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On a retrouvé Johnny Ecker

Propos recueillis par Florian Dacheux
5 minutes
On a retrouvé Johnny Ecker

Chaque mercredi, c'est sur les coups de 13h que Johnny Ecker, 42 ans, rejoint le complexe sportif du quartier de La Moulinelle à Beaucaire (Gard). Depuis six ans, l'ancien joueur du LOSC et de l'OM est éducateur auprès des jeunes. Formation, mairie FN, Bielsa, le Vélodrome... Entretien avec celui qui a mangé du Parmesan un soir d'août 2001.

Comment vous êtes-vous lancé dans la formation des jeunes ?

Quand j’ai arrêté de jouer au football, mon fils a pris sa première licence et j’ai voulu le former moi. Je me suis mis à passer des diplômes et à passer du temps sur les terrains avec les enfants.

C’était important pour vous de revenir à Beaucaire ?

Oui, car j’ai débuté là. Je savais très bien que mon plan de carrière me disait que j’allais certainement revenir. C’était soit Nîmes où j’ai fait le centre de formation, soit Beaucaire, le club de mes débuts quand j’étais minot. Aujourd’hui, je vis à Beaucaire, je me consacre à la formation et je suis heureux comme ça.

En quoi consiste l’éducation des jeunes par le foot ?

C’est différent du monde professionnel. Mais on reste sur la même longueur d’ondes, car ça reste du foot. C’est la passion. Chez les enfants, il y a une psychologie différente. Il y a bien sûr le fait d’apprendre à jouer au ballon, mais aussi tout plein de choses à côté. Le respect, de soi, de ses copains, de l’adversaire, du terrain, de l’arbitre. Je tiens à cela, que l’on ait une bonne image des garçons de mon club. On se prend au jeu, on apprend beaucoup, comme simplifier les exercices. Quand ils débutent, ils ont 6-7 ans. Il faut prendre sur soi, prendre le temps, démontrer, et faire des exercices adaptés pour les enfants.

La saison dernière a été particulièrement difficile en interne. Que s’est-il passé exactement ?

Une nouvelle équipe dirigeante est arrivée. Le président démissionnait du Stade beaucairois. Je ne me suis pas entendu avec la nouvelle équipe. Je n’ai pas senti qu’ils voulaient travailler avec moi. Soit je m’arrêtais, soit j’allais ailleurs. Mais en tant que Beaucairois, j’ai créé mon club, l’Espoir FC Beaucairois et j’en suis très fier. Je n’ai pas créé mon club pour tuer le Stade beaucairois ou pour partir dans deux ans. Il y a assez d’enfants pour faire vivre deux clubs dans cette ville. Je voulais travailler chez moi à Beaucaire. Pourtant, je ne pensais pas avoir les atouts et le matériel pour pouvoir continuer. On est parti de zéro. Pas un ballon, pas un maillot, rien du tout, avec une équipe dirigeante essentiellement bénévole avec moi. On est allé voir la municipalité. Du moment que j’avais les terrains, le reste n’était pas important. Le club s’est bouclé en dix jours, même si tout n’est pas encore réglé.

La mairie de Beaucaire est passée Front national. Est-ce une des causes de ce grand bazar ?

Cela a été compliqué au départ, car les subventions ont été coupées de moitié. Les soucis sont arrivés à partir de là. Aujourd’hui, le FN ne m’empêche pas de travailler, car de toute façon, j’ai zéro subvention. On verra ça l’année prochaine, car je compte en avoir. C’est difficile de trouver des sponsors. Mais mon projet sportif plaît.

Ne vous servez-vous pas de votre réseau ?

Oui, bien sûr, je me sers de mon réseau d’amis. De mon nom, pour la première fois de ma vie. On a des sponsors qui savent où l’on va. Il n’y a pas de seniors, c’est une sorte d’école de foot jusqu’aux 17 ans. J’ai refusé plus de 40 jeunes et je vais dépasser les 120 licenciés pour notre première saison. Nous avons également signé un partenariat avec le Montpellier Hérault. C’est dans la continuité. En deux ans, on a fait signer six garçons à Montpellier.

Quel est votre regard sur la Ligue 1 et le monde du football en général ?

Je suis toujours passionné. Le championnat de France est beaucoup moins relevé que les autres. Avec notre DNCG, on ne peut pas faire n’importe quoi. Le niveau professionnel est ouvert à de plus en plus de monde, avec la L2 et une partie du National. Nos meilleurs joueurs partent, donc ça donne la possibilité aux jeunes de s’exprimer. C’est bien d’avoir Paris et Monaco qui, avec l’argent, peuvent amener de grands noms dans notre championnat. J’estime que si je joue un match, c’est pour le gagner. Maintenant, on va à l’extérieur, on fait 0-0 et on est contents. Moi, ce n’est pas ma philosophie. Notre foot n’est pas assez audacieux. Je n’ai pas la science exacte, mais mon foot, je le vois offensif.

Qu’avez-vous pensé du départ soudain de Bielsa ?

L’affaire Bielsa a fait du mal. Je ne cautionne pas. Il a laissé tomber tout le monde en claquant des doigts. L’OM reste l’OM. Il y a toujours des problèmes, c’est ce qui fait le charme de ce club. Il faut être très très fort dans sa tête pour pouvoir réussir à l’OM. Qu’on les laisse travailler, j’ai toute confiance en l’OM. Il y a pas mal de joueurs arrivés sur la fin du mercato, il faut que ça prenne.

Quelle est votre réaction suite aux incidents survenus au Vélodrome lors du match face au Lyon de Valbuena ?

Autant je peux être choqué par des bouteilles en verre jetées sur un stade de foot. Autant l’ambiance, pour certains qui pensent que c’était très dur, allez voir des matchs en Grèce ou en Turquie, vous verrez, c’est autre chose. Je n’ai pas été étonné par l’ambiance, certains étaient trop focalisés sur Valbuena. Mais si, par le passé, l’OM a pu gagner des matchs, c’est bien grâce à de très grosses ambiances. Quand on vient au Vélodrome, il faut que les adversaires sachent que ce sera difficile.

Quels sont vos plus beaux souvenirs en tant que joueur ?

Ma carrière a été exceptionnelle et restera à jamais gravée dans ma tête. Il y a des points forts. Mon premier match en Ligue des champions avec Lille et mon but à Parme, ma finale de Coupe UEFA avec l’OM, ma finale de Coupe de France avec Nîmes, le public du Vélodrome. J’ai joué dans des stades avec une ambiance monstrueuse.

Johnny Ecker demain, c’est quoi ?

Transmettre la passion du foot. Tant que je peux amener le sourire à l’enfant en lui apprenant à jouer au foot, je signe tout de suite. Je vis au jour le jour. Je ne sais pas ce que je ferai demain.
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