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On a fêté la première Copa América de l’histoire du Chili

Par Arthur Jeanne à Santiago, avec Alonso Escobar et Sergio Molina
On a fêté la première Copa América de l’histoire du Chili

Nuit de folie à Santiago. Après un siècle de disette, le pays a enfin remporté la Copa América. Un motif de fierté énorme, après tant de triomphes moraux. Et l'occasion de descendre dans la rue, pour crier sa joie et s'enivrer.

20h45, sortie du stade, voilà presque une heure que Claudio Bravo a soulevé le trophée. Sur la route entre l’Estadio Nacional et la station de métro Nuble, située à une vingtaine de minutes à pied, ça klaxonne dans tous les sens. Au milieu des vendeurs de completos italianos, ces hot dogs avec avocat, tomate et mayo (la sainte trinité de la street food chilienne) et des chiens errants, les Santiaguinos hurlent leur fierté, drapeau au vent ou sur les épaules. Certains sont maquillés aux couleurs du pays, d’autres portent un masque à l’effigie d’Arturo Vidal.

Chansons et feux d’artifice

Les tambours, interdits dans le stade, sont bien présents en dehors, et des fanfares ambulantes jouent au milieu du trafic. La foule suit le rythme et entonne une petite chanson, pour les Argentins, qui deviendra l’hymne de la soirée : « Argentino, argentino, que amargado se te ve, Messi no tiene los huevos, que tiene Gary Medel » ( « Argentin, ça te met en rage, car Messi n’a pas les couilles qu’a Gary Medel » en VF). Évidemment, on n’échappe pas non plus à l’entêtant et systématique, « Chi-chi-chi le-le-le » . Quand tout ce beau monde se retrouve a l’entrée du métro, c’est bien sûr le bordel, mais tout le monde s’en accommode avec joie. Ce samedi soir, rien ne peut miner le bonheur du Chili. En tout cas, pas le fait de s’entasser dans un wagon, où tout le monde saute à l’unisson en chantant « el que no salta es argentino maricon » ( « celui qui ne saute pas est un homosexuel argentin » ) pour tester les suspensions. D’autres optent pour un plus sobre « Chile campeon » en utilisant les vitres et le toit du train comme des percussions.

Mais le cœur de la fête bat à Plaza Italia, le traditionnel point de rassemblement de Santiago en cas de victoire. Tout le monde converge vers cet endroit, maillot Reebok de 98 frappé du 9 de Zamorano et du 11 de Salas dans le meilleur des cas, maillot Brooks mal taillé de 2010 parfois. Jeunes, vieux, couples, familles, tout le monde chante, canette de bière ou piscola à la main. Certains arrivent en métro, d’autres à pied, certains enfin dans des pick-up surchargés. Tous hurlent leur fierté d’être chiliens et d’avoir enfin remporter un trophée. Il faut dire que le Chili était jusqu’alors le seul pays d’Amérique du Sud à ne pas avoir gagné la Copa América avec l’Équateur et le Venezuela. Les hommes de Sampaoli y ont remédié, et pour fêter ça, des dizaines de milliers de personnes chantent en chœur. Les plus téméraires se mettent même à escalader la statue équestre du général Baquedano
La place est noire de monde, les avenues adjacentes aussi, l’ambiance est bon enfant. On craque pas mal de fumis quand, au même moment, dans tous les quartiers de Santiago, des artificiers amateurs allument des feux multicolores.

Medel demande un jour férié

Les joueurs, eux, sont en route vers le palais de la Moneda. Chaleureusement accueillis par Michelle Bachelet qui claque les bises et les abrazos par dizaine, les joueurs en oublient le protocole. Dans l’euphorie de l’instant, en short et avec leurs sac à dos, ils sautent à l’unisson avec la presidenta en chantant encore une fois « Chile campeon » . Comme pour marteler au pays jamais vainqueur qu’ils y sont arrivés. Le protocole a peu d’importance, Pinilla et Valdivia envoient des textos, les hommes sont détendus face à leur chef d’État. Puis les ouailles de Sampaoli, qui a préféré fêter la victoire chez lui, entonnent dans le salon de réception de la Moneda la chanson pour Gary Medel en honneur au Pitbull. Ce dernier, sans doute en confiance, demande à la présidente un jour férié en l’honneur de la victoire. Toute l’équipe reprend en déconnant « Feriado » .

La présidente ne s’en formalise pas, affaiblie par de nombreux scandales, elle a repris 5% de popularité dans les sondages, sans doute grâce à ses selfies dans les vestiaires. Nul doute que sa participation décontractée à l’euphorie nationale lui permettra de grapiller quelques points de plus. Les joueurs, eux, s’en fichent, trop heureux de crier leur joie depuis les balcons du palais présidentiel, et de venir célébrer sur le parvis, avec les milliers d’hinchas présents devant la Moneda. Gary Medel, encore lui, joue les chauffeurs de salle. Après avoir ambiancé l’assistance d’un génial « El que no salta es uruguayo » , le natif de Conchali entonne l’hymne national avec ses partenaires en demandant l’aide du public. Émotions fortes. Ensuite, les joueurs fileront vers Pinto Duran, leur centre d’entraînement, où d’autres hinchas les attendent encore pour les fêter.

Fin du bal à 3 heures du mat

La fête, elle, commence à décliner à Plaza Italia. Il est minuit passé, et les supporters quittent l’endroit. Tout le monde sait que c’est le moment où il faut partir, le dernier moment de calme avant la tempête. Ceux qui restent sont ceux qui ont abusé du pisco lors de l’asado, débuté 8 heures auparavant, ceux qui, grisés par l’alcool, gueulent encore leur fierté d’être sur le toit de l’Amérique, mais aussi ceux qui sont venus profiter de l’ivresse nationale pour tirer quelques smartphones. Désormais, ceux qui sont encore là piétinent du verre pillé. Les droites volent par-ci par-là, les bouteilles en verre aussi. Des encapuchados (encapuchés) pètent les feux de circulation et les abris de bus, tentent aussi de saccager quelques boutiques. Il est tant d’aller à Bellavista, le quartier de la fête à Santiago. Tout un chacun fait la queue devant les bars et les discothèques bondées pour poursuivre la fête. La rue est pleine. Certains locaux de Pio Nono, l’artère principale du quartier, ont craint des débordements et fermé boutique. Les botillerias (sorte d’épicerie), elles, sont pleines à craquer. Il faut compter 20 minutes de queue pour acheter une bière, si le précieux breuvage n’est pas en rupture de stock.

L’atmosphère est joyeuse, festive, malgré quelques coups de sang dus au taux d’alcoolémie ambiant. Oui, mais voilà : la police préfère prévenir que guérir, et décide d’envoyer des robocops en kaki disperser les participants. Et au Chili, la maréchaussée ne s’emmerde pas avec les convenances. Comme lors des manifestations étudiantes, des camions balançant de l’eau et du gaz lacrimogène prennent le relais. Les premiers, surnommés Guanaco (une sorte de lama), dispersent les fêtards en crachant de l’eau. Les seconds, surnommés Zorrillos (Mouffettes), font fuir les plus téméraires en diffusant du gaz lacrymogène depuis leurs écoutilles. La rue Constitucion a les yeux qui pleurent, quelques touristes éberlués, qui buvaient un dernier verre en terrasse, ne semblent pas comprendre ce qui vient de se passer. Il est 3 heures du matin, pas encore l’heure de se coucher, mais celle de refaire le match, de savourer la victoire dans un endroit plus tranquille. Par exemple sur un banc, une bouteille de vin en carton en main, dans un parc de Nunoa.

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