Sammy Traoré perfectionnaient leur technique naturelle. Ici, il est plutôt question de grosses alvéoles sous-cutanées que le chirurgien est obligé d’ouvrir une par une au scalpel. Laissant ainsi son patient avec une grillade à la place du mollet. Bref, une belle saloperie comme il n’en existe que sur les forums de doctissimo.fr. Un endroit où, comme tout le monde, vous irez faire un tour pour tenter de vous rassurer sur le profil de cet infirmier censé venir quotidiennement chez vous pour changez vos bandages et vous injecter tout plein de trucs dans votre petit corps meurtri. Un endroit où vous apprendrez aussi qu’il existe des surhommes qui ont réussi à reprendre le footing au bout de trois mois, et d’autres qui n’ont toujours pas quitté leurs béquilles plus d’un an après l’accident. À boire et à manger.

Parce qu’en fait, la vérité, c’est surtout votre kiné qui la détient. Et contrairement aux pros, vous n’aurez sans doute pas la possibilité de faire votre rééducation dans un centre mondialement connu. À vrai dire, pour vous, un bon kiné est devenu si rare que vous allez devoir le partager avec une vaste cour des miracles. Le prix à payer pour arrêter de marcher comme Keyser Söze, dégripper les articulations et surtout regonfler cette gambette qui a perdu près de la moitié de sa masse musculaire. Désormais, un peu plus de 200 jours, des kilomètres de natation, de tapis de course et de vélo d’appartement vous séparent des terrains. Un joli tas d’ordonnances, de feuilles de soin et de radios de contrôle aussi. Car s’il y a bien un dernier détail enviable aux footballeurs, c’est d’être secondés dans leurs démarches administratives. Pour ne pas dire assistés. D’où l’expression : « Heureux qui, comme Djibril, n’a jamais eu affaire à la sécu… »

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