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On a retrouvé le supporter suisse qui est devenu un meme

Propos recueillis par Aurélien Bayard
On a retrouvé le supporter suisse qui est devenu un meme

Si l’incroyable Hulk avait été présent dans les travées de l’Arena Națională de Bucarest, nul doute qu’il aurait pris ses jambes à son cou en voyant la transformation de Luca Loutenbach. En l’espace de quelques minutes, le Suisse est passé de sosie du Youtubeur Cyprien à un Super Sayan prêt à lâcher son meilleur kaméhaméha. Une métamorphose qui l’a transformé en « meme » jusqu’à la fin des temps. Mais comment cet employé de banque, pigiste dans un quotidien local, a-t-il vécu son quart d’heure warholien ?

Tout d’abord, est-ce que cela t’était déjà arrivé d’avoir des moments de folie ?J’avoue que ce n’est pas la première fois que je me laisse transporter par mes émotions. Je me souviens avoir été en transe à l’Euro 2016 lors du huitième de finale contre la Pologne grâce au but de Shaqiri (égalisation à 1-1, la Suisse perdra le match aux tirs au but ensuite, NDLR). Mais aussi en 2018 face à la Serbie à Kaliningrad avec un but de Xerdan à la dernière minute. Les deux fois, j’étais dans le stade et c’était magnifique. Cependant, jamais je ne me suis mis torse nu.

Lorsque Seferović marque le 3-2, il vient près de nous pour nous dire que ce n’est pas fini. Alors je donne tout.

Et là, tu t’es lâché.Oui, mais il y a tout un cheminement. Nous en avions marre d’être les bons petits Suisses, ceux qui vont jusqu’en huitièmes de finale pour être éliminés ensuite. Cette génération dorée (Ricardo Rodríguez, Granit Xhaka et Haris Seferović ont été champions du monde U17 en 2008, NDLR) se devait de remporter un match à élimination directe. Après le but de Paul Pogba, je me suis dit que je n’allais jamais voir de mon vivant la Nati en quarts de finale d’une compétition internationale. Comme s’il y avait une sorte de malédiction après 2006, 2014, 2016 et 2018. Puis lorsque Seferović marque le 3-2, il vient près de nous pour nous dire que ce n’est pas fini. Alors je donne tout.

Qu’est-ce que cela représente pour la Suisse ?À la différence de la France ou l’Italie, il n’y a pas d’union sacrée derrière notre sélection nationale. Les gens suivent plutôt leur club, tout l’inverse de moi, donc. Mais face à la France, c’était une des premières fois où le pays entier s’est embrasé pour la Nati. Cela m’a beaucoup touché. Comme quoi, cela n’arrive pas qu’aux autres. Merci à Vladimir Petković et ses changements parfaits – Fassnacht, Mbabu et Gavranović ont joué un immense rôle pour revenir à 3-3 – de nous avoir permis de connaître cette joie infinie.

Des fans suisses ont commencé à aller près de moi pour me demander des selfies.

Est-ce que tu as senti les caméras s’attarder de plus en plus sur toi ?Pas tout de suite, car j’étais vraiment dans le match. Je ne me suis même pas vu passer à l’écran ! J’ai commencé à comprendre au début de la prolongation, car des fans suisses ont commencé à aller près de moi pour me demander des selfies. Et ils m’ont également montré sur leur téléphone que je commençais à faire le buzz. J’ai préféré ne pas prêter attention à cela, je me suis dit : « Profite et tu verras après. »

Et quand tu découvres ça, quelle a été ta première réaction ?Quand j’ai vu mon téléphone assailli par les notifications, j’ai vite demandé à mes amis de m’entourer pour répondre aux différents messages et pour m’épauler pendant cette période particulière. Avant cet événement, je n’étais sur aucun réseau social, car je trouve que cela ne m’apporte rien. Et se retrouver autant sous le feu des projecteurs n’est pas évident émotionnellement parlant.

Des gens mal intentionnés ont créé des comptes en usurpant mon identité pour vendre des cryptomonnaies ainsi que d’autres produits pas très éthiques.

Une sobriété digitale qui aurait pu te porter préjudice d’ailleurs ?En effet, car des gens mal intentionnés ont créé des comptes en usurpant mon identité pour vendre des cryptomonnaies ainsi que d’autres produits pas très éthiques. J’ai pris peur et j’ai donc engagé un avocat pour faire fermer tous ces faux comptes. Cela a été l’un des seuls côtés désagréables de ma nouvelle notoriété. Ça, et le fait que j’ai failli arriver en retard au stade de Saint-Pétersbourg lors du quart de finale contre l’Espagne. Tout le monde voulait m’interviewer ou prendre un selfie avec moi.

Et quels ont donc été les bons côtés ?Tout d’abord, j’ai reçu plein de messages sympathiques me disant que j’avais représenté fièrement la Suisse, et surtout que mes réactions symbolisaient bien celles du pays pendant cette rencontre. Certaines personnes ont également fait état de ma ressemblance éventuelle avec le YouTubeur Cyprien, et dans une story, il avait demandé à ses followers s’il devait me rencontrer. Il y a eu 90% de oui, mais là, j’attends toujours. (Rires.)

Qu’est-ce que tu attends de ce buzz ?Je sais très bien que le soufflé va retomber, mais je voudrais capitaliser dessus. J’ai plusieurs projets. Le premier, je désirerais vendre des T-shirts commémorant ce match historique et donner l’argent récolté à une association qui promeut le sport et la jeunesse en Suisse. Enfin, j’aimerais mettre sur pied un site internet sur lequel je raconte ma vie de supporter et mes multiples voyages à travers l’Europe pour encourager la Nati.

Je suis reconnu pour ma passion, être un authentique fan qui vient au stade pour supporter son équipe et non pour faire des stories Instagram.

Le côté « bête de foire » ne te dérange pas ?Non, je le vis plutôt bien, car il y a eu très peu de côtés négatifs liés à ce buzz. Je le vois même comme quelque chose de positif, puisque je suis reconnu pour ma passion, être un authentique fan qui vient au stade pour supporter son équipe et non pour faire des stories Instagram. Ensuite, et même si ce n’est absolument pas ma personnalité, je dois avouer que j’ai vite appris à me positionner devant une caméra ou comment répondre à une interview. (Rires.) De toute façon, je ne pouvais pas arrêter la machine.

Et que vont devenir tes différents profils sur les réseaux sociaux ?Je vais continuer à les entretenir. J’ai 4000 abonnés sur Twitter, 20 000 sur Instagram, ce qui est assez conséquent. Alors si je peux les utiliser de manière positive et qu’ils m’aident à vivre de ma passion, ce serait dommage d’y renoncer.

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