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On a goûté au gâteau Osimhen
Située dans le quartier de Piscinola, Fresco Forno propose depuis peu la torta Osimhen, un gâteau qui rend hommage au numéro 9 du Napoli. Un succès inattendu pour cette pâtisserie familiale qui a lancé une vraie mode gustative en Campanie.
À l’approche de la fin du championnat, l’ingéniosité des Napolitains est sans limite. La preuve avec le gâteau Osimhen créé et commercialisé par la pâtisserie Fresco Forno. Deux couches de génoise au cacao fourrées avec de la mousse au chocolat, du caramel au beurre salé et des pépites de chocolat. Le tout recouvert d’un glaçage au chocolat avec des biscuits émiettés et des noisettes hachées sur le dessus pour simuler les cheveux du meilleur buteur de Serie A (19 buts). Sans oublier le masque du buteur napolitain, en hostie ramollie, et un N bleu du Napoli Calcio. Un gâteau qui est né un peu par hasard après la victoire du Napoli à Empoli (0-2). « Nous avions déjà fait des gâteaux aux couleurs de l’équipe par le passé, mais un gâteau dédié à un joueur, c’est la première fois, explique Giuseppe Mellone, cogérant du magasin en compagnie de son frère Salvatore. Nous avons relayé la photo sur les réseaux sociaux de la boulangerie et elle est devenue virale. » Virale au point que de nombreux clients se pressent à Fresco Forno pour goûter à ce fameux gâteau dont tout le monde parle, boostant les ventes de la pâtisserie familiale. « Le premier jour, on en avait juste préparé 150, pour notre clientèle habituelle, rembobine Giuseppe, clope électronique au bec. Ils sont tous partis, et depuis, on reçoit plein de réservations et plein de curieux viennent pour goûter ce gâteau fait avec le cœur. Hier, il y a même un touriste français qui est venu chercher un gâteau avant de rentrer en France. »
Le meilleur pâtissier de Campanie
Pour se procurer ledit gâteau, il faut se rendre au nord de Naples, dans le quartier de Piscinola, voisin de celui de la Scampia, où les rappeurs PNL, Lacrim et SCH ont tous tourné un clip. C’est là, en 1997, au bout de la via Cupa della Filanda, un cul-de-sac quelque peu éloigné de la circulation, que la pâtisserie des frères Mellone a été créée. Vingt-six ans plus tard, en ce lundi 27 février, à 18h30, soit une demi-heure avant la fermeture de la pâtisserie, une petite dizaine de locaux viennent acheter les deux produits phares de la pâtisserie napolitaine, la sfogliatella et le babà, mais aussi et surtout le gâteau dédié au bomber masqué. Parmi eux, un garçon d’une dizaine d’années – vêtu d’un bas de survêtement du PSG et accompagné de ses parents – demande à Giuseppe de prendre une photo avec lui. Tandis que dans le laboratoire, plusieurs pâtissiers finissent de confectionner une bonne cinquantaine de gâteaux, qui seront vendus 18€ l’unité. Car sur le mur derrière eux, il y a au moins le double de réservations pour le lendemain.
Tout le monde veut donc déguster ce gâteau bien moins sucré qu’il n’y paraît et se délecter du délicieux caramel au beurre salé qui rappelle la Normandie, l’occasion de rappeler que Naples fut sous domination normande au XIIe siècle. Même l’attaquant nigérian du Napoli a eu le droit d’y goûter quand il est passé aux abords de la boulangerie. « On a choisi Osimhen car c’est notre meilleur joueur et notre meilleur buteur, concède Giuseppe, qui a connu les deux Scudetti il y a plus de 30 ans. Mais on a aussi eu l’occasion de voir que c’est un garçon très humble malgré son statut, et l’argent qu’il gagne. Par contre, on ne sait pas encore s’il a aimé. » En revanche, ce que l’on sait, c’est que ce gâteau fait beaucoup parler de lui. Notamment sur les réseaux sociaux où, un peu moins de deux semaines après la polémique liée aux blackfaces du carnaval à Naples et l’exaspération de l’écrivaine italienne Sabrina Efionay, certains y voient une nouvelle forme de racisme malgré le souhait initial de rendre hommage à Victor Osimhen. Des critiques qui n’ont pas empêché de nombreux autres pâtissiers et chocolatiers de suivre la tendance. C’est le cas de Salvatore Gabbiano, pâtissier à Pompéi, ou d’Antonio Santoro, installé à Caserte, capitale de la province voisine du même nom, qui propose un gâteau au chocolat avec une pâte à tartiner au chocolat blanc à l’intérieur. Enfin, en prévision de Pâques, la chocolaterie Theobroma de Sant’Anastasia, aux pieds du Vésuve, a, elle, sorti un œuf Osimhen avec chocolat fondant et crumble de citron sur le dessus. Mais ça ne s’arrête pas là, car à Naples, on peut maintenant avaler un café Osimhen, tandis qu’à Pozzuoli, à l’ouest de la cité parthénopéenne, le restaurant Ammaccàmm propose une pizza en l’honneur de l’ancien attaquant du LOSC. Si cette pizza a l’air gustativement bancale, l’Osimhen-mania n’est pourtant pas près de s’arrêter. Idem pour la publicité faite à la pâtisserie des frères Mellone, qui réfléchissent déjà à la petite douceur qu’ils confectionneront si leur club de cœur soulève le Scudetto le 4 juin prochain. Ce qui serait, à n’en pas douter, la cerise sur le gâteau.
Par Maxime Renaudet, à Naples