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On a regardé la finale avec des fans mexicains du Bayern

par Thomas Goubin
On a regardé la finale avec des fans mexicains du Bayern

Au Mexique, à Guadalajara, se trouve le siège du plus grand fan-club du Bayern Munich en dehors d'Allemagne. On a passé la finale avec certains de ses membres. Corona à la main, pour mieux supporter les plus de trente degrés à l'ombre.

Robben dispose de détracteurs jusque à Guadalajara, deuxième ville du Mexique. « Franchement, on aurait dû le vendre dès le lendemain de la finale de l’an dernier, il ne joue que pour lui, c’est le FC Robben » s’agace Cristofer Ulloa. Ce comptable de 25 ans fait partie de la petite trentaine de fans du Bayern réunie dans un bar de la deuxième ville du pays d’El Chicharito pour vivre la finale de Ligue des champions. Ils sont tous membres du fan club mexicain du désormais quintuple lauréat de la C1. Dans un pays qui ne jure que par la Liga et la Premier League, ils en pincent pour « Bastian » ou « Muller » . « Franchement quand mes potes ont su que j’étais fans du Bayern ils se foutaient de moi, confie Alejandro Cordero, ingénieur de 30 ans, il faut lutter pour que les gens comprennent ».

D’ailleurs, comment devient-on fan du Bayern au Mexique ? Souvent, la passion trouve sa source dans un coup de foudre pour la sélection allemande lors d’un Mondial, le Bayern constituant généralement la base de la Mannschaft. La figure d’Oliver Kahn a également provoqué quelques conversions, comme les succès récents du club. Il peut aussi exister un attrait pour la culture allemande dans son acception la plus généreuse : « l’ordre », « le perfectionnisme » détaille Noemi Sevilla, jeune femme de 30 ans, maillot officiel du Bayern sur ses épaules. Chevelu de 28 ans, et technicien en télécommunications, Javier Olmedo en pince, lui, pour le metal allemand, mais aussi pour la pensée de Friedrich Nietzsche. Il est accompagné de son père, qui lui a conté des merveilles de Beckenbauer, Maier, ou de Der Bomber, et arbore une coupe de cheveux que n’aurait pas renié Tomas Hassler. Soixantième minute, pénalty pour Dortmund. « Portero, portero » supplient les fans mexicains du Bayern. Traduire : « gardien, gardien » . Quand Robben manque une nouvelle opportunité, un fan demande le changement, geste à l’appui, en fixant l’écran télé.

A Guadalajara, le fan-club du Bayern Munich dispose de bureaux, situés dans un quartier aisé. Faciles à repérer : le logo du club est peint sur sa devanture, et une camionnette aux couleurs du Bayern y stationne. Elle ressemble à un véhicule officiel du club, visages exaltés de Ribéry, Robben, ou Muller peints sur sa carrosserie. Du travail de pro. Le fan-club a été créé fin 2010 par Gerald Fielder, un Bavarois de 38 ans, arrivé à Guadalajara en 2009. Début 2013, ce directeur régional d’une entreprise de logistique ouvre les bureaux du fan-club, soutenu par la maison mère. « Le Bayern nous donne son appui moral et juridique (pour utilisation du logo, notamment), mais pas de financement » explique Fielder. Fan du Bayern par héritage, le président s’est trouvé à deux doigts de réaliser une carrière pro, au poste de gardien, mais des ligaments du genou trop sensibles en ont décidé autrement. De ce passé de promesse, Fielder a gardé des relations, notamment avec Marcus Höfl, aujourd’hui manager du Kaiser, Franz Beckenbauer, et de la skieuse, Maria Riesch, sa femme. Polo du Bayern impeccablement repassé, profil de CSP+, le président du fan-club n’a rien d’un grand enfant, type Clément d’Antibes. Il voit loin, et finance généreusement de sa poche. Il s’enorgueillit déjà de diriger le plus important fan-club du Bayern une fois franchi les frontières allemandes. 3300 membres. Il compte également créé une association civile pour réaliser des oeuvres caritatives.

La plupart des membres du fan-club ont adhéré via Facebook. Pour d’autres, la méthode fut plus artisanale. Oswaldo Gomez, mexicain au physique imposant, officiait ainsi comme vendeur dans une animalerie quand il a rencontré Gerald Fielder. « Gerald cherchait un chien et il m’a parlé de l’histoire du club, on a sympathisé, et j’ai fini par adhérer au fan-club car j’adore leur style de jeu, le tiki-taka ce n’est pas pour moi. » « Le Bayern est toujours sérieux, c’est la force du collectif » considère, pour sa part, Diego Ramirez, étudiant en électronique. Quatre-vingt neuvième minute : hurlement dans l’assistance. Les « Bayern, Bayern » retentissent. Oswaldo Gomez lance des « Arjen » et la petite foule lui répond « Robben. » Des drapeaux flottent, des écharpes du Bayern sont brandies. Deux ou trois polyglottes se mettent à chanter en Allemand. Il est à peine 16h à Guadalajara, où Arjen Robben vient de faire hurler de bonheur ses détracteurs.

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