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On a maté Arsenal-Southampton avec les 2 Many Dj’s
Samedi soir, dans les couloirs de l'Emirates Stadium, Olivier Giroud a reçu le prix d'homme du match des mains du binôme électro belge des 2 Many Dj's. So Foot était à leurs côtés et vous narre les coulisses d'une après-midi marquée par la bourde d'Artur Boruc et la présence de Thierry Henry. Mais pas que. La preuve.
« On a joué jusqu’à 2 heures du matin dans un club à Vienne. À 5h, mon réveil sonnait pour prendre mon avion programmé à 7h et avoir le temps de repasser par les studios avant de venir à l’Emirates. Ce soir, on donne un concert à Glasgow. On doit jouer vers 1h du matin. Et demain, on part à Tokyo… » Dans le planning fast life des 2 Many Dj’s, Arsenal-Southampton est tout heureux d’avoir réussi à se faire une petite place. Il faut dire que le duo de DJ a le privilège de remettre le trophée du Carlsberg Man of the Match. Ambassadeurs de la marque de bière danoise, David et Stephen Dewaele sont venus en voisins. Si, à en croire leur manager, ils n’ont pas vraiment de chez eux, les deux frères ont un pied-à-terre à Shoreditch dans l’East End. Un quartier quelque part entre Williamsburg et la rue des Martyrs, situé à quatre stations de métro et un changement de ligne de l’Emirates Stadium. Pas vraiment un hasard, si l’on se fie au pedigree footballistique de Stephen, l’aîné, barbe rousse, tempes grisonnantes et trench vert bouteille : « La première fois que je suis allé voir Arsenal, c’était il y a 12 ans. C’est Erol Alkan qui m’y a emmené. Son père tenait un kebab face à Highbury. Depuis, je suis fan d’Arsenal. » Au point d’avoir ses deux places attitrées à chaque match. Un abonnement offert par son cadet David pour son anniversaire en 2006, l’année où Arsenal a emménagé dans son nouveau stade.
Gay Gooners
Dans le tunnel menant à la pelouse, à trente et quelques minutes du coup d’envoi, Arsène ne porte ni doudoune ni sourire. Le coach français a le regard de celui à qui tu ne vas pas demander s’il a l’heure. Le coach est concentré. Ou alors est-il échaudé par le léger contretemps. Sur la pelouse pour s’échauffer, ses gardiens de but Fabianski et Szczęsny ont été rappelés aux vestiaires. Il y a des problèmes sur la Piccadilly Line : « Due to engineering work, there are severe delays… » Les supporters ne pouvant être à l’heure au stade, le match est repoussé de 15 minutes. #culturefoot. Si les rangées sont très clairement parsemées, il y a embouteillage de banderoles sur le devant des différentes rambardes de la tribune haute. Le groupe des supporters chinois a la sienne, les Bulgares et les Maltais aussi. Il y en a même une aux couleurs de l’arc-en-ciel. C’est celle des Gay Gooners. Créé en 2013, cette association compte un peu plus de 90 membres. Le site officiel du club apprend même qu’elle a défilé avec les couleurs d’Arsenal lors de la dernière Gay Pride. Une première pour un club de Premier League. Plus bas, juste derrière le banc d’Arsène et de ses joueurs, cinq supporters français – dont un avec le maillot du PSG – font le pied de grue. Drapeau bleu-blanc-rouge avec l’inscription « Merci les Bleus » fièrement déployé, ils veulent remercier Koscielny, Sagna et Giroud. Les voilà qui entrent justement sur la pelouse « 90% d’herbe et 10% de synthétique dernière génération » , dixit un membre du staff d’Arsenal. Un billard mouillé dans la matinée du match. Juste ce qu’il faut pour faire parler la technicité des plus trop bébés Gunners. Le dernier à faire son apparition sur la pelouse, bien après les autres, c’est Niklas Bendtner. Bonnet sur la tête et cernes de celui qui ne boit pas que des Perrier rondelles le soir, le Danois va chiper un ballon à Southampton pour faire des passes avec un autre remplaçant, Thomas Vermaelen. Un Belge bien connu de Stephen : « Une fois, il m’a emmené à une soirée de joueurs de foot. J’étais comme un petit enfant. »
Block 122. Row 13. Seat 866. Même en virage, tout en haut, le siège est molletonné à l’Emirates. Super pour assister à un spectacle, moins pour y participer visiblement. La centaine de supporters de Southampton n’a aucun mal à faire de l’Emirates son jouet. Oh when the Saints Go Marching In donne des ailes aux joueurs de Southampton. Trop peut-être. Sauvé deux fois par ses poteaux juste avant, Artur Boruc se croit invincible et tente une feinte sur Olivier Giroud. Une deuxième, puis une troisième. Sept touches de balle plus tard, l’international français gratte le ballon et n’a plus qu’à la mettre au fond des filets. Les 60 000 supporters gunners peuvent enfin donner de la voix avec leur désormais classique « Na na na nananana nananana Giroud » sur un air de Hey Jude. Si Stephen jubile, David, lui le cadet tout vêtu de beige, veste en velours et cravate en tweed, compatit avec le portier des Saints. Surtout quand ses défenseurs osent lui refaire des passes au pied et que la clameur se fait moqueuse dans les travées. Pourtant, l’ambiance retombe aussi vite qu’une chute de blague Carambar. Malgré l’avance au tableau d’affichage, personne ne chante. Parfait cependant pour entamer une discussion avec son voisin et apprendre que les 2 Many Dj’s sont en train de monter une équipe de foot à 7 à Londres : « On a déjà 5 Brésiliens, mais c’est pas moi qui gère car je pourrais pas être là très souvent. » Que les Diables rouges sont comme nos Bleus : « La Belgique est meilleure quand ils sont outsiders. Là, on nous attend trop pour cette Coupe du monde. On a une bonne équipe, mais un banc pas fou-fou. Le vrai objectif, c’est l’Euro 2016 en France. En plus il pourra y avoir un vrai soutien du public. » Que Kompany est également capitaine en soirée : « Un garçon posé, très intelligent. C’est le type quand il est dans une soirée, il pense déjà au lendemain. » Pénalty pour Giroud. Les ados placés derrière les buts et payés pour agiter deux drapeaux géants avec le logo des Canonniers vont pouvoir se réchauffer. 2-0. L’affaire est réglée. Arsenal est sûr de garder la tête de la Premier League. Les fans peuvent se tirer avant le coup de sifflet pour éviter les bouchons. Ils ne reprendront pas un petit coup de Beatles pour le mini-tour de terrain de Giroud après le coup de sifflet.
Magnum de bière et Thierry Henry
Dans le tunnel menant au terrain, ça s’active. Les membres du staff de Southampton enchaînent les allers et retours en poussant d’imposants flycases. Les mêmes que ceux utilisés par les ingés son lors des tournées. La personne d’Arsenal chargée d’emmener les 2 Many Dj’s remettre à Olivier Giroud le trophée en forme de tireuse et le magnum de Carlsberg pour le récompenser d’avoir été élu homme du match n’a jamais vu un adversaire aussi bien outillé. Et que dire de l’impressionnant bus noir chromé des hommes de Mauricio Pochettino garé juste devant l’entrée, « presque deux fois plus gros » que celui du club londonien. Comme quoi. Pendant que le seul Japonais de Southampton se fait interviewer par les cinq journalistes nippons spécialement dépêchés pour lui, Theo Walcott signe quelques autographes aux happy few autorisés à patienter dans l’entrée réservée aux joueurs. Un petit attroupement se crée. Thierry Henry vient de faire son apparition. Sweat à capuche noir, il prend un enfant avant de le lâcher pour parler à Olivier Giroud. Il a un truc à lui demander. L’ancien Montpelliérain lui explique qu’il n’a le droit qu’à « deux places maximum » et lui propose de le « rappeler demain (dimanche, ndlr) » pour régler ça. Sollicité de toutes parts, Giroud, poli, fait ce que l’attaché de presse du club lui demande, mais son visage ne dit qu’une chose : pourvu que ça se termine. Il ne prête guère attention à l’identité de ceux qui lui remettent le trophée. Une fois expédiée la séance shooting, il confie la bouteille au photographe du club : « Tu me la rendras demain, je compte bien la boire. » Les « Two Many » aussi doivent faire vite. Ils ont un avion pour l’Écosse à prendre. En guise d’adieu, Stephen adresse une prophétie : « Giroud va marquer contre la Belgique à la Coupe du monde, je te le dis. » En attendant, le Français a un magnum de bière à boire.
Par Maxime Marchon, à Londres