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On a suivi Belgique-Italie dans la ville la plus italienne de Belgique

Giuliano Depasquale
7 minutes
On a suivi Belgique-Italie dans la ville la plus italienne de Belgique

Quel meilleur endroit que La Louvière, commune la plus italienne de Belgique, pour suivre le match entre les Diables rouges et les Azzurri ? Résultat fascinant.

« Minga ti ! Fraté, le match va bientôt commencer, mets tes scarpes on y va ! » C’est certainement dans ce patois typique de La Louvière que les Italiens se sont mis en route pour la place communale, ce lundi soir, dans le but d’aller assister à ce fameux Belgique–Italie, tant attendu. Cette commune de la province du Hainaut, en Belgique, comporte une très grande majorité d’habitants d’origine italienne. Il n’existe aucun chiffre officiel, mais, sur les 80 000 Louviérois, un bon tiers serait issu de la vague d’immigration qu’a provoquée l’industrie de la sidérurgie et du charbonnage, des années 1940 aux années 1980. La ville célébrait d’ailleurs les 70 ans des accords bilatéraux avec l’Italie ce week-end, soit juste avant le choc belgo-italien de l’Euro. Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses. Ça a d’ailleurs amusé Salvatore, membre d’un club de Vespa et présent afin de mettre à l’honneur ses origines en organisant un tour dans la région sur ces deux roues qui ont uni Audrey Hepburn et Gregory Peck dans Vacances romaines. « Il y a une motivation supplémentaire juste avant le match, explique-t-il. On est de racines italiennes, mais de culture belgo-italienne. Ma femme et mes enfants vont supporter la Belgique. Moi, mon cœur balance, mais il est un peu plus du côté de l’Italie. C’est aussi pour ça que les deux drapeaux sont présents en ce jour de la commémoration de l’immigration italienne, ça a tout son sens. » Tout comme lui, les nombreux commerces et habitations du centre-ville arborent les deux étendards sur leur façade et s’apprêtent à accueillir la population pour une rencontre qui est au cœur de grands débats dans les cours de récré, au bureau ou à la caisse des supermarchés.

One, two, three… viva l’Italie !

Il est un peu plus de 20h lorsque la place communale commence à se remplir. Et, bien que la population italienne fasse partie intégrante du paysage louviérois, ce sont bien évidemment les Belges qui colorent davantage les rues de la ville dans cette masse d’un petit millier de têtes. La Belgique étant toujours en état d’alerte de niveau trois à cause des menaces terroristes, chacun doit passer par la case « fouille » avant de pouvoir pénétrer dans l’espace surplombé de l’écran géant. Chacun a revêtu son maillot fétiche. Les Marocains et Algériens aussi. « On représente, c’est la joie du foot, on est venus faire la fête » , lance la bande de copains aux tuniques inattendues. « Puis, la Coupe d’Afrique c’est en hiver, il fait froid et on n’a pas l’occasion de porter nos maillots. L’Euro, c’est tout bon. »

D’autres ont été moins originaux et ont décidé de porter un habit de leur club de cœur, comme Natale, vêtu d’un gilet de l’Inter, et Matteo, un maillot du Milan sur le dos. Il faut tout de même du courage pour se pointer avec ces deux équipes qui sont respectivement représentées par Éder et De Sciglio avec la Nazionale – soit pas vraiment les meilleurs éléments d’Antonio Conte. « Pour une fois que l’Inter a un de ses joueurs en Italie, il faut en profiter » , blague l’Interista. « Puis, je n’avais rien d’autre à me mettre. » Et le Milanista de se justifier à son tour : « Même si De Sciglio est à terre, il faut dire ce qui est, je montre quand même que je suis derrière lui. » Le choix du vêtement est décidément délicat ce soir, puisqu’il n’est pas rare de croiser quelques indécis qui ont fini par trancher en portant les couleurs des deux nations. « Mon papa est Italien et ma maman est Belge » , raconte Jessica, toute d’azzurro vêtue avec seulement un bracelet noir-jaune-rouge. « Je suis plus pour les origines de mon papa, mais j’aimerais quand même bien un match nul. » D’autres encore ne chicanent pas et décident de porter un maillot mi-italien, mi-belge. « On s’en fout de qui est d’où, on est tous des frères ici. Peu importe qui gagne à la fin, on fera quand même la fête. C’est l’esprit belge, c’est comme ça. Les Italiens boivent de la bière et les Belges de la grappa » , plaisantent Yohan, Greg et Olivier.

Veni, vidi, vici

Disons les choses comme elles sont : les supporters belges foutent une bien meilleure ambiance que les Italiens. En revanche, quand il s’agit de chanter l’hymne national, ces derniers sont imbattables. En guise d’exemple, il suffit d’observer avec quel engouement et quelle passion Gigi Buffon entonne « Fratelli d’Italia » . Tandis que de leur côté, les Belges ont assez bien de mal concernant ce rituel d’avant-match. Qu’à cela ne tienne, ils se rattrapent volontiers les minutes qui suivent le coup d’envoi en enchainant les rengaines footballistiques. Une chose unit pourtant bien les deux camps : les jurons. « Staminchia ! » , scandent les premiers, « c’est né du rugby, hein, pia d’mes couilles » , renchérit-on parmi les seconds, à la suite d’une faute de la part d’un Italien. Le but de Giaccherini n’arrange rien et permet même à ses compatriotes de donner de la voix en reprenant à l’unisson « Italia » une dizaine de fois.

La pause arrive finalement et si la majorité du public des Diables rouges affirme rester dans un esprit bon enfant dans la confrontation, certains « ritals » ne l’entendent pas de cette oreille. « Il y a trop de Belges ici. Mais le match n’est pas fini, les Italiens vont sortir et les Belges vont rentrer chez eux » , balance Lorenzo. Et alors que la plupart se sent tiraillée entre les deux nations, certains sont catégoriques à ce sujet. « Il n’y a pas de Belgique, c’est l’Italie et puis c’est tout » , poursuit Giovanni. « Les Belges jouent bien, mais ils ont trop la grosse tête. Jusqu’à maintenant ils n’ont pas joué contre des équipes assez fortes et là, ils voient ce que c’est de tomber contre une grosse. » Voilà qui est dit, la deuxième période peut débuter. Au fil des minutes, la tension monte de plus en plus dans la foule et on commence à s’impatienter du côté des fans d’Hazard & Co. Les injures bien wallonnes reviennent en force, au point qu’Éder se fait traiter de « boyard » – de con, en gros – pour sa vilaine faute sur Mertens qui a empêché une contre-attaque. Les chants des supporters belges se suivent au rythme des occasions créées par leur équipe, mais ce sont bien les Italiens qui finissent par faire plus de bruit grâce au deuxième et dernier but, signé Pellè.

Louve story

Antonio Conte et ses hommes ont donc remporté la partie et tout le monde est rentré chez lui, fin de l’histoire. Non, certainement pas en Belgique où tout prétexte est bon pour allonger la soirée. « On a mal joué, mais ce n’est pas une raison pour ne pas faire la fête » , s’accordent Rémy, Guillaume et Benoît, la mine quand même un peu attristée. En ce qui concerne les vainqueurs du soir, on a l’impression qu’ils viennent de remporter la compétition, vu la véritable parade de voitures garnies du drapeau de la botte et klaxonnant encore plus qu’en pleine heure de pointe dans Paris. Certains se rendent même au pied de la statue de la Louve, symbole de la ville, à l’instar d’une certaine capitale sud-européenne. L’histoire est cependant différente de celle de Rome avec Romulus et Remus, la légende de La Louvière racontant juste qu’un enfant de la région aurait un jour été allaité par une louve. Mais, la statue, elle, a bien un rapport avec la ville éternelle, puisqu’il s’agit d’une réplique de la Louve capitoline, sans les deux bambins. Et puis, Rome ne s’est pas faite en un jour, à ce qu’on dit. Il en va de même pour les Diables rouges.

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